Les entreprises du bâtiment peinent à former et à recruter

Amandine Badet préside la FFB Reims qui fédère 230 adhérents (3 000 salariés).

Entre problématiques locales et revendications nationales, la FFB Reims fait le point sur l’actualité des entreprises de la filière.

50 contrats d’apprentissage proposés par les entreprises du bâtiment au CFA de Reims n’ont pas trouvé de candidat en 2018. Amandine Badet, présidente de la FFB locale, déplore aussi la difficulté à trouver douze volontaires pour une formation de couvreurs malgré une promesse d’emploi. « En 2019, une quarantaine d’emplois sont à pourvoir » avec des sessions de POEC (Préparation Opérationnelle à l’Emploi Collective) étendue aux métiers de maçons, étancheurs et électriciens.
Concernant l’activité de la profession, la FFB Reims explique travailler avec la Ville de Reims sur différentes problématiques comme le manque de lisibilité de la redevance pour la pose d’un échafaudage ou d’une palissade. « D’ici l’été 2019, nous devrions avoir de nouvelles règles et une tarification plus claire », apprécie la présidente qui annonce aussi la possibilité de bénéficier d’abonnements pour le stationnement des véhicules de chantier. Autant d’améliorations qui soulageront les entreprises qui annoncent « un tassement de l’activité » en 2019 et notamment « le décrochage de l’entretien du logement en raison des tergiversations gouvernementales ». Sans oublier la réglementation qui freine la construction du logement, « alors qu’il faudrait sept siècles pour remplacer le parc existant ».

DIVERGENCES SYNDICALES

Avec 230 adhérents et plus de 3 000 salariés, la FFB Reims revendique aussi le droit de se faire entendre. Amandine Badet n’a pas manqué de marquer ses divergences avec un autre syndicat patronal, la CAPEB. Concernant la formation, elle cible notamment le souhait de l’organisation concurrente « que la formation des TPE du bâtiment soit gérée par l’OPérateur de COmpétence services de proximité » au lieu de l’opérateur Construction comme les autres entreprises. Même combat sur la convention collective où la FFB dénonce le projet de création d’une convention différenciée pour les TPE : « Lorsque l’on est majoritairement financé par les fonds publics, on risque d’oublier plus facilement l’intérêt des adhérents ».

QUALITÉ DE L’AIR INTÉRIEUR : UN ENJEU MAJEUR POUR LA SANTÉ
En moyenne, nous passons 80 % de notre temps à l’intérieur des bâtiments, sans pour autant nous préoccuper de l’air que nous y respirons. « L’énergie et l’environnement sont pris en compte dans la conception des bâtiments mais pas la santé des occupants », constate l’ingénieure Claire-Sophie Cœudevez, co-diri-geante du bureau d’études Médiéco. « Plus de 14 000 décès sont liés aux particules de l’air intérieur selon l’ANSES. Six polluants représentent un coût de 19 Md€ par an, 3,5 millions de personnes sont asthmatiques, 30 % de la population est allergique… si tout n’est pas lié au bâtiment, il a un rôle à jouer ». La spécialiste observe d’ailleurs que « l’air intérieur est cinq fois plus pollué qu’à l’extérieur ». Pour y remédier, Claire-Sophie Cœudevez insiste sur la nécessité de bien ventiler le bâtiment, de filtrer l’air entrant, de faire attention aux matériaux de construction mais aussi à ceux du mobilier… « Les appareils de combustion et les produits d’entretien sont aussi des sources de pollution », ajoute celle qui souligne un autre point de vigilance : le taux d’humidité pour éviter les moisissures. « Sur ce point, il faut aussi adopter de bonnes pratiques sur les chantiers et mesurer la qualité de l’air d’un bâtiment à la réception », explique l’ingénieure. Plus globalement, elle invite à adopter une approche santé globale pour limiter le bruit, permettre l’intimité et la convivialité, inciter à prendre l’escalier plutôt que l’ascenseur…