Les services de santé au travail très mobilisés durant la crise sanitaire

En deux mois de pandémie, les services de Reims santé au travail ont contacté 4000 entreprises alors que le nombre pour une année entière se situe autour de 3000.

Les services de la santé au travail ont été très sollicités, dans la mesure où ils faisaient le lien entre le salarié et l’entreprise.

«La loi dit que les chefs d’entreprise sont responsables de la santé de leurs salariés. Par conséquent, ils doivent adhérer à un service de santé au travail », indique Christophe Dumaire, directeur de Reims Santé au Travail (RST). Dans le Grand Est, réunis en association régionale depuis décembre 2018, les 22 services de santé au travail de la région ont coordonné leurs actions durant la crise sanitaire. Dans la Marne, cinq services se partagent l’accompagnement de plus de 150 000 salariés du secteur privé, sachant que les grands groupes ont leur propre service de santé au travail.

« En temps normal, un médecin consacre 2/3 de son temps aux visites médicales et 1/3 au déplacement en entreprise. Du jour au lendemain, avec la crise sanitaire, nous avons dû arrêter tout contact avec les patients et salariés et réduire de 80% le volume de nos visites », explique Christophe Dumaire. Les médecins de Reims Santé au Travail effectuent 40 000 visites par an. Durant l’épidémie de Covid-19, l’organisme a donc basculé vers la téléconsultation. « Cela a été un véritable bouleversement dans notre activité, mais alors que cette mise en place devait être déployée sur deux ans, en une semaine, nous avons réussi à instaurer cette nouvelle manière de consulter. »

4 000 ENTREPRISES CONTACTÉES EN DEUX MOIS

Interlocuteurs privilégiés des entreprises, de leurs salariés et des instances représentatives du personnel, les services de santé au travail ont contribué au déploiement des protocoles sanitaires, notamment pour les hôtels restaurants ou les professions artisanales, comme les coiffeurs. « Nos services se sont rendus en entreprise et ont fait le lien avec les services de l’État ou les chambres consulaires qui avaient des contacts avec des fournisseurs pour l’octroi de masques et gel hydroalcoolique », explique le directeur de RST. « Nous avons aussi préparé l’accompagnement à la réalisation du document unique d’évaluation des risques professionnels. » Sur la période s’étalant du 1er avril au 1er juin, Reims santé au travail a ainsi contacté plus de 4 000 entreprises sur 6 400. « La crainte des chefs d’entreprise était de voir leur responsabilité engagée si un de leurs salariés tombait malade, c’est pourquoi l’instauration de protocoles avec l’aval de la médecine du travail était rassurant pour la reprise d’activité durant le confinement pour les entreprises qui en avaient la possibilité », souligne Christophe Dumaire. Si le recours à la médecine du travail a été rassurant pour les employeurs, il l’était aussi pour les salariés qui n’ont pas hésité à contacter l’organisme lors de crainte de reprise du travail.

Depuis le 20 mai, les médecins et infirmières retournent sur le terrain, dotés d’équipements, car « comme beaucoup, le premier mois, nous n’avions aucun matériel de protection, c’est pourquoi nous avons totalement arrêté de nous déplacer », regrette Christophe Dumaire.

Pour pallier cette absence du terrain, la santé au travail a développé les « webinaires », ces conférences virtuelles pouvant accueillir un très grand nombre de participants. « Dans le Grand Est, une dizaine de webinaires ont été organisés avec à chaque fois, entre 200 et 400 participants. »

Pour l’organisme qui dépend du ministère du Travail et non de celui de la Santé, cette période de pandémie aura permis d’expérimenter de nouvelles façons de travailler qu’elle compte développer par la suite.