Julia MaadiniLes fans de Carotte, ça la botte !

Julia Maadini a créé avec son frère Mateo la plateforme Carte Carotte en 2020.

La co-fondatrice de la plateforme de produits locaux Carte Carotte, basée dans l’Aube, s’est formée en travaillant à l’international.

«Je suis entrepreneuse – on a créé notre start-up, avec mon frère, Meteo – et pourtant je n’ai jamais eu d’ambition entrepreneuriale. Je considère qu’il y a deux sortes d’entrepreneurs : il y a ceux, nés pour ça ; et il y a des gens qui sont tombés amoureux de leur projet et qui ont créé leur entreprise autour de leurs valeurs, de leurs idées. Je fais partie de ceux-là », analyse d’emblée Julia Maadini, la cofondatrice de la plateforme Carte Carotte, dont le but est de démocratiser le bien manger local.

Mais avant de cultiver une communauté de fans de carottes, c’est un tout autre parcours que la jeune femme avait imaginé. Passionnée depuis toujours par les arts plastiques, elle a commencé par suivre une prépa en lettres et sciences économiques, à Nancy, avant de suivre des études supérieures de commerce, spécialisées en management culturel. Afin de travailler dans les institutions comme des galeries, des opéras, des musées, en accompagnant des artistes sur le plan de la communication et du marketing.

VOYAGES À L’INTERNATIONAL

Parmi ses centres d’intérêt figurent ainsi l’art et la culture, avec la volonté de la démocratiser. Le féminisme ainsi que les voyages à l’international façonnent également sa personnalité. « Le féminisme est un combat plus personnel. J’essaie de m’employer tous les jours à en parler autour de moi et à le faire vivre », explique-t-elle.

En 2018, elle intègre l’Alliance française d’Edmonton, à Alberta (Canada), comme assistante communication, chargée de la coordination événementielle. « C’est un réseau ayant pour vocation de faire rayonner la culture française dans le monde entier. C’est très intéressant de travailler en tant qu’expatriée sur sa propre culture. Cela donne une toute autre vision qui permet aussi d’avoir bien conscience des clichés et de mieux se connaître, tout simplement. Surtout quand on est jeune. Cela m’a donné encore plus envie de travailler dans le monde culturel. Mon but au départ était de travailler dans le monde de l’art contemporain », se souvient Julia Maadini.

C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle entre ensuite comme assistante chef de projet à l’ambassade de France à Berlin (Allemagne). « J’ai intégré le bureau des arts plastiques de l’ambassade de France, qui a pour but de soutenir les artistes français qui voudraient se faire connaître sur la scène allemande. Et de travailler sur toute la diplomatie qui peut être liée à l’art », résume-t-elle, tout en décrivant un travail de représentation, essentiellement. « J’ai alors découvert une autre réalité du monde de l’art contemporain, assez superficielle, où l’artiste n’est pas forcément toujours mis en valeur parce que ce sont les intermédiaires qui se placent entre l’artiste et l’acheteur qui vont permettre de façonner l’histoire de l’artiste et son prix. Et qui vont récolter toute la gloire », déplore Julia.

De retour en France, elle réalise qu’elle ne souhaite pas travailler pour une institution ne mettant pas l’artiste et son œuvre au cœur de son travail. Et partira un an à Taïwan pour son dernier stage d’études.

CRÉATION D’ENTREPRISE

« À mon retour, j’avais deux options : soit travailler à Paris, dans une boîte d’événementiels culturels qui était en adéquation avec mon parcours, mon diplôme ; soit me lancer avec mon frère dans l’aventure entrepreneuriale et fonder Carte Carotte autour de ces valeurs du bien manger local, du circuit-court et le souhait de rapprocher le producteur et le consommateur. J’ai fait le choix de l’aventure et je pense que c’est un bon choix jusque là », explique la dynamique entrepreneuse.

C’est en 2020 qu’a germé Carte Carotte. « Avec mon frère, Mateo, l’idée nous est venue parce qu’on a de la la famille dans l’arboriculture. En tant que producteur, quand on veut faire de la vente directe, il faut consacrer une heure de son temps à la communication et à la vente pour une heure de production. Afin d’enlever ce poids au producteur nous avons créé Carte Carotte comme un outil facilitant l’accès des produits aux consommateurs », explique la co-fondatrice. Grâce à la plateforme, les producteurs peuvent se créer gratuitement une boutique en ligne et ajouter autant de points de retrait qu’ils le souhaitent. «Et on aide les municipalités, les collectivités publiques, les parcs naturels régionaux à se doter d’un marché connecté. Celui-ci fonctionne comme un drive de marché grâce à une plateforme (sur notre site internet www.cartecarotte.fr) sur laquelle sont regroupés les producteurs et leurs produits. Les consommateurs peuvent commander, se renseigner sur des produits auxquels ils n’auraient pas forcément prêté attention sur le marché traditionnel. Et le jour du marché, ils peuvent retirer leur commande sur le stand de Carte Carotte », détaille la jeune femme, dont la start-up permet à la fois de dynamiser l’économie locale et de soutenir l’agriculture.

INCUBATION DANS L’AUBE

Lauréate du concours d’entreprises innovantes Plug&Start en octobre 2020, Carte Carotte a ensuite intégré en incubation la Technopole de l’Aube. Sur leur plateforme, le nombre de producteurs est passé de 20 en 2020 à plus de 70 aujourd’hui. 500 comptes consommateurs ont été créés et plus de 1 500 personnes les suivent sur les réseaux sociaux. L’équipe est passée de deux à cinq personnes. Mateo, spécialiste en développement web et qui a entièrement créé la plateforme, est aujourd’hui aidé par Soa. Quant à Julia, qui a créé l’identité graphique de leur entreprise, elle a été rejointe par Paula et Diane (aujourd’hui également associée de la start-up) pour la prospection, le relationnel et la recherche de financements. « On va bientôt lancer une newsletter – avec au programme rédaction d’articles, gestion des posts et des réseaux sociaux ».

Parcours

1996 Naissance à Ambert (Puy-de-Dôme).
2014-2016 Classe prépa lettres et sciences économiques, à Nancy.
2016-2019 Master en management spécialisation culturelle (Burgundy School of business).
2018-2019 S’expatrie au Canada, en Allemagne puis à Taïwan.
2020 Création de la start-up Carte Carotte. Incubation de l’entreprise à la Technopole de l’Aube.