« Les gens sont découragés d’investir dans l’immobilier »

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L’Union des propriétaires immobiliers (UNPI) de Côte-d’Or a tenu son assemblée générale, marquant également son 120e anniversaire. L’occasion pour son président, Jean Perrin, de faire entendre une voix critique et sa crainte d’un retrait des investisseurs.

Rénovation des logements, stagnation des loyers, hausse de la fiscalité, complexité administrative. Jean Perrin balaye les sujets de préoccupation des adhérents de la fédération.

RÉNOVER PLUTÔT QUE CONSTRUIRE

« Quand on parle pouvoir d’achat, nous répondons transition énergétique, car si les propriétaires occupants ou bailleurs font des travaux pour la rénovation thermique du bâti, cela jouera sur le pouvoir d’achat des occupants qui payeront moins de charges. D’autre part, nous pensons qu’à Dijon la construction est trop encouragée et pas suffisamment la rénovation ».

STAGNATION DES LOYERS

« Quand on fait l’analyse de l’évolution des loyers sur cinq ans, on s’aperçoit qu’ils augmentent moins que l’inflation, moins que le gaz ou l’électricité. Dans le budget d’un ménage, ce qui est compliqué ce sont les charges, qui ne dépendent pas des propriétaires. À Dijon en particulier, les prix des loyers sont stagnants, voire à la baisse. La rentabilité nette d’un logement locatif est donc très basse, dès lors ne vous étonnez pas si les gens sont découragés d’investir dans l’immobilier ! Si vous avez 20 000 euros de revenu en plus, si c’est du loyer, il vous restera 32 % de la somme après impôts, 45 % si c’est du salaire et 68 % si ce sont des dividendes(1). Il vaut mieux avoir des dividendes que des loyers ! »

FISCALITÉ DÉFAVORABLE

« Avec l’année blanche, les travaux que feront les propriétaires ne seront pris en compte que pour moitié. Et 2019 devrait aussi être à 50 %. On constate déjà que, lors des relocations de logements, seuls 14 % sont rénovés avant d’être reloués, contre presque un tiers auparavant. Il y a dix ans, la CSG sur les loyers n’existait pas, or elle vient de passer à 17,2 %. Et les bases foncières fixées par l’État augmentent. Nous avons aussi une grosse inquiétude sur le sujet de la taxe d’habitation. Elle va disparaître, tant mieux, sauf que les collectivités locales pourraient être tentées d’augmenter les taux de la taxe foncière pour obtenir un peu de recettes complémentaires ».

BAIL NUMÉRIQUE ET PERMIS DE LOUER

« Un bail aujourd’hui ce sont 80 pages, il y a cinq ans c’était quatre pages ! L’État, à travers la loi Elan, prévoit la dématérialisation de tous les baux via une plateforme d’enregistrement sur internet. Nous voyons cela comme une intrusion. Ce qui nous fait bondir aussi, c’est le permis de louer que peuvent instaurer les collectivités (2). Sur le fond, nous sommes d’accord pour louer des logements de qualité, décents, sauf que le permis fait perdre du temps et va coûter de l’argent. On va embêter les propriétaires honnêtes plutôt que les marchands de sommeil. Donnez-nous de l’oxygène, de la liberté, des responsabilités, nous avons besoin d’un équilibre et là, il est malmené ».

(1). Source : UNPI, Politique du logement : entrer en modernité, 2017.
(2). À ce jour, aucune commune de la métropole n’a instauré l’obligation du permis de louer.