« Les impôts, ça suffit ! »

Dominique Carlac’h, porte-parole et vice-présidente nationale du Mouvement et Lionel Vuibert, secrétaire du Medef. (Photo : Pascal Remy)

À l’occasion de son assemblée plénière, le MEDEF Ardennes recevait Dominique Carlac’h, porte-parole et vice-présidente nationale du Mouvement.

«J’aime bien venir dans les territoires parce que c’est une bonne surface de contact avec nos adhérents. Là, on n’est pas dans la technostructure mais dans la vraie représentativité des chefs d’entreprises locaux. À leur contact, on peut prendre le pouls de l’économie », rappelle Dominique Carlac’h avant d’évoquer les sujets d’actualité.

RÉFORME DE L’ASSURANCE CHÔMAGE

« Elle est entrée en vigueur le 1er novembre et se terminera le 1er avril 2020 selon le déroulé de sa mise en œuvre. En France, on a 8% de taux de chômage contre une moyenne qui est à peu près de la moitié dans le reste de l’Union Européenne. On ne veut pas supporter cela plus longtemps. Ni pour les gens qui recherchent un emploi, ni pour les entreprises cherchant à recru- ter, ni pour la nation pour qui cela a un coût. L’enjeu c’est que les actifs retrouvent le plus vite possible un emploi. Il faut que l’emploi paie plus que l’inactivité. Et il ne faudrait pas restreindre la réforme de l’assurance chômage à la refonte de l’indemnisation. Il serait vraiment obtus de considérer que c’est le seul paramètre à toucher. Deux autres éléments, la formation et la mobilité, peuvent peser. Il faut donc travailler sur ces deux piliers. Aujourd’hui, il y a un problème d’inadéquation entre l’emploi et les employeurs. Il faut arriver à mettre en adéquation les nouveaux emplois et les mutations avec la garantie de l’employabilité. La mobilité est un autre frein à l’emploi. C’est une vraie problématique française ».

LES RETRAITES

« C’est avant tout une réforme démographique. La première question que se posent les gens de ma génération est : Est-ce qu’on aura droit à une retraite ? Et ce n’est pas évident de répondre parce qu’en 1945 pour un retraité, dix actifs cotisaient. Aujourd’hui, globalement, il n’y a plus assez de cotisations pour garantir des lendemains qui chantent. Du coup, il faut revoir les choses. Au MEDEF, on dit : « on veut une réforme équilibrée financièrement, lisible et équitable. Et on a prouvé avec notre caisse de retraite complémentaire privée Agric-arrco que, non seulement on était à l’équilibre, mais qu’on avait même généré 35 milliards d’avance. Que l’on s’inspire de nos bonnes pratiques de gestion. C’est parce qu’on s’acquitte de 100 milliards pour les retraites, qu’on veut être dans la gouvernance et la cour des négociations afin aussi d’éviter une préemption de l’État sur ce qu’on a géré en bon père de famille. On veut par ailleurs que les mêmes efforts soient faits du côté du public pour en finir avec les régimes spéciaux : que tout le monde soit concerné par la réforme tout en prenant en compte les accidents de la vie ».

LA FISCALITÉ LES IMPÔTS DE PRODUCTION

« Bruno Lemaire a pris des engagements sur les impôts de production. Il faut savoir qu’en France à partir du moment où vous ouvrez les lumières de l’entreprise le matin, vous commencez à payer une myriade de taxes sans savoir encore ce que vous avez produit, vendu et fait comme profit ou… perte. Cela représente 72 milliards d’euros. Sept fois plus qu’en Allemagne et, en gros, deux fois plus que tous les autres pays de l’UE. On part donc avec un déficit de compétitivité. En France, on paie 58% de taxes obligatoires. Nous sommes les champions du monde dans ce domaine. Une baisse de l’impôt sur les sociétés ne peut nous suffire ».

SON EXPOSÉ AUX PATRONS ARDENNAIS

« J’ai évoqué les nouvelles responsabilités d’entrepreneurs. Traditionnellement, le MEDEF doit influencer les orientations de politique générale dans le but de dynamiser notre économie, améliorer la compétitivité des entreprises par des dispositifs fiscaux qui les favorisent et enfin gérer les lois sociales : travail, retraite, maladie et chômage. On se rend compte, aujourd’hui, que c’est insuffisant car ça ne résout pas toutes les questions que nous posent quotidiennement les jeunes générations et d’autres parties prenantes environnant les entreprises : les ONG, les réseaux sociaux, les influenceurs. Ces nouveaux corps ont des attentes sociétales qui ne sont pas les mêmes que les nôtres. Il faut anticiper ces sujets, s’interroger et y répondre pour éviter une inadaptation des jeunes générations avec le monde de l’entreprise. Donner un sens à une nouvelle attractivité de nos sociétés ».