Les vins de Bourgogne poursuivent leur dynamique

(Crédit : BIVB - ARMELLE PHOTOGRAPHE )

Alors que 2019 s’annonce digne des millésimes en 9, la récolte record de l’année 2018 a permis de conserver la dynamique enclenchée en 2017, tout en reconstituant des stocks à la production.

C’est avec humour et dans la bonne humeur que François Labet a commencé la conférence de presse de rentrée des vins de Bourgogne, mercredi 2 octobre à l’hôtel Le Cèdre, à Beaune. « Notre belle région est dans une très bonne dynamique. La commercialisation se passe bien. Les stocks à la propriété ont retrouvé des niveaux satisfaisants grâce aux deux dernières récoltes. Évidemment, celle que nous sommes en train de vinifier présente quelques incertitudes quant aux volumes », commente le président du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) qui, avec Louis-Fabrice Latour, président délégué du BIVB, a présenté le millésime 2019, dressé un bilan économique des vins de Bourgogne et évoqué les grands enjeux nationaux et internationaux.

LA BOURGOGNE CROÎT

« Nous sommes dans une bonne dynamique et les chiffres sont plutôt bons », annonce Louis-Fabrice Latour. Le BIVB parle même de 2018 en des termes très élogieux. « Une récolte exceptionnelle » ou encore « record historique », peut-on lire dans le communiqué de l’interprofessionnel. Au global, les sorties de propriété à 12 mois de campagne 2018-2019 sont en hausse de 4,9 %, avec une progression très forte pour le Crémant de Bourgogne (+ 25 %). Les sorties des vins blancs augmentent de 4,9 %, tandis que les vins rouges baissent légèrement de 2,3 % comparé à 2017, tout en étant en progression par rapport à la moyenne décennale (+ 2,1 %). Quant au volume de transactions, ce dernier atteint un record absolu à 947.834 hectolitres, soit + 16,7 % par rapport à la moyenne décennale. Enfin, « le stock calculé à la propriété revient à hauteur d’une quasi-année moyenne de sortie, en augmentant de plus de 150 000 hectolitres par rapport au stock calculé l’an passé », explique le BIVB. Au-delà de ces données, la campagne 2018-2019 est aussi marquée par la forte part des contrats en moûts et en raisins au sein du volume global. Ceux-ci pèsent plus de la moitié du volume total (51,3 %), confirmant une tendance nette vers le marché de vrac en Bourgogne. À l’export, les vins de Bourgogne progressent de 7,2 % en volume et de 10 % en valeur, tandis que le chiffre d’affaires des vins de Bourgogne à l’export bat de nouveau son record et atteint 587 millions d’euros.

QUELQUES INQUIÉTUDES

« Le gel de début avril a fortement impacté le vignoble du sud de la côte de Beaune, le chardonnay ou encore le mâconnais dont certaines zones sont proches du zéro absolu. Et il faut prendre un élément nouveau dans les calamités agricoles, c’est la sécheresse. On avait l’habitude de dire gel, grêle… Maintenant, la sécheresse, et le chablisien en a souffert sensiblement », observe Fabrice Labet. Toutefois, ce qui inquiète le plus est la question de l’export et du marché international. « Il y a trois sujets, explique Louis-Fabrice Latour. Hong Kong, sachant qu’avec la Chine, c’est 4 à 5 % de l’export de la Bourgogne, et c’est vrai que ça fait peser une certaine incertitude sur ce qu’il peut se passer dans les mois qui viennent ». La Chine confirme d’ailleurs sa place dans le top 10 des pays exportateurs de bourgognes, avec une hausse de 43,2 % en volume. Hong Kong garde quant à elle sa spécificité de marché de valeur puisqu’elle représente 1,5 % en volume d’exportation pour 6,4 % en valeur, se plaçant ainsi à la quatrième place.

Concernant le Brexit, « On est assez nombreux à penser que ça devrait pas mal se dérouler malgré tout. Je ne dis pas qu’on est prêt, mais nos amis britanniques nous ont quand même bien rassurés, on a beaucoup travaillé avec l’administration des douanes, les professionnels sont au courant et il n’y aurait pas d’augmentation des duties. On a une bonne relation avec le Wine trade anglais. Et surtout, les Anglais ne font pas de vin. Donc sur des marchés où on écoule des vins de Bourgogne depuis plusieurs siècles, les premiers mois seront certainement un peu perturbés avec ici ou là des incompréhensions et des retards, mais fondamentalement, on ne voit pas d’obstacle majeur à une cohabitation harmonieuse avec nos amis britanniques », rassure le président délégué du BIVB.

Enfin, le point qui a soulevé le plus d’interrogation était les États-Unis. Puisqu’au lendemain de cette conférence de presse, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) donnait son feu vert à l’administration américaine pour mettre en place une taxe ad valorem de 25 % sur les produits industriels et agricoles venant de l’Union européenne. L’objectif étant de récupérer les 7,5 milliards de dollars de dommages subis par les États-Unis, liés aux subventions accordées à Airbus par les Européens, dans le cadre du conflit opposant Airbus à Boeing. «Toute la filière est inquiète », confiait Louis-Fabrice Latour, sachant que les USA sont le principal marché export des vins de Bourgogne (23,1 %) et représentent environ 12 % du chiffre d’affaires de la filière. « À 25 %, nous devrions encore pouvoir travailler », complète-t-il.

2019, UN MILLÉSIME D’EXCEPTION

« Le millésime 2019 est dans la lignée des grandes années en 9 que nous avons tous en mémoire, gustative en tout cas et olfactive. C’est parfait ! Il est aussi dans la droite ligne des années que nous venons de produire, à savoir les 15, 16, 17 et 18 », confie Fabrice Labet. « 2019 n’a rien à voir des millésimes comme 2003. Sans parler de technique ni d’analyse, on a des équilibres formidables avec des acidités très belles sur des vins qui ont beaucoup de fraîcheur », complète-t-il. « Ce n’est pas un millésime chaud. On a vendangé à la mi-septembre, et ça donne une jolie acidité et de la minéralité. Il y a certes des degrés élevés mais il y a même des tanins de temps en temps en rouge assez prononcés. Donc, je crois que c’est important de dire qu’il y a un certain classicisme dans ce millésime, à l’heure où on nous parle beaucoup de réchauffement, on fait encore des vins avec des beaux équilibres », explique Louis-Fabrice Latour.