L’ESS, la solution d’avenir ?

À l’occasion de l’ouverture de la 13e édition du Mois de l’économie sociale et solidaire, « La République de l’ESS » a été officiellement lancée. Durant cette période, les acteurs confirment les atouts de cette autre économie. 

Alors que la crise sanitaire ébranle de nombreux champs d’activité, le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS) a une carte à jouer dans le paysage économique de demain. C’est ce que se sont employés à démontrer les acteurs locaux réunis à Toulouse le 4 novembre à l’occasion de l’ouverture de la 13e édition du Mois de l’ESS en région, sachant que celle-ci occupe en Occitanie un poids considérable. Elle est en effet la quatrième région de France en termes d’emplois dans ce secteur et la troisième en nombre d’établissements employeurs. De fait, l’ESS couvre 12 % de l’emploi en Occitanie contre 10,3 % au niveau national, soit 214 000 emplois salariés, et compte 23000 entreprises.
Si bon nombre de ces acteurs ont souffert de la crise du Covid-19, André Ducourneau, président de la Chambre régionale de l’ESS (Cress) Occitanie, reste toutefois confiant : « La pandémie a pesé sur l’emploi dans le secteur de l’ESS, en particulier dans les associations. Et c’est avec quelques craintes que nous abordons ce deuxième confinement. Cependant, les entreprises de l’ESS restent mobilisées durant cette crise. » En particulier sur le plan associatif, notamment dans les domaines de la santé, de la cohésion sociale et de l’accompagnement des plus fragiles. « Nous souhaitons proposer pour l’avenir un vrai projet politique pour l’ensemble de l’ESS qui participe grandement au développement économique des territoires ». 

L’ESS SOUTENUE PAR LA RÉGION

Reconnue par la loi du 31 juillet 2014, l’économie sociale et solidaire, qui regroupe un ensemble d’entreprises (associations, coopératives, mutuelles, fondations, sociétés commerciales), « a pour mission de répondre à trois défis majeurs : créer de l’emploi, redistribuer équitablement les richesses générées, et dynamiser les territoires urbains et ruraux, rappelle Marie Menier, conseillère régionale déléguée à l’ESS. C’est une économie des territoires portée par la création d’emplois, l’innovation sociale et les liens sociaux. 12 % de l’emploi régional, ce n’est pas rien, il faut le prendre en considération. La loi nous demande d’inclure l’ESS dans le schéma régional de développement économique, mais nous le faisions déjà depuis longtemps dans l’ex-région Languedoc-Roussillon. ».
Le premier plan régional de l’économie sociale et solidaire 2018-2021 a ainsi pour ambition d’accompagner les acteurs grâce à des dispositifs d’aides, mais aussi à travers la pépinière Realis et les incubateurs d’innovation sociale qui structurent le territoire.

De son côté, Patrick Pignard, vice-président en charge de l’Action sociale et de l’ESS au Conseil départemental de la Haute-Garonne, rappelle le travail de sensibilisation mené par le département, bien que son rôle soit désormais réduit. « Nous affirmons notre engagement en mettant en place un plan départemental et un plan de soutien à l’ESS et à l’innovation sociale, souligne-t-il. Nous aidons les porteurs de projets par de l’ingénierie et de l’accompagnement et nous menons une diversification des secteurs porteurs dans le département. L’ESS est nécessaire pour relocaliser les emplois, redynamiser nos territoires ruraux et périurbains ».

Alors que l’ESS représente 33 000 salariés sur son territoire, soit 8,3 % de l’emploi total, Toulouse Métropole mène une réflexion sur le sujet depuis longtemps. Elle a ainsi accompagné quelque 160 projets et consolidé un millier d’emplois à travers différents dispositifs dont la fabrique à initiative, un parcours qui aide les acteurs de l’ESS tout le long du cycle de vie de leur entreprise. À ce jour, 56 projets sont en cours, 80 emplois ont été générés dans 37 entreprises innovantes. « Je suis optimiste. De nombreux actifs cherchent à redonner du sens à leur vie. Il faut aider les jeunes à se lancer et les plus de 40 ans à amener leur compétence dans l’ESS. Et qui plus est, cette économie a une réelle capacité de rebond, car c’est une économie de terrain », affirme Nicole Miquel-Belaud, conseillère déléguée à l’ESS Toulouse Métropole. 

« LA RÉPUBLIQUE DE L’ESS »

Dans le cadre de cette 13e édition du Mois de l’ESS, les citoyens ne sont pas en reste. La plateforme « La République de l’ESS », qui leur donne la parole, vient d’être officialisée. Ce temps de co-construction « n’est pas juste une initiative nationale portée par les grands acteurs. C’est un outil au service des territoires, qui touche les citoyens engagés dans l’ESS », confirme Marthe Corpet, responsable des relations publiques à ESS France qui regroupe les Chambres régionales de l’ESS. Ce projet fait suite à la tribune publiée par Jérôme Saddier, président d’ESS France en mai dernier intitulée : « À tous celles et ceux qui font l’ESS pour que les jours d’après soit des jours heureux ». « Il faisait le constat que l’ESS regorge d’atouts pour répondre aux enjeux du monde d’après mais a encore du mal à exprimer sa vision », souligne-t-elle.

Cet espace collaboratif permet ainsi de faire remonter des contributions ainsi que des solutions, d’impliquer les citoyens à travers différents événements, et d’échanger sur plusieurs problématiques comme mobiliser, travailler, produire, consommer, etc. Ce projet, qui réunit pour l’heure 82 inscrits, a pour vocation de construire une nouvelle vision politique avec les citoyens engagés dans l’ESS et d’améliorer la compréhension de l’ESS dans le grand public et les pouvoirs publics. Afin de faire connaître cette « République de l’ESS », la Cress Occitanie organise six agoras sur l’ensemble du territoire tout au long du mois de novembre. L’objectif de ses grands rendez-vous est de faire émerger des solutions et des propositions d’actions concrètes sur des thématiques fortes comme la santé, l’alimentation, la transition écologique, l’inclusion sociale, l’engagement des jeunes, le développement rural… 

ET LA CRISE ?

Face à une relance encore timide, la représentante régionale, Marie Menier, a rappelé les différentes aides destinées aux entreprises dont le Fonds de solidarité qui profitent aux acteurs de l’ESS ainsi que le fonds « Solutions associations Occitanie » destiné à soutenir les associations. « Le rôle que joue l’ESS, à savoir le partage des richesses, la relocalisation de la production, la création d’emploi, est important. Il faut aujourd’hui la repenser. Cette économie apparaît en effet la plus à même de répondre aux besoins des territoires », avance-t-elle.

Depuis mars, l’enveloppe départementale du plan de soutien aux entreprises de l’ESS et aux associations s’élève, elle, à 2 M€.