Président du CESER Grand Est, Patrick Tassin ne sera pas candidat à la Présidence du Conseil Economique, Social et Environnemental du Grand Est, remise en jeu en Janvier prochain. Cette annonce surprise, il l’a réservée aux membres de l’Assemblée consultative régionale, présents lors d’une séance plénière, la première depuis six mois, sous haute surveillance sanitaire. Ainsi s’en va ce militant de la société civile organisée qui a su tirer le CESER de son anonymat.
«Je ne serai pas candidat à la prochaine présidence du CESER, Conseil que je quitterai à la fin de l’année. La raison est simple : je suis membre du CESER depuis 1991 et j’estime que c’est assez long ». Ainsi s’exprime Patrick Tassin, Président sortant, dont la carrière de 29 ans au sein de l’Assemblée consultative régional peut se résumer ainsi : membre du CESER Champagne-Ardenne en 1991, Vice-président en 1995, Président élu et réélu en 2007 et 2011, puis Président du CESER Grand Est, élu en 2016 et réélu en 2019.
TOUT MANDAT A SES LIMITES
« Lorsque j’ai assuré ma première présidence, je pensais faire un maximum de quatre mandats de trois ans. À l’époque nous n’attendions pas l’avènement du Grand Est. En 2016, la construction d’un nouveau CESER, deux années durant, fut comme un défi. Mettre ce nouveau CESER sur ses rails m’a beaucoup intéressé. Bien des choses ont été mises en place et on devrait aboutir à la fin de cette année à des simplifications de procédures ».
Serein, Patrick Tassin explique : « J’arrête en estimant avoir fait le maximum dans cette construction et en phase avec l’idée qu’un mandat a ses limites. Aucun regret, même si je pense encore aujourd’hui que l’on aurait pu éviter la fusion des trois régions ».
UN PORTRAIT DU FUTUR PRÉSIDENT DU CESER GRAND EST ?
« Ce qui serait bien, c’est qu’une femme issue du 2e collège, celui des représentants des syndicats de salariés, soit élue. Quelqu’un qui saura représenter le CESER dans toutes ses composantes. Un profil rassembleur. Même quand certains avis de l’assemblée ne plaisent pas au Président ».
UN MANDAT CONSTRUCTIF ?
Faut-il imaginer la tristesse d’une fin de présidence ? Patrick Tassin s’en défend. « Non, pas du tout ! Cette décision est la mienne. J’ai l’impression que la charge assez lourde de la présidence va en faire réfléchir certains. J’ai été président à 100%, presque un luxe par rapport à ceux qui, dans cette perspective, seront obligés de sacrifier leur vie professionnelle. Président du CESER, c’est une tâche à temps plein. Je ne suis pas déçu d’avoir beaucoup donné dans une instance que je trouve extraordinaire. Dans d’autres assemblées, on s’étripe plus ou moins. Au CESER, on discute, on partage, sans systématiquement s’opposer aux élus du Conseil régional, mais certainement pas dans une attitude d’opposant. On bouscule, mais positivement ».
UNE SATISFACTION ?
« Je suis assez content que le Conseil régional ait mis en place l’évaluation des politiques publiques. Un rapport public devrait être présenté sur ce sujet avant la fin de l’année. Il pourrait concerner d’ailleurs le Business Act, avant, pendant et après sa mise en place. Je suis satisfait de ce que sont devenues les relations avec l’exécutif régional. Des élus assistent à nos plénières et nos présidents de commissions participent aux travaux des commissions du Conseil régional. De plus, la Région nous a donné les moyens de travailler ».
UN CESER ENFIN ÉCOUTÉ ?
« Même dans la précipitation, on peut, par exemple, retrouver un bon nombre de nos préconisations dans le Business Act du Grand Est. Ces derniers mois et tout au long du confinement, le CESER a été consulté, par la Région, comme par la Préfecture. Derrière les idées figure l’opérationnel, ce que nous avons qualifié de refondation avec des éléments plus opérationnels. Oui, nous sommes désormais mieux consultés, écoutés et sur bien des aspects suivis ».
UNE ATTEINTE À L’ÉGALITÉ DES TERRITOIRES
Un Président s’en va, une ombre apparaît. Le 1er janvier 2021, date de naissance de la CEA, la Collectivité Européenne d’Alsace. Une ombre sur le sourire quasi permanent du Président sortant. À propos de la future CEA, comment apprécier l’émanation d’un Conseil de Développement d’Alsace au sein de la nouvelle entité, un Conseil qui n’est pas sans rappeler les structures et les missions du CESER ?
« Ce Conseil est dans la loi de création de la Collectivité Européenne d’Alsace. C’est l’équivalent d’un CESER, mais celui-ci au service de la nouvelle Collectivité. La survivance des deux départements aux côtés d’une seule collectivité politique, cela pourrait être compliqué voire inquiétant. J’ai participé à la construction du Grand Est, avec aujourd’hui la sensation que, Collectivité Européenne d’Alsace oblige, rien n’est évident. La CEA n’allègera pas les tensions existantes. Certains Alsaciens ne se contenteront pas d’un tel statut. On a eu du mal à construire le Grand Est et tout d’un coup on voit arriver ce machin. On évoque de fortes inégalités territoriales, y compris dans le Grand Est et on donne à l’Alsace le territoire le plus puissant du Grand Est, des leviers supplémentaires ».
VA-T-ON VERS LA RECONSTRUCTION D’UNE RÉGION ALSACE ?
« La volonté du Gouvernement est de ne pas en arriver là. Mais n’est-il pas, ce Gouvernement, en train de donner du grain à moudre aux Alsaciens pour aller plus loin ».
ENFIN UNE PLÉNIÈRE EN PRÉSENTIEL ?
« Cette session plénière du CESER est effectivement, avec bien des précautions sanitaires, la première depuis six mois dans le Grand Est en présentiel . Les membres du CESER avaient besoin de se retrouver. C’est une expérience, avec un dispositif sanitaire mis en place par le Conseil régional et que nous partageons avec lui ».