Avec sa boutique B.A.S.I.C., elle réalise le rêve de proposer une offre cosmétique naturelle et de mettre en valeur la parfumerie indépendante. Un cercle vertueux de passion authentique et de responsabilité concernée.
Au départ, il y a eu la musique. Les premières applications de Marie Hauguenois ont été à l’apprentissage de la flûte traversière, au Conservatoire de Reims, pendant 14 ans. « La musique a été le premier fil conducteur de mon enfance. Ça m’a appris la rigueur mais aussi l’autonomie, car j’étais la seule musicienne de ma famille », confie-t-elle. Brillante et débrouillarde, Marie Hauguenois a eu un par- cours scolaire facile et a vite saisi d’autres passions que la musique : l’art, la mode, le parfum. « Je subtilisais les magazines féminins de ma mère. Je découpais et classais toutes les publicités de parfum, que je trouvais très esthétiques. Je reproduisais aussi, en dessin, les robes de haute-couture. Ça me faisait rêver ! ».
Pourtant, contre toute attente, elle prend une orientation économique au lycée. Cet écart sera de courte durée : elle retourne vite à ses amours dans une filière littéraire, option histoire de la musique et technique, au lycée Clémenceau. « Le Français et la littérature sont très esthétiques à leur façon. J’adore la poésie. Eluard et Debussy ont bercé mes années lycées… », se souvient-elle. Mais pour autant, quel métier faire, avec ce bagage-là?
LA RUPTURE
La musique et la littérature ont été empreints d’une soudaine pression : après les avoir étudiés, il va falloir travailler, trouver un métier. « L’orchestre et le professorat sont devenus les voies obligatoires.
Des diplômes, des examens, à obtenir à tout prix… », regrette Marie Hauguenois. « J’ai refusé d’entrer dans ce stress : je ne voulais pas que la pression tue le plaisir et la passion ». La parfumerie est alors revenue sur le devant de sa scène : le métier recherché s’y trouve certainement. « J’ai fréquenté le monde de la mode, en faisant des photos comme modèle, pour payer mes études. J’ai vite compris que je ne pouvais pas envisager ce métier. J’ai effectué plusieurs stages en parfumerie. Et là, le champ des possibles s’est ouvert ». Marie Hauguenois part alors à Dijon : elle a 18 ans, ses sens de la débrouille et de l’autonomie vont la servir pendant trois ans d’étude en alternance en management et négociation. Elle y apprend tout ce qu’elle veut apprendre, au gré de ses passages dans un magasin de prêt-à-porter de luxe, dans une parfumerie et chez Decathlon : le conseil client, la grande distribution, la gestion d’équipe, la vente, la direction.
LA CONSÉCRATION
« Ma voie était trouvée : outre la parfumerie, je voulais transmettre ma passion aux autres, les faire monter en compétences, bâtir des socles d’envies communes, améliorer des performances », s’enthousiasme-t-elle.
Poussée dans une spirale ascensionnelle, elle quitte Dijon pour Chamonix, juste le temps de deux saisons en tant que responsable dans un magasin de vêtements. Elle s’installe ensuite à Annecy où elle obtient la place de directrice adjointe d’un magasin Sephora. « C’était le poste idéal. J’étais dans la parfumerie, au sein du groupe LVMH, dans le management, la grande distribution, le luxe. Je touchais dans le mille ma cible professionnelle de base ! », reconnaît Marie Hauguenois. Elle était alors à la tête d’une équipe de 45 personnes, dont 22 animatrices. Pourtant, en juin 2016, la naissance de son fils va être un nouvel élément déclencheur. Un appel vers la liberté, un affranchissement d’une politique commerciale très forte et d’une ligne de conduite très stricte. « Après trois ans, j’avais déjà l’impression de ne plus avoir autant de marge de manœuvres. Le business à grande échelle est parfois plein de contradictions : on nous demande d’offrir du conseil personnalisé, tout en l’orientant vers les grands partenaires, par exemple », regrette-t-elle. Entre temps, sa maternité l’a aussi résolument tournée vers d’autres choix cosmétiques, plus naturels, moins industriels. Elle recommence alors à imaginer la boutique de ses rêves.
L’ABOUTISSEMENT
« Je me suis rendue compte à quel point les problématiques sanitaires de notre génération étaient multiples. L’alimentation, la pollution, les perturbateurs endocriniens, je sais bien qu’il y a plusieurs facteurs à ces récents soucis de santé. J’ai voulu agir à mon échelle en créant ma propre boutique », explique-t- elle. Elle profite alors d’une opportunité – son ami est muté à Reims – et entreprend avec plaisir de retrouver sa ville natale pour en faire le berceau de son projet : « B.A.S.I.C. s’est créé autour de mes convictions et de ma passion pour les beaux produits. Je voulais mettre en valeur des gammes naturelles et bio, pour les hommes, les femmes et les enfants, mais aussi faire connaître la parfumerie indépendante et originale, dans des ordres de prix raisonnables ».
Elle s’installe donc dans le centre de Reims et partage les locaux d’Agathe, coiffeuse. Les marques qu’elle vend, comme par exemple L.A. Bucket ou Absolution, sont toutes produites en France ou limitrophes, le packaging et les encres sont issus du recyclage. Elles représentent aussi des entreprises indépendantes qui ont beaucoup misé sur la recherche et la cosmétique alternative, à l’instar des parfumeurs, en marge du catalogue mainstream de la grande distribution et qui sont dirigés par des authentiques nez.
Plus qu’un parfum, Marie Hauguenois propose à ses clients de trouver leur odeur : elle leur fait vivre une expérience sensorielle et introspective avec des questions ciblées leur permettant de dévoiler avec justesse une personnalité et une intimité olfactive. Un conseil unique construit sur l’écoute active afin de trouver, parmi ses flacons, le parfum le plus naturellement prédestiné au client. « Mon magasin est empreint de complicité et de partage. Ça va bien au-delà de la vente », reconnaît-elle.
La boutique fête ses deux ans en septembre et s’offre, pour l’occasion, un petit déménagement. Et comme le partage ne se désolidarise jamais des projet de Marie, elle va s’installer, cette fois, avec Josepha, créatrice de robes de mariées. « L’aventure continue ! Elle n’est pas toujours simple, mais elle est grisante », s’enthousiasme-t-elle. Le mérite, la passion, la détermination, l’audace : voilà les effluves que Marie laisse derrière elle, où qu’elle aille.
