Les vœux du Bâtonnier Raffin pour Reims, les avocats et la justice

Eric Raffin

Eric Raffin, Bâtonnier de Reims : “ La transparence n’est-elle pas synonyme de l’inexistence ? “

Si les trois messes d’Alfonse Daudet furent basses, les trois vœux du Bâtonnier Eric Raffin ont résonné à voix haute, avec humour à petite dose, fermeté et conviction à grande dose, surtout parce qu’il y était question de l’indépendance de la justice.

« Il faut croire qu’en France, on aime casser ce qui fonctionne », c’est, constatant les impacts de la réforme de la justice et ceux à venir du projet de loi de réforme des retraites, que le Maire de Reims, en prélude à leurs vœux, a salué les actions responsables des avocats de la Cour d’Appel. Si exprimer son soutien, eut été déplacé en période électorale, Arnaud Robinet a rappelé aux avocats que « la Ville de Reims a toujours su trouver en l’Ordre un partenaire constructif », rappelant à l’occasion le combat mené pour la défense du maintien de la Cour d’Appel.

Avant de conclure : « Quel que soit mon destin personnel dans quelques semaines, je forme le vœu que 2020 préserve les excellentes relations qui unissent votre profession à notre Cité et nous donne de nombreuses occasions de confirmer et d’approfondir ces relations de confiance, de respect et d’amitié ».

UN VŒU POUR REIMS

À la suite de Ludivine Braconnier, Présidente de l’Union des Jeunes Avocats et d’Adélaïde Kadiyogo, Vice-bâtonnier, le Bâtonnier Eric Raffin a souhaité exprimer trois vœux. Le premier pour la ville de Reims : « Ce vœu, je le forme pour vous tous en espérant une ville toujours plus pétillante, une ville toujours plus accueillante, une ville toujours plus penchée sur le sort des plus démunis, une ville moteur d’un rayonnement régional, ne serait-ce que par sa Cour d’appel en espérant que son ressort s’agrandisse, comme on l’entend dire, d’un département du sud de notre région ».

UN VŒU POUR LES AVOCATS

Un vœu pour les avocats : « Nous souffrons Monsieur le Maire, mesdames et messieurs les parlementaires. Nous souffrons de cet entêtement qui veut que l’on entasse des textes nouveaux bien souvent dépourvus de sens et qui n’ont parfois de sens que celui de servir des vanités politiques. Assez ! Que l’on cesse cet empilement qui nous tue ». Et le Bâtonnier d’insister : « Tout le temps que nous pourrions consacrer aux justiciables et à l’institution judiciaire, nous le consacrons à nos angoisses au moment de découvrir, encore et encore, des textes qui n’en finissent pas de contredire d’autres textes, dépassés du jour au lendemain. Je forme ce vœu que les avocats de France puissent vivre sereinement et travailler dans l’intérêt de leurs clients sans cette angoisse ».

UN VŒU POUR LA JUSTICE

Un vœu pour la justice, pas si loin de celui prononcé pour les avocats. En évoquant ce qu’il appelle l’affaire des caisses de retraite, dont on parle trop et qui n’est pas une affaire de justice mais dont l’enjeu lui paraît énorme, le Bâtonnier Raffin conclut :

« Le fait de placer notre caisse de retraite à l’intérieur d’un régime universel va à l’encontre de l’indépendance de l’avocat. Si notre caisse de retraite est indépendante, c’est parce que nous sommes indépendants et que sans cette indépendance il n’y a plus de justice. Alors notre vœu pour la justice c’est qu’elle reste indépendante et d’abord indépendante du pouvoir politique, indépendante de tous ceux qui grattent à la porte du secret professionnel. Que tout soit transparent, dit-on, mais la transparence n’est-elle pas synonyme de l’inexistence ? ».

Des magistrats et des avocats totalement indépendants, parce que la justice représente une fonction de premier rang dans notre société. Oui mais voilà, ajoute le Bâtonnier, « la justice ne rapporte pas sur le plan économique. Mais combien rapporte-t-elle sur le plan social ? Faisons le vœu que la justice reste à la hauteur de nos espérances, à hauteur d’une humanité de dialogue et d’apaisement ».