Les PME ardennaises impactées

Usine PSA

La fonderie carolomacérienne des Ayvelles est un maillon essentiel de la chaîne de production du groupe PSA.

Commandes et livraisons en berne, stock en attente, salariés exigent le respect des consignes de sécurité… Le tableau s’assombrit au sein du tissu industriel ardennais.

«Tant qu’il y a des bras et de la matière première, ça continuera de tourner. Mais sans céder à la panique, le plus dur est à venir… On peut, en effet, supposer que la quasi-totalité des entreprises locales après s’être adaptées vont trinquer et être en passe d’arrêter leurs activités. Comment pourrait-t-il en être autrement lorsqu’on manque de matières premières, que les salariés connaissent des problèmes de garde d’enfants, qu’on va peut-être limiter les déplacements et qu’on manque, par ailleurs, d’équipements de protection comme les masques ? Dans ces conditions, beaucoup de nos PME envisagent des mesures de chômage partiel et technique voire la fermeture provisoire. Nos juristes sont, en tout cas, submergés d’appels d’autant que les chefs d’entreprise ne sont pas habitués à ce type de situation. A l’UIMM, on vient de suspendre l’activité de nos deux centres de formation de Charleville-Mézières et on n’a quasiment plus de contrats de formation ». C’est ainsi que Lionel Vuibert , délégué de l’UIMM Champagne Ardenne, analyse la situation actuelle dans les Ardennes. PSA, Hermes mais aussi La Fonte Ardennaise (600 salariés sur six sites de production), Walor, Unilin à Bazeilles, la fonderie Rollinger à Nouvion-sur-Meuse et Vignon à Haraucourt. ont déjà fermé leur usine locale. De sources syndicales, après plusieurs autocaristes dans un premier temps, plusieurs entreprises ont d’ores et déjà ou seraient en passe d’entamer une procédure de chômage partiel (Invicta, Arcomat Mobilier Urbain, Sum-Tech, La Buvette, AFS, Sopap Automation, T2i, ID Rep, etc.).

PSA MET 1600 SALARIÉS EN CHÔMAGE PARTIEL

Produisant 14 millions de pièces toutes confondues par an et réalisant un chiffre d’affaires de 240 millions d’euros, la fonderie carolomacérienne des Ayvelles est un maillon essentiel de la chaîne de production du groupe PSA où elle a un rôle stratégique car elle approvisionne 100% de l’ensemble des véhicules du groupe automobile en culasses. C’est pourquoi sa fermeture a été plus tardive que celle des usines de montage, car il fallait procéder progressivement à l’arrêt des fours qui ont été tour à tour vidés et traités.

Appartenant au pôle mécanique et fonderie de PSA et spécialisée dans la fabrication de culasses de moteurs essence et diesel, la fonderie PSA des Ayvelles à Charleville- Mézières est le plus gros employeur privé de la région Champagne Ardennes avec plus 1 600 salariés dont 300 intérimaires.

Environ 1 600 personnes seront placées en chômage partiel. 110 employés, techniciens et agents de maîtrise de journée œuvrent depuis le 16 mars en télétravail alors qu’une trentaine de salariés volontaires seront appelés à tenir une permanence durant la période de fermeture afin d’assurer la surveillance de l’usine, les travaux de fermeture, la sécurité, le suivi des fluides et la maintenance préventive afin d’anticiper la date de reprise de l’activité. Aucune date de réouverture de l’entreprise n’a été fixée.

Mais selon un grand patron ardennais, « il serait plus facile de faire la liste des PME qui restent en activité ».« Est-ce vraiment nécessaire de produire durant une telle période ?» C’est la question que pose l’Union syndicale des travailleurs de la métallurgie CGT des

Ardennes dans un courrier adressé au Préfet des Ardennes. Constatant que beaucoup de chefs d’entreprise privilégient « le maintien des productions au détriment des la santé de leurs personnels », ce syndicat qui recense 11 000 salariés dans la métallurgie exige la fermeture de toutes usines pour des raisons sanitaires, et le versement, en cas de chômage partiel, de l’intégralité des salariées et des primes aux salariés. A la CCI des Ardennes, on informe, renseigne, conseille et met en relations les personnes qui appellent chaque jour pour savoir à quoi elles peuvent prétendre pour limiter la casse.