Après plus d’un an de travail, Julie Jeanpierre et Julien Louis ont lancé, début mars, deux semaines avant le confinement, une entreprise de pâtes sèches bio et 100 % franc-comtoises : la première du territoire. La jeune société engagée compte déjà une quarantaine de points de ventes locaux.
Même si les pâtes font souvent partie de la liste des plats préférés des enfants, ce n’est pas la raison de la récente reconversion de Julie Jeanpierre et Julien Louis en maestros de cette spécialité céréalière. Ce jeune couple qui a tenu pendant dix ans un parc de jeux pour enfants sur la zone commerciale de Chateaufarine à Besançon s’est installé à quelques kilomètres de là, dans le village de Torpes, pour se lancer dans l’art de la « pasta ». « Avec notre ancienne activité, nous étions arrivés au bout de l’aventure. Cela ne correspondait plus à nos envies personnelles. Nous avons cédé notre fonds de commerce en 2018 puis nous avons pris le temps de nous recentrer et c’est lors d’un repas de noël avec le frère de Julien que nous avons commencé à nous intéresser à la fabrication de pâtes artisanales, raconte Julie Jeanpierre. Il se trouve que celui-ci est agriculteur en biodynamique dans le sud-ouest. Il vend une partie de sa production céréalière à des producteurs de pâtes locaux. Amateur de cette spécialité italienne nous avons commencé à réfléchir à l’opportunité de créer en Franche-Comté une activité similaire ». Producteurs à la ferme ou regroupés en Société coopérative et participative (Scop), le couple rencontre de nombreux artistes de la pâte. Un tour de France très formateur qui les conforte dans leur envie de se lancer. Dans les objectifs non négociables de la feuille de route de ce duo sensible à l’écologie et au développement durable : travail en bio, en local et sans déchet.
DES PÂTES ENGAGÉES ET GOUTEUSES
Des engagements citoyens qui ont des répercussions sur la recette. « Les pâtes sont habituellement faites à base de blé dur. Or cette variété ne pousse pas sous nos climats, qui ne sont pas assez chaud. Nous avons donc travaillé des recettes à base de blé tendre et de petit épeautre, une céréale qui à la propriété rare de posséder des protéines contenant les huit acides aminés essentiels dont le corps a besoin. De plus, baptisé le caviar des céréales, elle a un petit goût de noix très agréable », précise Julien Louis. Les céréales sont bio et récoltées dans la région puis moulues dans le Jura sur meule de pierre dans l’historique moulin du Val d’Amour. « Les farines moulues sur meule de pierre sont de qualités nutritionnelles supérieures, ce qui les rend plus digestes. Avec cette méthode ancestrale, le grain est moulu entièrement ce qui permet de produire des farines riches en fibres, vitamines, sels minéraux et acides aminés pour un goût unique et une alimentation plus saine », ajoute le couple. Dans leur quête d’authenticité, de goûts vrais et de respect du produit, le binôme a choisi un processus de fabrication italien artisanal et à l’ancienne avec une extrusion sur moule de bronze qui, outre la préservation des valeurs nutritives, permet de donner aux pâtes une surface non lisse qui accroche mieux la sauce : plaisir gustatif garanti ! Le séchage réalisé dans une machine italienne se fait lentement, autour de 12 heures, et à basse température pour préserver les saveurs. Enfin, soucieux de leur empreinte écologique, Julie et Julien ont pensé à l’après, avec un emballage zéro plastique en cellulose de bois, compostable à la maison. Les étiquettes imprimées dans une commune voisine sont sans colle ni agrafes. Au final, on obtient un projet qui leur ressemble, qui a du sens et en accord total avec leurs valeurs.
ENTRE NAISSANCE CONFINÉE ET VRAIE RECONNAISSANCE
Une fois la certification AB obtenue, accompagné par le réseau d’aide à la création d’entreprise BGE Franche-Comté, le couple lance leur activité début mars. Quinze jours après la France se voyait confinée. « Il a fallu nous adapter, trouver de nouvelles manières d’aller à la rencontre de la clientèle. Nous avons mis en place un site de vente en ligne (ce qui était envisagé pour bien plus tard), avec drive sur le site de fabrication ou livraison à domicile sur un certain nombre de communes de Grand Besançon Métropole ». Une stratégie payante pour l’entreprise qui, avant le confinement, avait déjà réussie, en deux semaines, son implantation dans une vingtaine de points de vente francs-comtois. Aujourd’hui les JuJu Pasta sont présentes dans 40 magasins (enseignes de produits bio comme La Vie claire, L’Eau Vive, Biocoop mais aussi dans les petits commerces de produits locaux). « Avec le déconfinement, nous avons choisi d’investir les marchés locaux : le retour a été excellent. Pour la suite, nous allons nous rapprocher des magasins pour des animations à la rencontre de nos clients, lance le duo. Il s’agira ensuite d’élargir notre gamme avec cette idée de développer des pâtes saisonnières associées à des plantes aromatiques cultivées par notre fournisseur local Menthe et Mélisse ou encore chercher de nouvelles céréales comme le sarrasin… ». Aujourd’hui la marque propose cinq variétés de pâtes fusilli, crêtes de coq et tagliatelles complètes ou semi-complètes à la farine de blé tendre ou de petit épeautre dont une à l’ail des ours sauvage cueillit dans le Haut-Doubs.
