Les travaux publics, acteurs des territoires

Travaux publics

“Jamais nos entreprises n’ont été aussi vertueuses et performantes“, estime Hervé Noël le président de la FRTP Grand Est.

La Fédération Régionale des Travaux Publics Grand Est interpelle les candidats aux élections municipales sur la nécessité de continuer à investir dans les travaux d’entretien du patrimoine routier et des réseaux.

Avec une activité estimée à près de 3 milliards d’euros par an et 30 000 salariés, les Travaux Publics pèsent lourd sur le territoire en matière économique et comptent bien le rappeler à l’occasion des élections municipales des 15 et 22 mars prochain. Non pas en présentant des listes mais en alertant en amont les élus et futurs élus sur l’importance de leur filière.

Voulant exprimer « une volonté forte d’entrer dans le débat public dans le cadre des élections municipales », Hervé Noël, président de la FRTP Grand Est s’adresse donc tant aux électeurs qu’aux élus, afin que les questions liées aux travaux publics puissent être entendues. « Nous sommes souvent montrés à tort comme une opposition à la volonté verte des électeurs, alors que ce que l’on fait et les services que nous rendons sont bien souvent dans une approche écologique. Nous sommes aussi et surtout, des entreprises très présentes sur les territoires ruraux, rappelle le président. Or, depuis 2008, nous avons perdu 40% de notre activité sur les territoires ruraux et sur certains d’entre eux, nous sommes à plus de 50% de baisse ». Un résultat qui s’explique par la pression subie par les élus locaux en raison de la baisse des dotations de l’Etat mais aussi par la volonté accrue des collectivités de faire des économies et de diminuer leur taux d’endettement. « Les taux d’endettement des communes et des EPCI ont fortement baissé. Leur capacité de désendettement est de 3,6 ans dans la Marne, en-dessous de la moyenne nationale (5,3 ans) ». Les efforts des collectivités conjugués à leur prudence face au manque de stabilité fiscale de la part de l’Etat ont entrainé une forte baisse des commandes de travaux publics. Si elle est préjudiciable pour les quelque 539 entreprises et 27 835 salariés du secteur dans le Grand Est, elle est surtout infondée, insiste le président : « Aujourd’hui les finances des communes et des EPCI sont saines et leur permettent de pouvoir investir dès maintenant : 65% d’entre elles ont un taux d’épargne brute supérieure à 20%, et 20% d’entre elles ont un taux d’épargne brute compris entre 10 et 20% ».

UN TAUX DE PERTE DE 17% SUR LES CANALISATIONS D’EAU POTABLE

Une épargne disponible synonyme de capacités d’investissements, car pour les professionnels des TP, l’entretien du patrimoine existant et des infrastructures relève davantage de l’investissement que du fonctionnement. Un investissement pour l’avenir et pour éviter de dépenser davantage ultérieurement aussi. « Les candidats doivent intégrer les dépenses d’entretien dans leurs programmes. Nous estimons que 2% de la valeur à neuf du patrimoine de chaque collectivité devraient être consacrés à son entretien annuel pour éviter de devoir refaire à neuf l’ouvrage à cause d’une absence d’entretien ».

Un ratio de un à dix en faveur de l’entretien qui fait office d’argument économique et auquel il faut ajouter une raison écologique. « Les électeurs accordent une importance de plus en plus grande aux arguments écologiques. Or, comment faire accepter à la population la nécessité de réaliser un investissement conséquent pour construire un nouvel ouvrage uniquement parce que l’existant n’a pas été entretenu ? »

Comment expliquer aux citoyens qu’aujourd’hui dans la Marne, sur les 3 640 km de canalisations du réseau eau potable le taux de perte s’élève à 17% ? Une moyenne certes inférieure à la moyenne nationale (19,7%) mais qui cache de réelles disparités entre les territoires. Il s’agit là aussi d’un enjeu économique pour les habitants qui paient la facture finale couplé à un enjeu de santé publique. « Il y a des syndicats, des agences de l’eau qui ont de l’argent disponible et qui seraient donc capables de générer des travaux, mais ils ne le font pas. C’est une absurdité. Ces dernières années, l’Etat a ponctionné des centaines de millions aux agences de l’eau qui avaient mis ces sommes en réserves sans faire les travaux nécessaires », regrette Jean-Yves Le Corre, délégué Marne des canalisateurs. Et alors que la moyenne de vie d’un réseau d’eau est de 70 ans, la FTP estime à 550 M€ la valeur à neuf du réseau d’adduction et à 170 ans le temps nécessaire pour renouveler l’intégralité du linéaire.

UNE IMAGE VERTUEUSE À TRANSMETTRE ET À ENTRETENIR

Conscient que sa profession doit aussi apprendre à mieux communiquer sur ses actions vertueuses, le président Hervé Noël rappelle que les entreprises de TP ont déjà intégré les exigences environnementales dans leurs cahiers des charges et dans leurs pratiques quotidiennes : « Jamais nos entreprises n’ont été aussi vertueuses et performantes : en dix ans, nous avons ainsi réduit nos émissions de gaz à effet de serre de 30%. PME, ETI ou grands groupes, toutes les entreprises sont aujourd’hui dans une réflexion plus ou moins avancée de récupération d’énergie, de gaz, de boues, etc. Il s’agit aussi de réflexions sur la récupération des calories sur l’espace routier et la redistribution à l’usager par exemple ». Sachant que les travaux publics traitent aujourd’hui plus de 70% des matériaux issus de la déconstruction et qu’ils peuvent aller jusqu’à 95% sur certains chantiers, les dirigeants de la FTP exhortent les élus à être encore plus ambitieux dans leurs projets. « C’est au maître d’ouvrage d’influencer le maître d’œuvre au moment de la rédaction du marché pour aller encore plus loin et envoyer ces messages forts ».

L’entretien du patrimoine existant est donc primordial dans la vie des collectivités, dans celle des entreprises, tout comme dans l’économie globale. En France, ce sont plus de 150 000 emplois qui devraient être créés au cours des cinq prochaines années pour répondre aux marchés futurs, aux départs en retraite et à la modernisation des métiers.

INFRASTRUCTURES ET PATRIMOINE EN CHIFFRES

Dans la Marne, le réseau routier compte 5 786 km de voiries communales et intercommunales, dont la valeur à neuf est estimée à 9,8 milliards d’euros.

Sur les 100 000 ouvrages d’art routiers en France, 20% des ponts communaux poseraient des problèmes en terme de sécurité et de disponibilité.

16% des 197 stations d’épuration de la Marne ont plus de 30 ans. La valeur à neuf de ces STEP est de 310 M€. 78% des dépenses Travaux Publics des collectivités sont réalisées par le bloc communal dans la Marne.

Les représentants de la FRTP profitent des élections municipales pour rappeler aux élus et futurs élus les enjeux des travaux publics sur les territoires du Grand Est.