L’ESAD, une école en expansion

ESAD

Les portes ouvertes de l’ESAD présenteront les enseignements, le matériel et les travaux des élèves.

L’École supérieur d’art et de design de Reims (ESAD) ouvre ses portes au public les 17 et 18 janvier, l’occasion de faire un point sur son activité, ses enseignements, ses débouchés.

Voilà deux ans que Raphaël Cuir a repris les rênes de l’ESAD, fort de son expérience de critique et d’historien de l’art. À son arrivée à la tête de l’école fondée en 1748, soit une des plus anciennes des 45 écoles d’art de France, son objectif a été double : « Accentuer la prise en compte du développement durable dans le processus de création, aussi bien dans les enseignements que dans les pratiques de l’école et intégrer les questions d’innovation sociale et d’accessibilité. »

En effet, le design d’aujourd’hui évolue avec son temps et les questions d’environnement, d’économie circulaire, d’impact écologique entrent beaucoup plus en ligne de compte dans la création que par le passé. « Les formes de design se renouvellent, il est aujourd’hui moins question de l’objet que de l’usage. On travaille par exemple sur le renouvellement des usages du chanvre, utilisé principalement dans le textile ou l’isolation. Nos étudiants ont réalisé un ouvrage, fruit de ces recherches. » Loin de l’image de l’artiste isolé dans sa tour d’ivoire, les étudiants sont ainsi poussés à être acteurs de la société. Et cela commence au sein même de l’école où ils sont associés dans les prises de décision du conseil d’administration.

Concernant les enseignements, un petit tour de l’établissement situé au début de la rue Libergier, sous l’œil de la cathédrale, permet d’appréhender toute la palette des domaines dispensés. Ici, les salles de cours côtoient la salle de découpage laser, celle de l’impression 3D ou encore celle destinée à travailler le métal. Tous ces ateliers sont chapeautés par des professionnels en exercice, qui expliquent aux étudiants comment travailler la matière, quelle qu’elle soit. Or, aujourd’hui, le bâtiment construit en 1964 devient trop exigu. « Si le bâtiment a été spécifiquement construit pour l’école, on manque aujourd’hui d’espace pour les ateliers, pour les cours mais aussi pour un véritable emplacement d’exposition », explique Raphaël Cuir.

UNE NOUVELLE ÉCOLE EN PROJET À PORT COLBERT

À l’heure actuelle, l’ESAD est divisée sur deux sites différents, le deuxième étant boulevard Franchet d’Ésperey. Il accueille 10 porteurs de projets dans un incubateur et pépinière d’artistes, en relais avec d’autres pépinières telles Innovact ou la Capsule. Pour autant, avoir deux sites pour une école reste compliqué en terme de gestion mais aussi financièrement. C’est pourquoi, une nouvelle école d’art et de design va voir le jour d’ici cinq ans maximum, sur le site du Port Colbert, dans le cadre de la redynamisation du quartier et la reconquête de friches industrielles. L’objectif est de définir les conditions de réalisation d’un quartier innovant, qui verra également s’installer des industries culturelles et créatives, mais aussi des activités économiques et résidentielles.

85% DES ÉLÈVES TROUVENT DES DÉBOUCHÉS DANS LEUR DOMAINE

Cette nouvelle école sera donc plus à même d’accueillir les 236 étudiants se répartissant du niveau post-bac au master ainsi que la cinquantaine d’intervenants professionnels.

L’ESAD s’articule autour de quatre options distinctes : l’art, le design graphique et numérique, le design de l’objet et de l’espace, le design culinaire. « Une école, c’est le cœur de la création, c’est un espace de liberté et d’épanouissement, où se créé une identité artistique. On s’y invente soi-même », relève celui qui, après avoir de nombreuses années été « dans la chose théorique », a voulu « passer à l’action, au concret ».

Avec un budget annuel de 3 millions d’euros, soutenu à 90 % par le Grand Reims, le reste par le ministère de la culture et les fonds propres (900 euros l’inscription en master) les débouchés offerts par la formation se veulent le plus locaux possible, grâce notamment à de nombreux partenariats menés tout au long de l’année avec des structures artistiques et culturelles. « On a commencé une collaboration avec la friche municipale La Fileuse ainsi que d’autres lieux porteurs d’opportunités. Nous participons également au dispositif initié par la Région Grand Est, Fluxus, dont le but est de faire émerger des projets entrepreneuriaux innovants dans les domaines culturels et artistiques. » À la sortie de l’école, 85% des élèves exercent dans leur domaine dans l’année qui suit l’obtention de leur diplôme, que cela soit dans le domaine de la direction ou de la régie artistique, chefs de projets ou même artistes créateurs.