Les Ateliers du Lac redonnent des couleurs au secteur textile

Robert Nadal a fondé avec Isabelle Nadal Les ateliers du Lac à Fonsorbes.

Isabelle et Robert Nadal ont créé leur fabrique de textile de maison, Escapades Champêtres à Fonsorbes (31) en 1998. Les ventes liées à la décoration ont marqué le pas ces derniers mois, tandis que les besoins en masques pour répondre à la crise sanitaire ont explosé. Les idées se bousculent pour développer le marché et relancer la filière.

«Nous sommes tombés dans le chiffon très jeunes, » s’amuse Robert Nadal. Isabelle Nadal a commencé sa carrière comme modéliste à la Bonneterie agenaise, une entreprise florissante qui employait 300 personnes. Robert Nadal, brodeur de formation, exerçait le métier de styliste pour les marques Liberto et Chipie.

Dans les années 90, tous deux assistent au déclin du secteur textile : « les grandes griffes délocalisaient en Asie pour produire moins cher », explique Robert Nadal. Créatifs, inventifs, il leur tardait de donner naissance à leur propre marque. Ils s’installent à Fonsorbes, au sud-ouest de Toulouse, et ouvrent leur premier atelier en nom propre. « On a musclé notre effectif : couturières, mécaniciennes en confection… au plus fort de l’activité nous étions 17 et trois commerciaux. » 

UNE CLIENTÈLE DE MAISONS D’HÔTES 

L’essentiel des ventes se fait en boutique. En 2009, Robert Nadal se forme à la vente en ligne et crée son site internet. Les ventes à distance d’Escapades Champêtres représentent aujourd’hui 10 % du chiffre d’affaires.

Isabelle et Robert Nadal ont choisi de se positionner sur un marché de niche en proposant du sur-mesure et des textiles brodés en lin. Le succès est immédiat dans le Lubéron comme sur la Côte Atlantique… « Toutes les maisons de l’Île de Ré affichent des rideaux Escapades Champêtres », s’amuse Robert Nadal. « Sur certains exercices, nous avons atteint 700 000 € de CA. » Mais en mars 2020, la pandémie arrive, tout s’arrête. Les deux créateurs ont bien cru que le confinement aurait rai- son de leur activité. 

« ON A GAGNÉ DES MARCHÉS CONTRE ÉMINENCE » 

Boutiques et ateliers fermés… Impossible de se projeter. Sensibilisé par le manque criant de masques dans les Ehpad, Robert Nadal fabrique un modèle lavable en forme de portefeuille permettant d’y insérer un filtre. Il sera homologué par la DGA. Son réseau de couturières et ses salariés se mobilisent : les ateliers offrent des masques aux Restos du cœur de la Haute-Garonne, de l’Aude, aux Secours populaire et catholique. « On a donné 4 000 masques », confie-t-il. Le responsable de la pharmacie du CHU Purpan contacte alors les ateliers et passe commande de 16000 masques. Répondant à un appel d’offres, les Ateliers du Lac l’emportent devant Eminence. « Nous sommes entrés dans une sorte de cyclone, explique Robert Nadal. On recevait des commandes de 80 000 pièces. On a refusé 10 à 20 fois notre capacité de production. » De fin avril jusqu’au mois d’août, l’entreprise produira 40 000 masques. 

DÉJÀ 7 500 COMMANDES POUR L’HIVER 

Les ateliers ont trouvé leur rythme de croisière, installés dans des locaux plus spacieux de 500 mètres carrés. Isabelle et Robert Nadal proposent des kits de masques pour les couturières professionnelles. Vendus 1,20 €, elles peuvent ainsi appliquer leur marge.
Les commandes de ces derniers mois ont permis de garder les salariés. L’équipe va produire des masques et des surblouses. Isabelle et Robert Nadal travaillent en effet avec Adient à Laroque-d’Olmes, ancien bastion textile en Ariège, sur la fabrication d’un tissu contenant de la fibre de carbone, son maillage très serré permettant de filtrer les particules les plus fines.

Embaucher ? Robert Nadal y songe. La reprise du secteur textile en France émanera des petites mains. « Nous avons 800 couturières dans la région. Si on arrive à dynamiser le secteur, certaines vont se lever et redonner vie au textile made in Occitanie. Nous n’avons pas besoin d’un décret pour enclencher cette dynamique », Robert Nadal en est persuadé.