En cette période d’épisodes sanitaires sans précédent, la conjoncture nationale et internationale n’a jamais été aussi incertaine. Entre 2008 et 2016, l’emploi a reculé en Bourgogne Franche-Comté de l’ordre de 0,5 % par an, correspondant à 48.000 emplois de moins en huit ans. Dans ce contexte, mieux connaître la nature des emplois qui participent à la richesse de la région et savoir de quoi ces emplois dépendent, revêt un enjeu d’autant plus important. L’Insee nous aide à y voir plus claire.
Dans sa dernière publication l’Insee de Bourgogne Franche-Comté s’est employée à carractériser la nature des activités du territoire en fonction de leur dépendance à la demande locale et de exposition à la demande extérieure, consciente que : « selon que l’appareil productif d’un territoire dépend soit des emplois dits de proximité soit des emplois exposés à la demande extérieure, les enjeux pour les maintenir ne seront pas les mêmes », précise Moïse Mayo, directeur régional de l’Insee BFC. Certains emplois dépendent ainsi principalement de la demande locale exprimée par les consommateurs de la zone, et sont ainsi fortement liés aux évolutions démographiques. Les emplois dits de proximité sont liés à la demande locale. Avec près de 650.700 emplois, ils représentent ainsi 61 % de l’emploi total de la région en 2016. Ils répondent aux besoins courants, voire quotidiens, de la population et sont localisés près des consommateurs. Le nombre d’emplois dits de proximité d’un territoire dépend ainsi directement de la présence des habitants, qu’ils soient résidents ou de passage. Comme le souligne Mélanie Chassard, chef de projet à l’Insee BFC : « Au niveau régional, la population a très peu progressé entre 2008 et 2016 (+0,07 % par an), ce qui explique la quasi-stabilité du nombre d’emplois dits de proximité sur la même période. »
DES EMPLOIS RARES QUI FONT LA SPÉCIFICITÉ DU TERRITOIRE
Aux emplois dits de proximité s’ajoutent les emplois liés aux besoins moins courants des consommateurs locaux. Les activités liées à ces besoins dépendent également de la demande locale mais la demande extérieure commence à peser : c’est le cas des hôtels par exemple. Ces activités génèrent 208.300 emplois en Bourgogne Franche-Comté, soit 19 % de l’emploi total. Depuis 2008, ces activités ont été plus fragilisées.
Dans les grandes intercommunalités de Besançon, Nevers, Mâcon, Dijon, Pontarlier, Auxerre, Lons-le-Saunier et Vesoul, les emplois sont davantage dépendants de la demande émise localement. Les emplois dits de proximité y sont très présents, supérieurs ou égaux à 30 emplois pour 100 habitants.
Enfin, d’autres emplois dépendent plutôt de la demande extérieure, donc de l’activité économique nationale voire internationale. Ces derniers sont plus présents dans notre région que dans le reste de la France : « 1,5 point de plus, précise Mélanie Chassard. Ces emplois relèvent souvent des secteurs industriels ou agricoles mais le commerce de gros, de même que certaines branches des services sont également concernés ». La Bourgogne Franche-Comté compte ainsi 216.500 emplois dont l’activité est liée à la demande extérieure, soit 20 % de son emploi total. Ces activités qualifiées d’exposées sont les plus dépendantes du contexte économique. Elles sont sensibles aux variations de la demande nationale et mondiale, mais aussi à la concurrence des autres producteurs. Puisqu’elles ne répondent pas à une demande de consommation locale, elles sont susceptibles de s’exercer ailleurs, dans d’autres régions, voire dans d’autres pays. Parmi les activités dites exposées à la demande extérieure, certaines sont plus rares et sont souvent emblématiques des emplois d’un territoire. Ces activités rassemblent 76.400 emplois en Bourgogne Franche-Comté. Parmi elles, la construction de véhicules automobiles, la métallurgie, l’horlogerie, la culture de la vigne, la production de fromage, de condiments, le travail du bois, en sont sans doute les exemples les plus illustratifs de la région. C’est dans ces activités que l’emploi a le plus diminué entre 2008 et 2016 (-2,6 % par an). Et cette baisse est plus marquée qu’en moyenne en province (-2,1 % par an).
Enfin, certains territoires présentent une double exposition, à savoir une certaine dépendance à la demande locale et une dépendance, souvent un peu plus marquée à la demande extérieure. Les intercommunalités davantage isolées, loin de l’influence des grands pôles d’emplois sont les plus concernées. L’économie locale y est plus autocentrée et le nombre d’emplois dits de proximité proche de la valeur régionale, car les besoins quotidiens des consommateurs sont satisfaits localement. Parallèlement, l’appareil productif de ces territoires est tourné vers l’industrie ou l’agriculture. C’est notamment le cas des intercommunalités de Luxeuil, de Gray, de Montbéliard, de Poligny , de Beaune ou encore de Montbard. Ces zones sont à la fois des pôles d’équipement de proximité pour leurs habitants et ceux des territoires voisins et des pôles d’emplois très spécialisés. Se positionner sur des activités rares et tournées vers l’extérieur, notamment en termes de qualification des emplois, peut être une vraie opportunité, et l’ouverture vers des marchés extérieurs est aussi une source de richesse.