Les industries du territoire de Champagne-Ardenne résistent

Les industries du territoire de la Champagne-Ardenne ont globalement bien traversé l’année 2020. Leurs craintes pour l’avenir : les prix des matières premières et la politique gouvernementale entre relance, relocalisation et contraintes de fabrication.

Sur le territoire de la Champagne-Ardenne, l’activité industrielle a diminué de 12% et plus fortement dans les matériels de transport, touchés de plein fouet par la crise de la mobilité. L’UIMM cite le volume de production nationale mesuré par l’INSEE : -28% pour l’automobile et -32% pour l’aéronautique. En région, les carnets de commandes restent en-deçà de la normale et le niveau des stocks, au-dessus de la moyenne, ne bouge pas depuis trois mois. Dans l’industrie, le climat des affaires au début 2021 progresse de quatre points comparativement à octobre 2020 et rejoint le niveau de mars 2020, à la veille du premier confinement. Les industriels ont maintenu leurs prix de vente malgré une hausse remarquable du cours des matières premières. La seconde moitié de 2020 a connu une reprise des investissements portée par les aides du plan de relance. Le taux d’utilisation des capacités de production s’est redressé après l’effondrement du premier confinement. Il est à 75%, en-deçà de sa moyenne de longue période. 

La baisse des effectifs de l’industrie métallurgique champardennaise (34 438 salariés) a ralenti en 2020. Elle s’établit à 0,99%, après 1,81% en 2018 et 1,53% en 2019. À titre de comparaison, la baisse de l’emploi industriel est de 1,7% dans la région Grand Est. Du côté du marché du travail, l’UIMM Champagne-Ardenne évoque la réalité régionale de la fin 2020 avec un taux de chômage en hausse 1,8 point au 3ème trimestre. 

Le Président de l’Union des Industries et Métiers de la Métallurgie de Champagne-Ardenne reste prudent quant à l’avenir. Son doute : l’utilisation du Prêt Garanti par l’Etat. Les entreprises ont-elles déjà consommé cette avance ou l’ont-elles utilisée en renfort de trésorerie ? 

Cette situation plutôt satisfaisante dans l’industrie peut-elle durer ? 

Il nous manque de la visibilité. Comment la Banque de France, au vu des bilans de 2020, va-t-elle coter les entre- prises ? L’activité de l’industrie est bonne aujourd’hui, sans pour autant savoir ce que sera l’économie de demain, après avoir réglé la facture de la crise. Les feuilles de route vont dépendre aussi des décisions gouvernementales. Je pense, notamment, à la volonté de relocaliser ou pas certaines activités. 

Pourquoi l’industrie donne-t-elle l’impression de mieux traverser la crise que d’autres secteurs ? 

La majorité des entreprises industrielles est restée en activité, contrairement à bien des entreprises du commerce, des services, des loisirs ou de l’hôtellerie-restauration. Nous avons réagi dès le premier confinement. Cette crise nous donne une leçon, la France a besoin de son industrie parce que cette dernière sert aussi bien d’autres secteurs d’activité. 

Pourquoi dites-vous en ce début 2021 que le climat des affaires va mieux ? 

Le climat n’est pas plus mal qu’hier ou qu’ailleurs. Mais les marges sont minces. En réalisant les investissements décidés dès avant la crise, nous avons préservé l’outil de travail de l’industrie pour être prêt à repartir dès la relance en route. Le climat favorable, c’est constater que nous allons mieux que d’autres secteurs et que nous sommes prêts pour l’avenir. 

Quels sont les paramètres qui vous échappent pour mieux aborder l’avenir ? 

En premier, le prix des matières premières, avec des augmentations de 30 à 40%. En second, notre dépendance vis-à-vis de certains pays en ce qui concerne des process fins de production. Là aussi, il va falloir relocaliser. 

Un commentaire sur les effectifs actuels de l’industrie ? 

Si globalement les baisses sont contenues, la situation est très hétérogène d’une entreprise à l’autre. Certaines unités de fabrication sont à la recherche de collaborateurs. Il faut reconnaître que les dispositifs pour maintenir l’emploi ont bien mieux fonctionné que durant la crise financière de 2008. 

Vous évoquez un dumping en parlant du Prêt Garanti par l’Etat ? 

La dégradation d’une entreprise trouve sa source dans son manque de rentabilité. Attention aux fausses solutions provisoires. L’endettement va dégrader les bilans. Le PGE peut être une alternative masquant des faiblesses de l’emprunteur et nous arrivons aux échéances de remboursement.