L’économie se mobilise face au Coronavirus

Face à une épidémie dont les conséquences économiques ne sont pas encore bien mesurables tant elles évoluent au jour le jour, le monde économique se mobilise.

De nombreux secteurs d’activité sont touchés par l’épidémie de Coronavirus et ses conséquences. Le point sur ses premiers effets et sur les mesures à prendre pour les entreprises.

Parmi les premières victimes économiques du Coronavirus figurent les métiers de l’hôtellerie, de la restauration et de l’événementiel. Les établissements font face à des annulations de masse, notamment pour les groupes et les réservations liées aux séminaires, compétitions sportives ou spectacles eux-mêmes annulés.

C’est le cas à l’Hôtel d’Angleterre de Châlons-en-Champagne. « Habituellement, au mois de mars, nous sommes à un taux de remplissage de l’hôtel de l’ordre de 50% à 55%. Aujourd’hui nous sommes à 10% de remplissage », expliquait le chef étoilé Jérôme Feck, propriétaire de l’établissement, quelques heures à peine avant la déclaration d’Emmanuel Macron. Au niveau du restaurant aussi, les annulations s’enchaînent. « Par exemple, nous avions une réservation pour un groupe de 80 personnes de la part d’une entreprise locale qui a été annulé la semaine dernière ». Un coup dur car après des mois de janvier et de février traditionnellement calmes dans l’hôtellerie, les professionnels comptent souvent sur mars et avril pour relancer progressivement l’activité. « Nous avons la chance de pouvoir compter sur une clientèle locale qui continue à venir au restaurant et à nous faire travailler », apprécie le chef qui fait le dos rond, avec quelques semaines seulement de trésorerie devant lui. « Nous allons rester ouverts et attendre que l’orage passe, garder le cap en espérant que cela ne s’éternise pas ».

Certaines salles de spectacles et établissements de restauration ont d’ores et déjà fermé leurs portes pour anticiper une baisse de fréquentation voire de trop nombreuses annulations. C’est le cas du restaurant la Grande Georgette à Reims ou des salles de spectacles comme le Millesium, la Cartonnerie, ou le Théâtre Louis-Jouvet de Rethel par exemple, contraints d’annuler toutes les représentations accueillant plus de 100 personnes.

À situation exceptionnelle, mesures adaptées au cas par cas, ont fait savoir les banques du Grand Est, qui ont souligné « leur engagement et leur mobilisation pour accompagner leurs clients dans ce contexte ». Elles ont participé le 10 mars dernier à une réunion organisée par la Région Grand Est pour coordonner l’action économique et financière face à l’épidémie, à l’issue de laquelle elles ont fait savoir qu’elles aideraient leurs clients à faire face. « Les banques seront à l’écoute et examineront avec attention les situations individuelles des TPE et PME impactées dans les secteurs exposés aux conséquences de cette crise sanitaire. Ils n’existe pas de recette commune : les banques rechercheront notamment au cas par cas les solutions adaptées aux besoins de financement court terme », explique Bruno Deletré, président du comité régional Grand Est de la Fédération Bancaire Française.

Face aux contraintes des entreprises , le monde économique se mobilise et le Tribunal de Commerce de Reims fait savoir que des mesures peuvent être prises dès l’apparition des premières difficultés. « Au-delà des mesures prises par les pouvoirs publics au secours des entreprises affaiblies par les conséquences du coronavirus, les acteurs économiques peuvent se placer sous la protection de la justice en demandant l’ouverture d’une procédure de prévention au tribunal de commerce lorsqu’ils relèvent de cette juridiction (sociétés, commerçants, artisans, auto-entrepreneurs) ou au tribunal judiciaire (professions libérales, associations) », rappelle Jean-Marie Soyer, président du tribunal de Commerce de Reims.

Les procédures telles que le mandat ad hoc et la conciliation sont des dispositifs amiables et confidentiels (c’est à dire qu’il n’y a pas de publicité de l’ouverture de la procédure) à l’initiative du chef d’entreprise. « Ces procédures complètent les diverses mesures déjà proposées par les pouvoirs publics en offrant à l’entreprise un cadre propice pour négocier avec l’ensemble de ses créanciers », souligne le président.

« Ainsi, un moratoire qui serait accordé pour les dettes fiscales et sociales peut alors être accompagné, dans le cadre d’une procédure de prévention, de mesures de restructuration de toutes les dettes de l’entreprise ».

Des procédures qui ont l’avantage de se dérouler sous l’égide d’un mandataire de justice, ce qui permet aux entrepreneurs de ne pas surmonter seuls leurs difficultés et de se placer sous le contrôle du juge. « Les juges des tribunaux de commerce sont des magistrats indépendants et surtout sont issus du monde économique, ils sont donc les plus à même d’appréhender la réalité des situations qui leur sont présentées », poursuit Jean-Marie Soyer, très attaché à la prévention et qui cherche dans la mesure du possible, à éviter aux entreprises le déclenchement d’une procédure collective. Une condition cependant, l’entreprise ne doit pas être en cessation de paiement. « L’ouverture de ces procédures est simple, il suffit de saisir le président du tribunal de commerce directement ou par l’intermédiaire du greffe du tribunal », ajoute Jean-Marie Soyer.

DES MESURES CONCRÈTES MISES EN PLACE
PAR LE MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE

Face à l’épidémie du Coronavirus COVID-19, le gouvernement a mis en place des mesures de soutien immédiates aux entreprises :

1. Des délais de paiement d’échéances sociales et/ou fiscales (URSSAF, impôts) ; 2. Dans les situations les plus difficiles, des remises d’impôts directs pouvant être décidées dans le cadre d’un examen individualisé des demandes ;

3. Un soutien de l’Etat et de la Banque de France (médiation du crédit) pour négocier avec sa banque un rééchelonnement des crédits bancaires ;

4. La mobilisation de Bpifrance pour garantir des lignes de trésorerie bancaires dont les entreprises pourraient avoir besoin à cause de l’épidémie ;

5. Le maintien de l’emploi dans les entreprises par le dispositif de chômage partiel simplifié et renforcé ;

6. L’appui au traitement d’un conflit avec des clients ou fournisseurs par le Médiateur des entreprises ;

7. La reconnaissance par l’Etat et les collectivités locales du Coronavirus comme un cas de force majeure pour leurs marchés publics.
En conséquence, pour tous les marchés publics d’Etat et des collectivités locales, les pénalités de retards ne seront pas appliquées.

Pour plus d’informations : www.economie.gouv.fr/coronavirus-soutien-entreprises