Les buralistes deviennent des commerçants de proximité

Comme bon nombre de ses confrères, Pascal Brie a déjà bien engagé la diversification des activités dans son point de vente (ici devant une borne du compte bancaire Nickel). (Photo : Laurent Locurcio)

Un fonds de transformation et des aides doivent permettre à la profession de faire face à la baisse continue de la vente de tabac en créant de nouvelles activités.

Passer du métier de buraliste à celui de nouveau commerçant de proximité est l’objectif d’un fonds de transformation de 20 millions par an, courant jusqu’en 2021, financé par les pouvoirs publics. « Nous sommes des préposés de l’Administration puisque nous vendons du tabac pour le compte de l’Etat », rappelle Pascal Brie.

Président des buralistes de l’Aube, il n’a pu que constater la baisse continue des recettes de vente de tabac au fil des ans. Moins de fumeurs, certes, mais aussi une hausse spéculaire du marché « parallèle » – et illégal – estimé à 25 % de la consommation. « Et ce n’est pas fini avec la hausse programmée du paquet de tabac jusqu’en 2021 », fait remarquer ce buraliste installé dans l’agglomération troyenne, à Saint-André-les-Vergers. Pour les 148 bureaux de tabac aubois, l’avenir passe par une indispensable diversification. Le fonds de transformation devrait les y aider, grâce à une aide plafonnée à 33 000 euros et à 30% des dépenses engagées (40 % pour les buralistes réalisant moins de 400 000 euros de ventes de tabac par an). « Avant de se lancer, il faut bien réfléchir et bien préparer son projet par rapport à sa propre situation », précise Pascal Brie. D’ailleurs un audit doit obligatoirement être réalisé avant de pouvoir présenter son dossier. Dans l’Aube, la CCI peut réaliser ce type d’audit portant sur trois axes que sont l’analyse du point de vente et de son environnement, l’étude de la zone de chalandise ainsi que la définition et la priorisation des activités liées à la transformation. Au niveau national, une convention a été signée entre les CCI et la Confédération nationale des buralistes pour la réalisation des diagnostics.

QUELLES ACTIVITÉS ?

Le chiffre d’affaires de la vente de presse ayant tendance à stagner, sinon à diminuer, les buralistes se sont déjà tournés vers d’autres activités. « Je suis point-relais pour la livraison de colis, j’ai une borne pour les comptes-bancaires Nickel et je distribue même du pain lorsque la boulangerie est fermée », indique Pascal Brie. Pour le président des buralistes aubois, il est possible d’aller encore plus loin. « Nous sommes encore bien présents en zone rurale où nous pourrions apporter davantage de services », ajoute-t-il. Par exemple en proposant des solutions pour retirer de l’argent liquide dans les villages où les distributeurs de billets disparaissent progressivement. La SNCF vient de proposer aux buralistes de vendre les billets de trains. « Pour l’Aube et la Marne c’est encore à l’étude, même si le Grand Est fait partie des régions retenues, mais cela va se faire certainement », confie le président des buralistes aubois, de retour d’une réunion à Paris sur le sujet.

SERVICES BANCAIRES

Les services bancaires semblent offrir quelques perspectives de nouvelles activités pour les buralistes. Preuve en est le succès du compte Nickel. Lancé en 2014, ce compte bancaire qui s’ouvre en cinq minutes a déjà séduit près de 80 000 clients, qui sont passés chez l’un des 434 buralistes du Grand Est qui ont accepté de le distribuer. Un succès qui ne se dément pas puisque ce sont 1700 nouveaux comptes bancaires Nickel qui sont ouverts chaque mois chez les buralistes du Grand Est. Un compte qu’il est possible d’ouvrir sans conditions de revenus ou de patrimoine, qui convient aux demandeurs d’emploi et aux personnes sans revenus réguliers (39 % des clients), aux étudiants (7%), mais également aux cadres, employés et fonctionnaires (34%) et aux retraités (12%).