Les villes moyennes à la traîne

André Pezziardi, président de la Chambre régionale des comptes, a présenté le 5 octobre à Toulouse, un rapport sur les villes moyennes d’Occitanie.

La chambre régionale des comptes s’est plongée dans les bilans de 26 collectivités d’Occitanie de 10000 à 100000 habitants.

La chambre régionale des comptes, avec l’appui de la Cour des comptes, vient de passer au crible les finances de 26 villes moyennes d’Occitanie, des collectivités ciblées car elles représentent « des maillons essentiels de l’organisation territoriale ». De fait, elles regroupent 1,8 million d’habitants, soit 31 % de la population et 18 % des emplois de la région. Il s’agit d’Agde, Albi, Alès, Auch, Bagnols-sur-Cèze, Beaucaire, Béziers, Cahors, Carcassonne, Castres, Figeac, Foix, Gaillac, Lannemezan, Lézignan-Corbières, Lunel, Mazamet, Mende, Millau, Montauban, Narbonne, Pamiers, Rodez, Sète, Tarbes et Villefranche-de-Rouergue. « Vieillissement » de la population, « paupérisation des centres-villes », « difficultés en matière de mobilité quotidienne », « artificialisation des sols » et trop forte « consommation foncière », la situation décrite par la Chambre régionale est sombre, d’autant que ces villes moyennes, ajoute la juridiction financière dans son rapport, « ne bénéficient que partiellement du dynamisme économique » de la région. Ainsi, relève-t-elle, que sur les 25 dernières années, le nombre d’emplois a augmenté de 17 % dans les villes moyennes contre plus de 30 % à l’échelle régionale. Avec pour corollaire une palette réduite de services par rapport à ce qu’offrent les métropoles dans le domaine des transports, de l’enseignement, des commerces, des sports et des loisirs.

AMÉLIORATION DES PERFORMANCES FINANCIÈRES

En dépit de ce portrait peu flatteur, la chambre régionale des comptes observe une amélioration des performances financières de ces collectivités. Et ce, malgré une baisse des dotations de l’État depuis 2014. Les puissants mécanismes de péréquation mis en place compensant partiellement cette baisse des Dotations globales de fonctionnement (DGF), c’est aussi et surtout l’augmentation des ressources fiscales prélevées par ces collectivités qui explique cette embellie, via notamment une majoration des taux d’imposition. Ajouté à une meilleure maîtrise de leurs charges de gestion, ces collectivités ont utilisé ces ressources pour se désendetter, sachant que dans ces villes, le poids de la dette est nettement plus élevé que dans l’ensemble des communes françaises.

…MAIS DES BILANS QUI RESTENT FRAGILES

Ce désendettement s’est également opéré au prix d’un report de certains investissements. Cependant, « la relance de leurs dépenses d’équipement à compter de 2017, même si elle a été soutenue par des programmes nationaux, risque de dégrader la situation financière de plu- sieurs d’entre elles », note la juridiction.

ÉMERGENCE DE TERRITOIRES RURALO-URBAINS

Le millefeuille intercommunal vient encore, d’une certaine manière, fragiliser ces villes moyennes. En effet, relève la Chambre régionale, malgré l’entrée en vigueur de la loi NOTRé, « l’adéquation entre le périmètre des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) et celui des bassins de vie est encore insuffisante et la recomposition du paysage intercommunal a vu augmenter le nombre d’EPCI dont la population est faiblement polarisée sur la ville-centre. L’ajout de nombreuses communes peu peuplées à des intercommunalités existantes a fait émerger des EPCI dits “ruralo-urbains”, mêlant des espaces urbains, périurbains et ruraux aux enjeux et problématiques hétérogènes. »

Pour corriger ces différents écueils, les politiques de soutien, notamment de l’État, n’atteignent qu’imparfaitement leur but, qu’il s’agisse des contrats de plan État-Région et du programme Cœur de ville, faute de pouvoir s’appuyer sur de véritables projets locaux de développement mais aussi en raison d’une articulation insuffisante avec la politique de la région. La Chambre régionale des comptes suggère une meilleure coordination de ces dispositifs de soutien. « Les autres collectivités locales pourraient mieux soutenir le développement des villes moyennes : les départements pourraient mieux faciliter la coopération entre ces villes et les zones rurales, les métropoles de Montpellier et de Toulouse pourraient développer des politiques allant au-delà de leur territoire, les EPCI pourraient mieux coordonner les interventions des nombreux acteurs compétents en matière économique », indique la juridiction dans son rapport.