L’entreprise Luzéal de Pauvres veut favoriser la biomasse

Le site de Pauvres de Luzéal termine le processus de transformation de la luzerne par la déshydratation en broyant, défibrant et chauffant le produit.

Directeur général du groupe Luzeal, Thierry Hammerel a dévoilé le projet biomasse de l’usine de déshydratation de luzerne de Pauvres (Ardennes), venant en substitution de l’énergie fossile.

Lauréate du plan France Relance suite à l’appel à projets BCIAT (Biomasse Chaleur Industrie Agriculture Tertiaire), l’entreprise Luzeal de Pauvres veut désormais produire de la chaleur à partir de biomasse spécialisée en déshydratation.

UN ENJEU STRATÉGIQUE

L’usine qui compte trois lignes de séchage de luzerne pour l’alimentation animale a donc décidé de faire évoluer le plus important de ses sites en investissant 250 000 euros dans la construction de deux bâtiments de stockage et dans un injecteur pour la troisième ligne. Avec l’objectif de remplacer 75% du charbon utilisé, d’ici 2024.

« Depuis quelques années et surtout 2019, nous avons modifié deux lignes et nos fours de production d’air chaud pour le séchage par l’installation de systèmes d’injection de biomasse. Ce qui nous permet d’utiliser cette matière organique comme combustible dans notre cycle de travail, en augmentant notre production », explique Thierry Hammerel, directeur général du groupe. « Avec le projet en cours, nous voulons poursuivre nos efforts de réduction de consommation d’énergie qui est un des premiers postes de charges de la coopérative. Depuis 2005, au niveau du groupe, nous avons déjà divisé par quatre notre consommation d’énergie fossile », indique-t-il. Passer à la biomasse permettra aussi à la principale entreprise française de déshydratation de luzerne (35% du marché) d’avoir de la visibilité sur ses coûts de production, d’accéder à une haute performance environnementale, de bénéficier de technologies éprouvées à haut rendement énergétique ainsi que de profiter d’une ressource de proximité disponible (sous-produits forestiers et produits bois en fin de vie, sous-produits agricoles ou industriels…) dans une logique d’économie circulaire.

« Pour arriver à cela, sachant que la biomasse est actuellement une énergie qui coûte plus chère que l’énergie fossile et qu’il nous faut aussi équiper nos sites d’équipements de stockage pour mettre la biomasse à l’abri de la pluie, l’objectif est de diminuer son surcoût. » Elle bénéficie en effet dans le cadre des Fonds « Chaleur » et « Décarbonation » d’une aide financière pouvant aller jusqu’à 310 000 € par an, afin de compenser les surcoûts liés à l’utilisation de la biomasse. Le procédé doit permettre au groupe et à ses cinq unités d’éviter l’émission de l’équivalent de 332 000 tonnes de CO2 par an, dues à la combustion d’énergie fossile. C’est pour cette raison que l’Etat a décidé d’accompagner Luzeal dans la mise en œuvre de ce nouveau dispositif favorisant la chaleur décarbonée.

L’Etat soutiendra ainsi Luzeal d’une façon inédite, en lui apportant durant quinze ans, une aide de référence qui sera indexée sur l’évolution du prix de marché des énergies et du carbone. Assurée de ce soutien, Luzeal s’est donc engagée dans la construction de deux bâtiments de stockage de la biomasse : l’un, déjà en cours d’installation, l’autre érigé en 2022. « On montera ainsi la consommations de plaquettes forestières à environ 40 000 tonnes par an sur le site ». Il s’agira d’une biomasse locale, puisque Luzeal s’approvisionnera dans un rayon de 100 kilomètres autour de son usine en se fournissant notamment auprès d’exploitations forestières comme « Forêts et bois de l’Est » et la Société Coopérative d’Intérêt Collectif « Argonne Bois Energie » de Sainte-Ménehould.

Rappelons que la coopérative ardennaise regroupe actuellement 70 salariés en campagne, 60 permanents à l’usine et une douzaine de saisonniers. L’entité produit des granulés, des balles de luzerne mais aussi des extraits concentrés de luzerne riches en protéines ainsi que des pulpes de betterave. Elle réalise aussi 120 000 tonnes de produits déshydratés par an en exploitant 6 500 à 7 000 hectares de luzerne. Le groupe emploie au total 290 salariés pour un chiffre d’affaires global de 65 M€ et exporte 50 % de sa production en Allemagne, Hollande, Belgique et Suisse mais aussi au Japon et au Moyen-Orient.