Le bilan 2018 des principaux indicateurs économiques et les avis des entreprises sur 2019 font globalement état d’une activité régionale dynamique selon la Banque de France.
En 2019, les entreprises du Grand Est prévoient globalement une amélioration de leur situation selon l’enquête menée par la Banque de France. De manière générale, les indicateurs sont positifs comme les cotations de la Banque de France : « 61 % ont une cote éligible dans la Marne, cela signifie que nous prêtons à 0 % à leur banque pour que celle-ci leur accorde des crédits ». Nicolas Resseguier, directeur départemental de la Banque de France de la Marne précise que ce ratio est similaire avec la moyenne régionale et celle de la France. « Les encours de crédits sont dynamiques (+4 % en 2018) dans le département et représentent 14 101 M€ (22 714 M€, +4,6 % en Champagne- Ardenne), mais la situation est plus compliquée pour les TPE ».
Si la Marne tire son épingle du jeu dans son ex-région (1 686 M€, +1 %), elle est deux fois moins dynamique que le Grand Est (+2,3 %) et quatre fois moins que la moyenne nationale dans les crédits des TPE. « C’est difficile à expliquer, le territoire manque peut-être d’entreprises sur des secteurs porteurs ? Ou cela correspond à la faiblesse démographique ? », s’interroge le directeur de l’organisme. Un autre indicateur inquiète, celui des défaillances (+3,7 % dans la Marne et même +12,2 % en Champagne-Ardenne) en 2018, alors qu’elles diminuent dans le Grand Est et en France.
Les entreprises marnaises ne signalent en tout cas pas de difficulté majeure à obtenir leur financement. Si la médiation du crédit a permis de traiter 303 dossiers et de trouver une solution dans plus de la moitié des cas (27,8 M€ de crédits débloqués, 1 928 emplois concernés), la Banque de France ne reçoit que deux dossiers par mois.
OPTIMISME DANS L’INDUSTRIE ET LA CONSTRUCTION
Dans l’industrie par exemple, la croissance serait de 4,2 % contre 1,5 % en 2018. « Attention toutefois car l’an dernier, les industriels ont été trop optimistes dans leurs prévisions. La progression de l’activité à l’export est toutefois un bon signe pour 2019 », analyse-t-il. La rentabilité devrait, elle, aussi progresser pour 36 % de sociétés alors qu’elles étaient plus nombreuses à signaler une diminution (30 %) en 2018. Les gains de productivité réalisés par la mécanisation n’entraînent cependant pas une hausse des effectifs, avec même une baisse prévue de 13 % du recours aux intérimaires.
Dans le secteur de la construction, 2019 devrait confirmer (+2,4 %) la croissance d’activité de 2018 avec une inversion notable liée aux cycles d’activité dans la profession : le gros œuvre devrait croître cette fois plus rapidement que le second œuvre. La tendance positive se vérifierait aussi dans les travaux publics (+2,2 %). « 2018 a permis de reconstituer les effectifs (+2,9 % et +5,9 % d’intérimaires) mais les entreprises prévoient un tassement de leur personnel et même une baisse de 8,1 % du nombre d’intérimaires en 2019 », complète Nicolas Resseguier. Cela s’explique peut- être par une prévision de rentabilité moins dynamique (22 % d’entreprises annoncent une hausse contre 34 % en 2018) et une décroissance accrue des budgets d’investissements (-17,8%).
DYNAMISME DES SERVICES MARCHANDS
Dans les services marchands (transport et entreposage, information communication, intérim…), la croissance serait toujours forte (+4,7 %) en 2019. « Dans ce secteur, la hausse d’activité se traduit par une progression des effectifs (+3,2 % en 2018, +3,6 % cette année) », observe Nicolas Resseguier. D’autant plus que seules 10 % des entreprises craignent une diminution de leur rentabilité alors qu’elles sont près de deux fois plus nombreuses (41 %) à annoncer une amélioration. Après une forte chute en 2018 (-14,1 %), la baisse des investissements s’atténuerait (-3,3 %) dans les services.
Perspectives internationales
Les économies émergentes se portent toujours mieux que celles dites avancées avec une croissance de 4,7 % contre 2,3 % en 2018. Néanmoins, des enquêtes ont fait état d’un ralentissement de l’activité mondiale en 2018, la dégradation est notamment très forte aux Etats-Unis suite au shutdown en décembre. Même la Chine marque le pas. « La Banque de France estime que la politique américaine est incohérente avec des mesures de relance alors que la croissance était déjà forte. Cela a augmenté le déficit et les taux d’intérêt », observe Nicolas Resseguier. Quant aux incertitudes du Brexit, il estime ce projet « dommageable pour l’économie britannique mais aussi pour l’Europe ». Autres inquiétudes : le déficit public italien et la montée du protectionnisme.
Tendance à l’amélioration en France
Si le PIB a moins augmenté en 2018 (+1,5 %) qu’en 2017 (+2,3 %) et que la tendance devrait être similaire en 2019, des indicateurs sont positifs comme l’investissement soutenu tant de la part des entreprises (+3,9 %) que des ménages (+1,5 %). L’export devrait accélérer un peu en 2019 (+3,6 %) par rapport à 2018 (+3,2 %), sans pour autant rattraper le niveau de 2017 (+4,7 %). « Le pouvoir d’achat va augmenter d’1,5 % en 2019 », ajoute Nicolas Resseguier, qui rappelle que la situation des ménages marnais est bonne au niveau des crédits à l’habitat (824 M€en 2018, +4,3 %) et que les dossiers de surendettement sont en baisse (-5,6 %). Globalement les conditions de crédits restent très favorables avec des taux de nouveaux crédits bancaires inférieurs à 2 % pour les PME et d’environ 1 % pour les groupes. Ces conditions permettent aux sociétés non financières françaises d’avoir le taux de croissance du crédit le plus élevé des grands pays de la zone euro : la France (+6,1 %) devance l’Allemagne (+5,2 %) ou encore l’Italie (+1,1 %). « La relance des investissements des entreprises est une bonne nouvelle. Le CICE a notamment permis de constituer les marges et d’engendrer une croissance durable », apprécie le directeur de la Banque de France dans la Marne. Si les TPE ont un peu plus de difficultés à obtenir leurs crédits de trésorerie (65 % de satisfaction fin 2018), ceux à l’investissement ne posent pas de difficultés. En terme d’emploi, les PME déplorent leur difficulté à trouver du personnel qualifié, bien plus que de trouver des consommateurs ou de devoir faire face à la concurrence. Le taux de chômage (9 %) devrait toutefois avoir tendance à diminuer d’ici 2020.
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