Les TPE, grandes oubliées des PGE ?

Samuel Cette, président de la CPME31 et Occitanie.

Selon la Banque de France, au 24 avril, 35000 prêts ont été accordés dans le cadre du dispositif des prêts garantis par l’État (PGE) en région, pour un montant total de 4 Mds€, avec un taux de rejet de 1,2 %. Un pourcentage qui ne reflète pas la réalité selon Samuel Cette, président régional du syndicat patronal.

La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a fait ses calculs et le moins qu’on puisse dire c’est que les chiffres, relatifs à l’attribution des fameux prêts garantis par l’État (PGE), qu’elle obtient sont sans rapport avec les statistiques officielles. Le syndicat a réalisé du 20 au 23 avril une enquête auprès de 586 entreprises adhérentes ayant sollicité un PGE. Il en ressort que le « taux d’acceptation des PGE par les banques » atteint 88 %. Mais 48 % des refus s’opèrent « avant le dépôt du dossier », ce qui pour la CPME signifie clairement que près de la moitié « des refus de PGE n’apparaissent pas dans les chiffres officiels ».

LA MOITIÉ DES REFUS NON PRISE EN COMPTE

« Avec le PGE notamment, le gouvernement pense avoir apporté aux entreprises des solutions pour surmonter la crise – et techniquement c’est le cas. Cependant un grand nombre des refus ne lui est pas notifié, constate Samuel Cette, président de la CPME31 et Occitanie. Notre enquête montre en effet que 48 % des refus n’apparaissent pas dans les statistiques de la Banque de France » et ne remontent donc pas au plus haut sommet de l’État.

UN DISPOSITIF QUI NE PROFITE PAS AUX TPE

Un autre point préoccupe le président de la CPME Occitanie, à savoir que « les TPE ont beaucoup de mal à accéder au PGE, alors même que l’on considère ce dispositif comme la seule alternative de court terme pour faire face à la situation de crise ». Sur la base des chiffres d’attribution des PGE communiqués par la Banque de France « qui annonce à date, un montant total de 4 Mds€ pour 35 000 prêts avec un taux de rejet de près de 1,2 % », le syndicat patronal a effectivement fait le constat que les TPE ne bénéficient pas, pour l’essentiel, du dispositif mis en place par l’État. De fait, si l’on rapporte le montant global des prêts au nombre de prêts accordés, le montant moyen des PGE en Occitanie s’élève à près de 112 K€. Sachant que les entreprises peuvent solliciter des prêts jusqu’à trois mois de chiffre d’affaires, ces PGE concernent au final, relève la CMPE, « des entreprises qui développent des chiffres d’affaires de plus de 450K€ ce qui est près de trois fois supérieur au chiffre d’affaires moyen des TPE de moins de 10 salariés », lequel plafonne à 170 K€ en région. D’autant que les entreprises ne sollicitent pas l’intégralité du quantum auquel elles ont droit, à savoir un quart de chiffre d’affaires. La CPME retient un pourcentage plus proche de la réalité, soit 12,5 % et dans ce cas, le chiffre d’affaires développé en moyenne par les bénéficiaires du PGE atteindrait 900 K€.

PEU DE RECOURS À LA MÉDIATION DU CRÉDIT

L’enquête menée par la CPME Occitanie révèle enfin que 79 % des chefs d’entreprise, qui se voient refuser l’accès au PGE, décident de ne pas recourir à la médiation du crédit de peur de détériorer la relation qu’ils entretiennent avec leur banque. « La médiation du crédit comme d’autres mécanismes, n’est pas adaptée aux petites entreprises », affirme ainsi Samuel Cette qui pointe également le comportement de certains établissements bancaires. « Un grand nombre s’est lâché en termes de facturations de frais sur le dernier mois, de telle sorte qu’il faudra à un moment donné se poser la question : quel risque prennent réellement les banques ? La solidarité nationale n’est pas quelque chose qui se déclame : les paroles sans les actes ne sont rien », affirme Samuel Cette, qui n’exclut pas de faire du name & shame lorsque les banques ne jouent pas jeu.

Pour le président de la CPME, il est urgent que ces comportements changent parce qu’ajoute-t-il, « les demandes vont monter en cadence. Après une première phase de sidération, les entreprises ont compris que ce n’est pas avec les 1 500 € du fonds de solidarité qu’elles vont sauver leur boutique et faire face à leurs charges. Le PGE est leur seule planche de salut. C’est du reste ce nous disions dès le 23 mars. À l’époque, on se battait pour que la garantie de l’État ne soit pas limitée à 90 % et aille au-delà afin qu’on ne rencontre pas les difficultés qu’on est justement en train de vivre… » Et le président de la CPME Occitanie de conclure : « La catastrophe va arriver, c’est sûr, mais si les TPE n’ont pas accès à ses financements, on va au devant d’une catastrophe encore plus importante. ».