Les experts-comptables soutiennent les TPE/PME en difficulté

Guillaume Gellé, président de l’Université, Fabienne Blaise, rectrice déléguée à l’enseignement supérieur, Sandrine Cloarec, directrice du Crous de Reims et Olivier Brandouy, recteur de l’académie de Reims.

L’ordre des experts-comptables de la région Champagne, à la suite de la crise sanitaire et économique qui menace les petites et moyennes entreprises, réactive le CIP (centre d’information sur la prévention des difficultés des entreprises). Une permanence est ouverte les quatrièmes jeudi de chaque mois, à Reims, Châlons et Troyes.

Au quotidien, un expert-comptable « accompagne les obligations comptables, fiscales mais aussi sociales des entreprises, collectivités, associations, libéraux », détaille Alain Fontanesi, vice-président de l’ordre des experts-comptables du Grand Est. « Son rôle premier est la tenue de la comptabilité, qui se fait aujourd’hui de plus en plus de manière dématérialisée, notamment avec la crise du Covid-19, à laquelle il a fallu rapidement s’adapter », indique-t-il. « La crise économique et les nombreux dispositifs auxquels ont pu prétendre les entreprises ont accéléré la mutation des cabinets dans la transition numérique », note pour sa part Carole Corbon, experte-comptable qui insiste aussi « sur la mobilisation constante des collaborateurs pendant les mois de confinement, où il a fallu répondre extrêmement présents devant la variété des situations et des réponses apportées par le Gouvernement ».

UNE DIFFICILE ANTICIPATION

L’ordre a ainsi fait part des difficultés rencontrées sur le terrain par les experts-comptables dans l’application de certains textes, faisant remonter les informations au ministère de l’Économie et des Finances.

Si les dispositifs (Fonds de solidarité, PGE, chômage partiel, report de certaines échéances) ont été salvateurs pour bon nombre d’entreprises, « aujourd’hui, il est extrêmement difficile de mettre en place des prévisions », juge Alain Fontanesi. La priorité du moment est donc de faire de la prévention, en anticipant les difficultés qui vont nécessairement se faire jour avec les premiers paiements des échéances du PGE, au mois de mars. « Comme les entreprises ont été mises sous perfusion », file la métaphore sanitaire Alain Fontanesi, « il n’y a quasiment pas eu de dépôts de bilan, même pour les structures qui étaient fragilisées. Mais en 2021, ça risque de ne plus être le cas. » C’est pourquoi, en accord avec le Tribunal de Com- merce, les Chambres consulaires mais aussi l’Ordre des avocats, les experts-comptables de la région Champagne réactivent le Centre d’information sur la Prévention des difficultés des entreprises (CIP), quelque peu tombé en désuétude, ces dernières années.

UNE PERMANENCE ANONYME

Celui-ci réunira un trinôme composé d’un avocat, d’un expert-comptable ainsi que d’un juge du Tribunal de Commerce. « L’objectif est d’assurer une permanence anonyme et bénévole, où pendant un entretien de 45 minutes, nous recevons le chef d’entreprise. Nous faisons un diagnostic de sa situation et l’aiguillons vers la solution ou le dispositif le plus adapté », explique Alain Fontanesi. « Cette permanence est destinée à écouter, soutenir et orienter les entrepreneurs en difficulté. » Le CIP évaluera ainsi la trésorerie de l’entreprise et sa capacité à faire face à l’avenir. « L’idée est de dire que l’on va anticiper un maximum grâce à la mise en place de procédures comme le mandat ad hoc ou la conciliation », explique pour sa part Emmanuel Brocard, avocat à la cour. « Toutes ces procédures sont confidentielles, l’entrepreneur n’a donc pas de craintes à avoir sur la divulgation d’informations. »

Autre aspect du CIP, outre l’aspect fiscal, c’est également une approche psychologique dont seront chargés les professionnels, grâce au dispositif APESA France, initié par les Tribunaux de Commerce, car « bien souvent, une entreprise c’est l’œuvre d’une vie. Vie professionnelle et vie personnelle sont liées ». Le but est « d’aller au-delà des difficultés économiques, d’éviter le burn-out des chefs d’entreprise et de prévenir une grave détresse psychologique. » La plus-value du CIP est donc son approche transversale des difficultés avec plusieurs corps de métiers réunis pour poser un diagnostic. « On a besoin d’une personne du chiffre, d’une personne du droit et d’un juge consulaire pour avoir une vision panoramique », souligne Alain Fontanesi. « C’est vraiment important d’avoir un recul de la situation car parfois l’expert-comptable n’est pas forcement formé à certains sujets et en plus, si son client n’est plus en mesure de le payer, la situation va empirer. Le CIP permet donc un regard extérieur », insiste Carole Corbon.

CIP, tous les quatrièmes jeudi du mois, à l’Ordre des experts comptables, de Reims, Châlons ou Troyes. Tel : 03 26 85 18 78