Les transports Lebrun passent au biocarburant

Les Transports Lebrun s’engagent sur une diminution de 60% de l’empreinte carbone globale et une réduction de 85% d’émission de particules fines.

L’entreprise de Vauciennes (Marne) a déjà équipé une dizaine de camions pour qu’ils roulent au biocarburant Oléo 100 produit localement à base de colza.

C’est une grande première dans le secteur du transport marnais et dans l’acheminement lié au champagne. La société des transports Lebrun vient d’équiper une dizaine de ses véhicules pour que ceux-ci puissent se déplacer au biocarburant Oléo 100. Un biodiesel issu majoritairement de déchets de production d’huile de colza et 100% biodégradable, que l’entreprise a déniché en effectuant des recherches pour rouler plus propre, à la demande de certains de ses clients. Matthieu Lebrun, dirigeant de l’entreprise familiale rappelle le contexte de sa démarche : « Nous travaillons avec les Maisons de Champagne Moët & Chandon, Veuve Clicquot Ponsardin et Ruinart, dont nous transportons les vins clairs notamment. Depuis quelques temps, leurs services achats et œnologie nous demandaient des solutions pour réduire notre empreinte carbone ». En effet, engagées dans des process de développement durable, les Maisons appartenant au groupe MHCS traquent désormais les sources d’économies en matière d’émission de CO2 et de pollution, auprès de leurs prestataires et fournisseurs.

Pour Matthieu Lebrun, le défi résidait dans la recherche d’une solution alternative sans toutefois générer davantage de pollution sur le cycle « du puits à la roue ». Autrement dit, pas question de remplacer le gasoil par une autre énergie fossile ou par une énergie qui génère un autre type de pollution. « Nous avons alors demandé aux constructeurs ce qui existait comme solution, qui soit techniquement réalisable et acceptable ».

C’est alors que le biodiesel a été évoqué. « L’histoire est belle car nous nous sommes aperçu qu’il existait un circuit court 100% local avec un producteur de colza marnais et une transformation par méthode de trituration à Nogent-sur-Seine, dans l’Aube ».

20 CAMIONS D’ICI L’ÉTÉ 2021

Autre avantage de cette solution : les véhicules alimentés au biodiesel Oléo 100 sont équipés de la même technologie que des véhicules gasoil et de ce fait ils peuvent avoir une deuxième vie sur le marché de l’occasion. Pour l’entreprise de transport, l’installation de ce système a nécessité quelques changements de paramétrages de certains moteurs. Si le biodiesel coûte le même prix que le diesel classique à la pompe, il occasionne toutefois une légère surconsommation de 5 à 8 % de la part des véhicules équipés. L’entreprise commence alors à sensibiliser ses chauffeurs pour tenter de réduire cet impact sur le volume global de la consommation.

Depuis janvier 2021, une dizaine de véhicules est compatibles au biodiesel et Matthieu Lebrun souhaite doubler sa flotte d’ici au début de l’été, à raison d’un investissement de l’ordre de 3 000 euros par véhicule en moyenne. « Nous discutons déjà avec d’autres clients pour savoir s’ils sont intéressés par la démarche pour déployer ce système à une plus grande partie de notre flotte », explique le dirigeant qui dispose d’un total de 50 camions. Grâce à cette action, les Transports Lebrun s’engagent sur l’avenir en permettant une diminution de 60 % de l’empreinte carbone globale et une réduction de 85 % d’émission de particules fines. Un engagement d’envergure pour cette entreprise créée dans les années 70 et qui travaille essentiellement avec le secteur agroalimentaire (champagne, groupe Danone, Pepsi Cola, entre autres clients), leader du transport de vins clairs et qui dispose du plus important parc de citernes en Champagne. Si aujourd’hui 80 % des vins clairs des Maisons Moët & Chandon, Veuve Clicquot Ponsardin et Ruinart sont ainsi transportés à travers le vignoble champenois, dans un futur proche, ce sont 100% des vins clairs qui seront transportés avec le biodiesel ainsi qu’une partie de la vendange.

Une étape de plus en faveur du bioéthanol

Bonne nouvelle pour la filière des biocarburants : les possibilités d’utilisation du bioéthanol s’élargissent de plus en plus. L’arrêté modificatif du 19 février 2021 permet désormais l’homologation des boîtiers E85 homologués par l’Etat pour les véhicules de 15 CV et plus et élargit aux voitures équipées d’un filtre à particules les homologations déjà réalisées.

Pour la Collective du bioéthanol, « les automobilistes disposent ainsi d’une solution performante et légale pour rouler au Superéthanol-E85, applicable à 9 véhicules du parc essence roulant sur 10, soit la plupart des véhicules essence immatriculés depuis 2001 ». Les professionnels de la filière mettent en avant plusieurs arguments pour vanter le Superéthanol-E85. Un argument écologique en premier lieu, puisqu’il réduit en effet en moyenne de 50 % les émissions nettes de C02 et de 90 % les émissions de particules par rapport à l’essence fossile. Fabriqué dans des distilleries implantées dans les territoires à proximité des exploitations agricoles, à partir de biomasse provenant à 100 % de l’agriculture française, il n’utilise pas d’huile de palme.

Le bioéthanol peut également s’appuyer sur un autre argument de poids : celui de l’économie. Vendu en moyenne à 0,67 euros le litre, il s’impose, selon la Collective comme « le carburant du pouvoir d’achat pour les automobilistes roulant avec des véhicules essence », d’autant plus avec la remontée des prix des carburants depuis la fin de l’année 2020.

« Le Superéthanol permet d’économiser plus de 500 euros par an pour 13 000 km parcourus, par rapport aux essences sans plomb classiques », explique Nicolas Kurtsoglou, ingénieur Responsable carburants au Syndicat National des Producteurs d’Alcool Agricole (CNPAA).

LES CONSTRUCTEURS MOBILISÉS

Avec cette nouvelle évolution de la réglementation, ce sont pas moins de 10 millions de véhicules essence qui sont aujourd’hui éligibles à l’installation d’un boîtier E85 homologué par l’Etat. « L’autre moyen légal pour rouler au Superéthanol-E85 est d’utiliser un véhicule flex-E85 d’origine », précise Nicolas Kurtsoglou. Le SNPAA table sur un objectif « raisonnable » de 6 millions de véhicules en circulation (flexfuel ou avec boîtier). Les constructeurs ne s’y trompent d’ailleurs pas, puisque des marques telles que Jaguar Land Rover ou Ford proposent des modèles Flexfuel. Jaguar Land Rover commercialise trois modèles hybrides Flexfuel d’origine (E-PACE, Discovery Sport et Range Rover Evoque) et Ford a déjà annoncé 4 voitures particulières Flexfuel dont 2 hybrides (Fiesta, Puma, Focus mHEV et Kuga PHEV) et 2 véhicules utilitaires légers flex-E85 (Fiesta Van et Transit Connect). Leurs sorties sont prévues entre juin et octobre 2021. Plus de 15 000 boîtiers de conversion E85 homologués ont été installés en France en 2020 pour un total de plus de 100 000 véhicules équipés en circulation.

L’année 2020 a enregistré une consommation record de plus de 350 millions de litres en 2020, soit + 4 % de croissance par rapport a 2019 (contre -14 % pour les essences et -16 % pour les gazoles). Le Superethanol-E85 est distribué dans une station sur quatre en France, soit dans 2 342 stations-service. 12 millions d’hectolitres de bioéthanol sont produits chaque année en France. Le SNPAA prévoit de doubler la production au cours des prochaines années.