Les circuits courts plaisent aux consommateurs

Les producteurs du magasin Sacrés Fermiers envisagent l’ouverture d’une deuxième boutique.

À l’image du magasin de producteurs Sacrés Fermiers (Cernay-lès-Reims), la vente en circuits courts séduit les consommateurs.

De la vente à la ferme à la cueillette dans l’exploitation en passant par les livraisons de paniers et les distributeurs automatiques de produits locaux, il existe de nombreuses façons de consommer en circuits courts. Dans l’agglomération rémoise, des agriculteurs dirigent même leur propre enseigne pour commercialiser directement leur production aux consommateurs.

Depuis son ouverture en 2015, le magasin Sacrés Fermiers ne cesse de progresser et devrait atteindre les 2 M€ de chiffre d’affaires en 2019. Il fédère aujourd’hui 50 exploitants dont 20 associés à la gestion de la boutique située à Cernay-lès-Reims. « Notre gamme s’est étoffée par le nombre d’exploitations mais aussi par la diversification. Fruits, légumes, viande, produits laitiers, épicerie, nous pouvons répondre aux attentes des clients. Tous nos producteurs sont situés dans un rayon de 100 km », présente Alexandre Blondeau, lui même éleveur de chèvres à La Chaussée-sur- Marne, entre Châlons et Vitry-le-François.

Ce qui fait la grande force du groupement, c’est avant tout « la qualité des produits » selon celui qui place ensuite la présence des exploitants en boutique comme un autre point fort : « Nous faisons de la pédagogie active auprès des clients. Les consommateurs veulent de plus en plus savoir ce qu’ils mangent et les conditions de production. En étant sur place nous pouvons expliquer nos modes de fonctionnement ». Avec trois salariés et trois bouchers professionnels pour assurer un service optimal, le magasin permet de diversifier la clientèle des producteurs.

« Beaucoup vendent sur des marchés mais aussi dans la distribution. La part du magasin dans leur activité diffère selon les produits », indique celui qui a vu les ventes de ses fromages de chèvre fortement augmenter grâce aux Sacrés Fermiers. L’exploitant fournit également des moyennes surfaces et se trouve même être un des rares agriculteurs locaux à placer ses produits à Grand Frais.

Conscient des efforts de communication des grandes enseignes de la distribution sur la présence de produits de producteurs locaux dans leurs rayons, Alexandre Blondeau se veut philosophe en estimant que cela contribue à sensibiliser la clientèle. « Grâce à la boutique, nous fournissons des hôtels, des restaurants et d’autres professionnels comme Sodexo qui gère la boutique de la polyclinique de Reims Bezannes ».

DÉVELOPPEMENT D’UNE NOUVELLE CLIENTÈLE

S’il estime que différents profils de consommateurs existent et comprend que certains sont plus habitués à la grande distribution, il insiste sur la devise de la boutique : « qualité haute, prix moyen », avec pour autre slogan « manger mieux pour vivre mieux ». Il ne pense donc pas que les produits des Sacrés Fermiers soient beaucoup plus chers ou, quand ils le sont, c’est en raison d’une qualité nettement supérieure. « Nos clients viennent principalement du Grand Reims et des alentours. Au départ, nous avions surtout une clientèle âgée mais nous recevons de plus en plus de jeunes », ajoute-t-il. Pour fidéliser tous ses clients, la boutique ne mise pas sur les promotions mais organise plutôt diverses fêtes « pour entretenir les bonnes relations et partager nos valeurs ».

Parmi les pistes en réflexion, les agriculteurs envisagent d’ouvrir une deuxième boutique dans l’ouest de l’agglomération et étudient la possibilité de mettre en place un système de drive qui plaît à certains consommateurs « mais représente un défi logistique pour les producteurs ».

LE DRIVE FERMIER EN VOGUE DANS LES ARDENNES
Après un drive fermier ouvert à Charleville-Mézières en 2015 et un deuxième à Sedan fin 2016, les Ardennes disposent depuis avril 2019 d’un troisième site pour venir acheter des produits locaux (fruits et légumes, viande, produits laitiers…) à Vouziers. Ce dernier fédère 14 producteurs de l’Argonne désireux d’obtenir de nouveaux débouchés en touchant une clientèle différente de celles des marchés et de la vente à la ferme tout en permettant à ces consommateurs de s’alimenter en circuits courts. Le principe est simple, les clients commandent sur www.drive-fermier.fr/vouziers/ puis retirent leur commande chaque jeudi.

Thaas Chips, une production locale prometteuse
David et Emmanuel Bourdelet diversifient leur exploitation agricole marnaise en transformant leurs pommes de terre en chips pour le marché premium.
Dans l’exploitation familiale créée par leur père à Thaas (sud-ouest marnais) qu’ils ont développée avec d’autres terres dans l’Aube, les pommes de terre de David et Manu Bourdelet sont principalement destinées à l’industrie. « Depuis 2017, nous avons réfléchi à nous diversifier par de la transformation pour vendre nos propres chips », explique Emmanuel Bourdelet. Pour créer cette chips champenoise, la difficulté a été de trouver une petite ligne de production pour démarrer leur activité : « Nous avons rencontré un fabricant qui nous a permis d’avoir une machine pour les cuire à basse température, ce qui donne un meilleur goût et rend les chips moins grasses et moins salées ». Ils ont ainsi investi 250 000 euros dans leur atelier de production, opérationnel depuis début 2019 et qui arrive déjà à saturation en raison du succès rencontré par leur produit. « Nous transformons 100 kg par jour et nous allons largement dépasser les 20 tonnes de production annuelle que nous pensions réaliser. Nous avons commencé par vendre en circuits courts (Ruche qui dit oui, locavore…) avant d’être présents en épicerie fine et dans la grande distribution, dans le sud-ouest marnais mais aussi à Reims (par exemple au Leclerc Saint-Brice ou au Cora de La Neuvillette) ou Châlons-en-Champagne ». Thaas Chips, qui a pour slogan « C’est ta chips » en raison de la prononciation du nom de leur commune, peut également s’acheter en direct sur leur site internet qui référence les différents points de vente. Les deux frères mettent également en avant leur agriculture raisonnée et leur fonctionnement en circuit court, sans transport de la matière première. Ils ajoutent un autre argument pour une clientèle professionnelle : la possibilité d’utiliser les paquets comme support de communication car « le packaging peut être personnalisé, offrant ainsi un support que le consommateur peut découvrir en dégustant ses chips ». Si cette activité reste marginale et représente 1 % de leur production de pommes de terre, son succès pourrait rapidement pousser les agriculteurs à augmenter leur capacité de production.