Les ambitions de la Commission en matière de commerce international

Valdis Dombrovskis

Valdis Dombrovskis, nouveau commissaire européen au commerce.

La Commission européenne prône plus que jamais le multilatéralisme.

La Commission européenne a présenté une mise à jour de sa politique commerciale en réaffirmant son attachement au libre-échange et au multilatéralisme. Bruxelles veut renforcer sa lutte contre les politiques commerciales déloyales et mettre un accent plus net sur les enjeux écologiques et numériques. La Com- mission entend désormais avoir une plus grande fermeté face à la concurrence déloyale tout en maintenant une exigence d’ouverture et une approche multilatérale. La coopération et l’ouverture doivent rester au cœur du modus operandi européen et l’exécutif européen croit fermement à la théorie des avantages comparatifs selon laquelle les pays peuvent mutuellement tirer profit du commerce international. L’exécutif européen a conscience que 85 % de la croissance mondiale se fera en dehors de l’Europe au cours de la prochaine décennie et que la tentation de repli sur soi-même n’est pas la solution. Pour le commissaire au commerce Valdis Dombrovskis, économiste de formation, un « commerce ouvert et fondé sur des règles » pourrait contribuer au retour à la croissance et à la création d’emplois post- pandémie de Covid-19. La Commission souhaite sauver le cadre multilatéral, ce qui implique une réforme en profondeur de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle pourrait bénéficier d’une conjoncture favorable avec la récente nomination de la nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, comme nouvelle directrice générale de l’OMC et, surtout, le changement politique à Washington, où Joe Biden a remplacé Donald Trump, farouche opposant au multilatéralisme. Bruxelles fait aussi le choix de la diversification des partenaires en continuant le dialogue avec la Chine, l’Inde et les pays africains. Accusée d’avoir, trop longtemps fait preuve de naïveté la Commission entend se prémunir contre la concurrence déloyale en renforçant les outils de défense commerciale de l’Union européenne.

Le premier dispositif serait un instrument anti-coercition visant à adopter des mesures de dissuasion qui pourraient toucher le commerce ou les investissements de pays menaçants. Le second est le règlement sur les mesures anti-dumping qui constituent une riposte efficace contre la concurrence déloyale et vise essentiellement la Chine car sur les quelque 150 procédures anti-dumping et antisubventions en cours, les deux tiers concernent des entreprises chinoises. Pour compléter l’arsenal à sa disposition, la Commission souhaite également mettre en place des mécanismes pour garantir que les entreprises de pays ayant conclu un accord avec l’UE n’ont pas recours au travail des enfants et au travail forcé. Ainsi, les produits fabriqués par une main-d’œuvre sous contrainte pourraient être bloqués aux frontières européennes grâce à l’instrument de bonne diligence. Cette nouvelle stratégie commerciale introduit également la durabilité sur le plan environnemental. La Commission propose que les futurs accords commerciaux soient conditionnés au respect de l’accord de Paris de 2015 sur le Climat soulignant qu’il s’agit d’une exigence faisant défaut à de précédents accords signés par l’Union européenne.

L’ambition de Bruxelles est de démontrer que le commerce est et restera un levier de croissance et que le libre-échange ne rime pas nécessairement avec des concessions sur le plan social ou environnemental.