Les agriculteurs mobilisés pour défendre leur métier

Environ 400 agriculteurs avec une centaine de tracteurs s’étaient donnés rendez-vous devant la préfecture de Châlons-en-Champagne.

Les agriculteurs réclament plus de reconnaissance pour leur profession ainsi qu’un « pacte de confiance ». Ils en appellent à l’État.

«Pas de pays sans paysans », « On vous nourrit mais on crève », « N’importons pas l’agriculture que l’on ne veut pas » étaient autant de mots d’ordre affichés en tête de tracteurs par les agriculteurs, dans le cortège qu’ils formaient le 8 octobre dernier suivant un appel national, lors du rassemblement devant la préfecture de Châlons-en-Champagne.

MANQUE DE CONSIDÉRATION

« Nous les jeunes, on en a marre de la déconsidération à laquelle on doit faire face tous les jours », insiste le président des Jeunes Agriculteurs Marne ( JA) Timothée Appert Collin. « Les agriculteurs sont des professionnels formés, il faut le montrer. Il faut que les idées viennent du terrain, il y en a de nombreuses », poursuit-il. Discours approuvé par Hervé Lapie, président de la FDSEA de la Marne. « On espère que change la vision du monde rural, on attend que le politique accompagne les projets de territoire, on attend une vraie ambition politique », soutient l’agriculteur. En ligne de mire, les traités de libre-échange notamment celui entre l’Union européenne et le Canada, le CETA et le souhait du gouvernement d’étendre les zones de non-traitement par pesticides. « L’agriculteur, il se réinvente chaque jour, on peut vouloir que tout le monde passe en bio, on arrivera ensuite à un appauvrissement et une uniformisation des sols. Quand on pulvérise du cuivre c’est une autre forme de traitement et parfois à des doses plus importantes que les produits que l’on utilise dans l’agriculture raisonnée », insiste Hervé Lapie.

« Dans ces cas là, il faut réfléchir aux modes de consommation, car composer avec les maladies naturelles des plantes, c’est se retrouver avec des récoltes entières non utilisables. C’est une perte pour l’agriculteur mais c’est aussi une perte pour le consommateur. »

ATTENTE DE MESURES FORTES

Privilégier les circuits courts, les produits locaux, telles sont les demandes des agriculteurs aujourd’hui, qui attendent de vraies mesures contraignantes. « On a fait une loi sur les états généraux de l’alimentation où on voit des charges arriver sur les exploitations agricoles alors que dans le même temps, dans la restauration à domicile, on importe 7 poulets sur 10. Il faudrait passer à au moins 3 sur 10. Tout ce qu’on a construit on est en train de le casser. » L’agribashing était aussi au centre des préoccupations, avec selon Hervé Lapie « une augmentation des attaques contre les agriculteurs », à coups d’intrusion dans les exploitations et destruction de matériel. « Quelle agriculture veut-on pour nos enfants demain ? Il faut redévelopper un pacte de confiance », aspire celui qui souhaite communiquer auprès des citoyens et renouer avec une image positive du métier. La prochaine échéance est fixée au 22 octobre, date à laquelle de nouvelles actions sont prévues si aucune réponse n’est apportée par le gouvernement d’ici là.