Les travaux publics confrontés à la chute des marchés publics

Les masques changés toutes les deux heures sont de rigueur sur le chantiers de travaux publics.

Tous les chantiers ont repris dans la région, avec un surcoût de 2 % lié à la mise en place du protocole Covid protégeant les salariés.

Les chantiers de travaux publics ont été les premiers à se remettre en route. Un redémarrage qui se fait en tenant compte de nouvelles mesures de sécurité sanitaire pour préserver les salariés. Masque chirurgical changé toutes les deux heures, gel hydroalcoolique à volonté, nouvelle disposition des locaux et arrivée individuelle ou en petit groupe en fonction des véhicules utilisés, autant de mesures destinées à éviter la propagation du Covid-19 sur les chantiers et établies dans le protocole signé le 10 avril dernier. « Ce sont des mesures indispensables certes mais qui engendrent aussi un surcoût que l’on peut estimer en moyenne à 2 % », fait remarquer Hervé Noël, président de la Fédération Régionale des travaux publics du Grand Est. Un surcoût que les entreprises de TP ne peuvent absorber seules. « Dans nos métiers, la marge tourne souvent autour de 2 % et s’il n’y a plus de marge, nous ne pouvons pas investir », prévient le chef d’entreprise marnais.

Dans la commande publique qui constitue plus de 70 % de l’activité des TP, on est bien conscient de cette situation exceptionnelle. « Nous sommes prêts à faire un effort pour aider les entreprises et nous travaillons à une charte des bonnes pratiques avec les entreprises du BTP », fait observer Bertrand Chevalier, vice-président de Troyes Champagne Métropole. Depuis la mi-avril, Stéphane Rouvé, préfet de l’Aube, anime un groupe de travail avec les fédérations professionnelles du BTP pour préparer la reprise en analysant les conséquences des nouvelles configurations des chantiers. Les travaux publics, dont l’organisation est plus simple sur les chantiers, ont été les premiers à chiffrer le surcoût du Covid-19 alors que pour le bâtiment c’est plus compliqué à établir. D’ailleurs, la quasi-totalité des chantiers de travaux publics de la région ont repris, ce qui n’est pas encore le cas dans le bâtiment. À Troyes, le chantier de la route d’accès à la future usine de Garnica, le spécialiste du contreplaqué de peuplier, a repris son cours. Le patron espagnol, Pedro Garnica, a récemment écrit à François Baroin pour lui confirmer sa volonté de voir l’usine sortir de terre au plus vite.

LES PROJETS EN SUSPENS

Mais au-delà de la prise en charge des surcoûts liés à la crise sanitaire, le grand problème auquel les entreprises des TP doivent faire face, c’est le manque de chantiers qui se profile à l’horizon. « Nous avons une baisse de plus de 70 % des appels d’offres : pour le moment, avec la reprise des chantiers en cours ça va encore, mais la rentrée de septembre risque d’être très difficile », craint Hervé Noël. La faute encore au Covid-19 qui a interrompu les élections municipales entre les deux tours.

Les nouvelles équipes n’ont pas pu se mettre en place et élire leurs représentants dans les intercommunalités, ce qui a bloqué le lancement de nouveaux projets. À cette première conséquence « mécanique » pourrait aussi s’ajouter un effet psychologique, les nouveaux élus préférant décaler leurs projets d’investissements publics en attendant que la situation sanitaire revienne à la normale.

Le passage à vide qui en résulterait aurait alors un effet très négatif sur l’emploi et les entreprises régionales des travaux publics.