Les courtiers, toujours plus incontournables

Franck Hagard et Jean-Pierre Dargent, co-présidents du SPCVC. Photo: Benjamin Busson.

Alors que la part d’engagement du vignoble au kg progresse d’année en année, les courtiers en vin de Champagne restent résolument attachés à accompagner leurs clients dans une démarche de qualité.

À l’heure de la signature des renouvellements des contrats interprofessionnels pour la période 2019-2023, régis par la Décision interprofessionnelle 187 du Comité Champagne, une nouveauté d’importance a fait son apparition en Champagne. « Dans le cadre de la mise en place de cette décision, le Comité Champagne nous a consultés en amont pour la première fois. C’est pour nous le gage d’une véritable reconnaissance de l’expertise du courtier dans la filière », précise Franck Hagard, co-président du SPCVC (Syndicat professionnel des courtiers en vins de Champagne). Par ailleurs, début 2019, dans sa volonté de redonner la main aux interprofessions dans le cadre de la loi Agriculture et Alimentation (dite Egalim), le législateur donne satisfaction aux Champenois, dans un contexte particulièrement inédit.

« On observe de grands mouvements de fond avec les ventes du vignoble qui ont baissé de plus de 20 millions de bouteilles entre 2008 et 2018 et les coopératives qui sont passées de 30 à 28 millions de cols », notent les courtiers champenois.
Ces baisses sont essentiellement dues au marché français, ne voient pas la perspective du Brexit éclaircir leur horizon et ne sont pas compensées par la progression notable des pays tiers, ces derniers étant encore peu accessibles aux vignerons. Preuve de l’impact de ces baisses des ventes sur le comportement des vignerons, les taux de réengagement de vente du raisin au kg ne cessent de progresser : « Ces taux battent des records tous les ans. On avoisinait les 62% en 2018 et on pourrait atteindre les 65% en 2019 ».

CONSEIL, QUALITÉ ET ACCOMPAGNEMENT

Sachant que près de 75% des transactions passent par l’intermédiaire des courtiers, on pourrait croire que ces derniers se frottent les mains au regard d’une telle situation. Il n’en est rien et les professionnels de la relation entre Vignoble et Négoce attirent davantage l’attention sur la nécessité de préserver l’équilibre entre les acteurs champenois. Cela passe aussi par le métier de courtier en perpétuelle évolution depuis des années pour apporter conseil et expertise aux deux parties.

« Jusqu’à aujourd’hui toute une croissance de la Champagne était liée aux volumes. Ça n’est plus le cas et il y a une évolution sociétale et environnementale des consommateurs », explique le co-président du SPCVC Jean-Pierre Dargent.

Les courtiers sont à la fois sollicités par les Maisons pour répondre à une recherche de traçabilité et de qualité des raisins, et deviennent de plus en plus incontournables en matière de conseil auprès des vignerons livreurs de raisins. « Nous sommes déjà très présents sur l’accompagnement technique, on nous demande de l’être encore plus au niveau de la qualité du raisin », précise- t-il.

« La Champagne fait beaucoup de choses, notamment en matière environnementale mais elle ne le dit pas assez, ajoute Franck Hagard. Aujourd’hui nous nous intégrons dans une démarche d’accompagnement du vignoble, pour une certification environnementale, qui peut amener une amélioration de la valeur, recherchée par le Négoce à la demande du consommateur ». En Champagne peut-être plus qu’ailleurs, le courtier s’annonce de plus en plus comme un guide incontournable dans le cheminement du cep à la flûte.