Les ministres sur le terrain en soutien à l’économie

Julien Denormandie est venu détailler son plan à 100 millions d’euros pour soutenir la filière protéine.

Trois ministres étaient en déplacement dans la région (Marne et Ardennes) afin de présenter le plan France Relance dans trois thématiques différentes : Agriculture, Commerce et services publics.

Le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, était endéplacement dans la Marne, jeudi 20 janvier. Il a visité l’usine Luzéal de Saint-Rémy-sur-Bussy spécialisée dans la transformation de la luzerne, dans le cadre du plan Protéines prévoyant une augmentation de 40% de la production de légumineuses et d’oléagineux d’ici trois ans, dans l’optique d’assurer une souveraineté alimentaire et économique. La luzerne a cet intérêt d’être une culture qui limite l’érosion des sols, développe son propre système racinaire et qui capte les minéraux. Elle ne nécessite ainsi que peu d’intrants avec la vertu d’être un réservoir de bio-diversité pour le gibier, pour les abeilles.

LA SOUVERAINETÉ COMME MAITRE-MOT

Or la France ne produit aujourd’hui que la moitié des matières riches en protéines nécessaires à l’alimentation des animaux (tourteaux de soja, de colza ou de tournesol…). « L’enjeu principal est celui de la souveraineté. L’agro-écologie est un des moyens pour y arriver », insiste Julien Denormandie. « La souveraineté se joue à plusieurs titres. Celui du renouvellement des générations d’exploitants tout d’abord. Puis la lutte contre la dépendance aux intrants. Mais la plus grande des dépendances actuelles, c’est celle vis-à-vis des importations de soja sud-américain. On ne cesse de dire que l’Union européenne a une des agricultures les plus fortes au monde, la réalité, c’est que depuis 50 ans, c’est un système organisé », n’hésite pas à dénoncer le ministre de l’Agriculture, observant que la PAC n’a pu être développée que sous certaines conditions internationales, dont le recours à l’importation de protéines végétales dans des pays tiers. L’objectif principal du ministre de l’Agriculture, est donc de mettre en œuvre ce défi de souveraineté protéinique.

Pour cela, deux leviers différents sont mis en œuvre par le gouvernement. Le premier est celui de revoir au niveau européen et internationnal, le système d’aides à l’exploitation protéinique « non plus utilisées pour soutenir l’existant mais pour accroître le développement des surfaces agricoles ». Le second consiste quant à lui à soutenir les agriculteurs eux-mêmes, en les accompagnant vers une transition ou une diversification de leurs cultures.

UN PLAN DE 100 MILLIONS D’EUROS

Pour cela, le gouvernement mobilise un plan de 100 millions d’euros. « Aujourd’hui nous avons 1 million d’hectares cultivés avec des variétés riches en protéines végétales (soja, pois, luzerne), l’objectif est d’augmenter de 400 000 hectares sur trois ans. »

Un objectif qui satisfait le président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA 51), Hervé Lapie : « Notre challenge a toujours été de diversifier en polyculture élevage, de valoriser et de transformer sur place, en économie circulaire. Nous souhaitons travailler sur le sujet de la protéine mais aussi sur les sujets qui sont devant nous : réchauffement climatique, stockage du carbone, développement de la biodiversité. La protéine c’est certes à partir de la luzerne mais aussi du colza, de la betterave avec les drèches dans nos champs de blé, d’orge. C’est une vision globale que nous avons de nos enjeux protéinés, qui doivent être accompagnés par un plan de filière. » Pour rappel, la Champagne-Ardenne est la première région productrice de luzerne en France. Sur les 100 millions d’euros, 50 millions seront ainsi consacrés à la structuration des filières, 20 millions à l’innovation et la recherche et développement, mais également 20 millions de soutien aux investissements et de soutien aux agroéquipements.

Nastasia Desanti


Alain Griset en visite chez les distributeurs

Le ministre des PME est venu annoncer de nouveaux dispositifs aux filières annexes à l’hôtellerie et à la restauration.

Alain Griset (à gauche) est allé à la rencontre du présdient de Soredis, François Guy.

C’est un ministre bien décidé à en apprendre davantage sur le métier de distributeur et grossiste en boissons qui s’est rendu chez Soredis, à Reims. Une visite d’une heure au cours de laquelle son dirigeant, François Guy a fait part des spécificités de son activité et des difficultés qui en découlent actuellement : « La très grande majorité de nos clients, qui sont les bars, hôtels et restaurants sont fermés administrativement. Aujourd’hui, nous avons perdu 99,7% de notre activité, les 0,3% restants étant les hôpitaux, Ehpad et administrations ». Une situation critique pour le groupe Soredis, qui compte une quarantaine d’entrepôts en France et emploie près de 600 personnes. D’autant que n’étant pas fermé administrativement, contrairement à ses clients, lui et ses confrères se retrouvent exclus des aides gouvernementales, hors PGE et chômage partiel.

Après s’être entretenu en visio-conférence mi-décembre avec Alain Griset, c’est donc sur site et de vive voix que François Guy a cette fois exposé ses problèmes au ministre, au sujet des stocks mais aussi des aides proposées. « Les aides proposées aujourd’hui sont inadaptées aux entreprises de notre taille », a-t-il souligné, en référence au dispositif de 200 000 euros proposé par le gouvernement, nettement disproportionné au regard de son chiffre d’affaires de 230 millions d’euros. « Nous sommes en train de finaliser un nouveau décret plus adapté aux entreprises comme la vôtre », a précisé Alain Griset. « Ce dispositif prévoit un montant d’indemnisation de 3 millions d’euros pour les plus grands groupes. Le principe a été validé et le décret devrait sortir en février », souligne le ministre, qui assure : « Tant qu’il y aura des fermetures nous accompagnerons les entreprises. Notre ambition c’est de continuer à les soutenir pour leur permettre d’être prêtes quand la reprise sera là ».

Le ministre s’est ensuite rendu à la Brasserie La Bouquine puis en sous-préfecture pour y rencontrer une délégation d’acteurs économiques locaux.

Benjamin Busson


Amélie de Montchalin à la rencontre des Ardennais

La première étape du tour de France d’Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la Fonction Publique, était ardennaise.

Amélie de Montchalin lors de sa visite au centre de formation des apprentis de Charleville-Mézières.

Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la Fonction Publique, a lancé dans les Ardennes son tour de France en passant une journée à Signy-le-Petit et Charleville-Mézières pour vérifier sur le terrain, l’état d’avancée de l’exécution des réformes engagées par l’Etat depuis trois ans.

Dans un premier temps, la ministre a visité la Maison de santé pluridisciplinaire universitaire (MSPU) située dans la Thiérache en plein secteur rural. Un établissement créé suite à un travail collectif où exercent aujourd’hui quatre médecins généralistes, un chirurgien-dentiste, des infirmiers, une podologue, une orthophoniste en attendant des activités tournées vers les femmes. « Ce pôle de santé né d’une prise d’initiatives des acteurs locaux est un projet remarquable car il permet aux habitants situés dans les environs et à une demi-heure de cet endroit d’avoir accès, sur place, à une offre de soins de qualité », a constaté la ministre qui a valorisé ce projet réussi avant de rappeler l’objectif de couverture programmé dans les Ardennes.

« On veut développer les MSP dans ce département où on a démarré de sept structures de ce type en 2017 pour arriver aujourd’hui à douze. Cinq autres sont en cours de labellisation et on espère bientôt arriver à vingt pôles de santé sur l’ensemble du territoire ».

BIENTÔT 28 MAISONS FRANCE SERVICES

Durant son passage à Signy-le-Petit et après avoir découvert les différents cabinets de médecine générale et spécialisée, la ministre a confié que l’Etat allait encore ouvrir des Maisons France Services dans les Ardennes. Le Département en comptabilisa ainsi 28 en 2022. « On va continuer d’avancer ».

Après un déjeuner avec le Préfet, Amélie de Montchalin a visité le centre de formation d’apprentis de Charleville-Mézières pour mesurer concrètement les résultats de l’expérience « Un jeune, une solution ». Dans les ateliers où elle a cheminé, elle a rappelé que « l’apprentissage était à ses yeux une filière d’excellence pour permettre à de jeunes stagiaires de réussir leur entrée dans la vie active. « C’est une très belle voie professionnelle ».

Si Lionel Vuibert a concédé que cette opération avait bénéficié aux apprentis déjà embauchés dans des entreprises locales et permis de se rapprocher de l’effectif 2019 (1 217 apprenants) « même si nous avons encore 40 places disponibles », le délégué général de l’U.I.M.M. Champagne-Ardenne a aussi souligné qu’il faudrait « faciliter l’entrée dans les centres de formation de jeunes sans contrat et mieux faire connaître ces structures en mettant tous les acteurs au tour d’une même table pour présenter les différents métiers et des pédagogies différentes des parcours classiques ». Il a aussi mis l’accent sur l’atelier fonderie du lycée Bazin qui permet de former une dizaine de jeunes tous les ans dans un pan vital de l’économie ardennaise en apportant dans les PME locales de la valeur ajoutée tout en en renouvelant leur encadrement intermédiaire.

Restait alors au membre du gouvernement de finir sa tournée ardennaise à la Préfecture pour passer en revue, avec les élus locaux, le baromètre départemental mis en ligne sur le site www.gouvernement.fr et mesurer l’influence des 25 réformes prioritaires de l’Etat sur la vie quotidienne des usagers dans des domaines comme l’emploi, les services publics, la sécurité, la culture, etc. « Afin d’avancer plus vite par la suite en éliminant les éventuelles blocages », a conclu la ministre.

Pascal Rémy

Hervé Lapie confirme que les agriculteurs sont prêts à prendre le virage de la luzerne.