Les professionnels militent pour la généralisation du Biofioul

Les distributeurs d’énergie hors réseaux alimentent 3,4 millions de résidences principales.

Face à la menace qui plane sur les chaudières au fioul, la filière s’engage pour la promotion du Biofioul.

Troisième énergie de chauffage en France, utilisée par quatre millions de ménages, le fioul domestique est dans le viseur du gouvernement. En cause ? Un bilan carbone trop élevé dans un contexte de réchauffement climatique et de prise de conscience collective de la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Le 27 juillet 2020, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili a confirmé des mesures visant à mettre fin, à court terme, à l’utilisation du fioul fossile. Parmi ces mesures, à compter du 1er janvier 2022, seules les chaudières au fioul utilisant un combustible 100 % fossile ne seraient plus autorisées, en installation dans le neuf, comme en remplacement à l’identique dans l’existant. Un coup dur pour la filière, qui rappelle l’importance pour ses utilisateurs de cette énergie. « Pour nous c’est une véritable catastrophe, dans un contexte où nous enregistrions déjà une baisse de 3 à 4% par an, et avec une année 2020 très compliquée. Aujourd’hui, ce sont 3,4 millions de résidences principales qui sont équipées en chaudières à fioul et 13 millions de Français qui ne sont pas dans une commune pouvant être raccordée aux réseaux », explique David Foissy, chef des ventes CPE Bardout et Ambassadeur du Biofioul dans le Grand Est pour la FF3C (Fédération Française des Combustibles, Carburants et Chauffage).

Après une discussion avec les représentants du gouvernement, les professionnels de la filière ont obtenu la possibilité de dépanner une chaudière fioul après le 1er janvier 2022 mais aussi de remplacer le matériel défaillant par des pompes à chaleur hybrides mais aussi de pouvoir remplacer le brûleur défaillant. Une avancée considérable car elle permet la mise en avant du Biofioul, un nouveau combustible développé en France par les distributeurs d’énergie, en lien avec la filière colza.

HORIZON 2040

La FF3C reste donc mobilisée pour permettre la mise sur le marché du Biofioul, un bioliquide de chauffage renouvelable, devant remplacer progressivement le fioul fossile pour, à terme, s’y substituer intégralement. « Le Biofioul est un combustible dans lequel est incorporé de l’ester méthylique d’acide gras (Emag) de colza », explique David Foissy. « Il permet de passer sous le seuil de 250g de CO2 au KWh. » Si la filière estime pouvoir commercialiser un Biofioul contenant 7% d’Emag dès janvier 2021, elle espère pouvoir mettre sur le marché des produits à 10% et à 30% dès 2022. « Ces deux produits font l’objet d’essais et sont en cours d’homologation », précise l’ambassadeur marnais. La Fédération espère d’ailleurs pouvoir proposer des évolutions progressives dans le temps pour proposer à terme un Biofioul 100% issu d’énergie renouvelable, à l’horizon 2040.

Selon la FF3C, les utilisateurs du fioul domestique déclarent apprécier cette énergie et se disent prêts à passer au Biofioul, qu’en sera-t-il du tarif ? « Le Biofioul est légèrement plus cher que du fossile », précise David Foissy. « C’est pour cela que nous demandons une exonération de la TICPE ( Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) qui est de 156,20 € / m3. Nous demandons cette exonération sur la part de l’Emag incorporée dans le Biofioul pour ne pas avoir d’impact supplémentaire sur le pouvoir d’achat des consommateurs ». La balle est donc désormais dans le camp du gouvernement.