L’économie régionale résiste… encore

Stéphane Latouche

Stéphane Latouche, directeur régional de la Banque de France.

Selon les chiffres de décembre de la Banque de France, l’activité résiste bien en Occitanie, mais dans quelques secteurs clés, des clignotants se sont allumés…

Malgré la forte dégradation de l’environnement international, qui devrait conduire à un ralentissement « généralisé et synchrone » de la croissance mondiale (+3 % attendus contre +5,6 % l’an dernier), « La France résiste plutôt bien et l’Occitanie plutôt très bien ! », indiquait le mercredi 8 janvier à Toulouse Stéphane Latouche, directeur régional de la Banque de France, à l’occasion d’un point sur l’évolution de l’économie régionale à la lumière des dernières statistiques publiées par l’institution pour décembre.

Alors que les grands pays exportateurs, telle la Chine, l’Allemagne ou encore l’Italie, accusent plus sévèrement le coup d’une évolution du commerce mondial quasiment à l’arrêt, ses économistes anticipent une croissance en France de l’ordre de 1,3 % cette année, voire 1,4 % l’an prochain, « ce qui, dans ce contexte, n’est finalement pas si mal », assure Stéphane Latouche. Pour le directeur régional, il faut y voir l’effet « des réformes engagées depuis cinq ans qui améliorent la compétitivité de l’économie française ». « La consommation des ménages tient assez bien, ajoute-t-il, soutenue par le dynamisme de l’emploi. » L’économie française a créé 260 000 emplois nets l’an dernier, rappelle-t-il et un million sur quatre ans. « On constate ainsi la bonne tenue du pouvoir d’achat des ménages qui devrait progresser de 2,3 % en 2019, en raison, outre l’amélioration du marché de l’emploi, des hausses de salaires et des mesures prises suite à la crise des Gilets jaunes. Dans ce contexte, « l’Occitanie “surperforme” », assure

Stéphane Latouche, notamment son secteur industriel. Pour autant, note le directeur général, « des clignotants s’allument dans certains secteurs. Les carnets de commandes sont jugés positivement par les chefs d’entreprise que nous interrogeons, poursuit- il, mais ils se renouvellent moins rapidement du fait de la baisse de la demande mondiale. » Des difficultés sont ainsi signalées dans l’industrie du lait et des viandes, dans l’automobile, sous l’effet des bouleversements à l’œuvre dans le secteur, ainsi que dans le domaine des biens d’équipement professionnels. Dans le secteur des services, l’activité est « plutôt robuste », mais là aussi des clignotants se sont allumés, notamment dans l’activité des cafés, hôtels, restaurants. Préoccupant également est « le tassement enregistré dans les métiers de l’informatique ». Tandis que de leurs côtés le bâtiment et les travaux publics bénéficient d’un « contexte porteur ». « 2019 a été une bonne année, et 2020 devrait être correcte », ajoute Stéphane Latouche, mais compte tenu de la baisse constatée des demandes de permis de construire, le secteur anticipe un ralentissement pour la fin de l’année et 2021 ».

Le commerce de détail enregistre, lui, un net « repli des ventes », suite au mouvement des Gilets jaunes et aux grèves des dernières semaines conjugués aux modifications des habitudes de consommation, sachant que selon Stéphane Latouche, « les hypermarchés sont les plus affectés. »

La direction régionale de la Banque de France publiera le 13 février sa grande enquête de conjoncture annuelle, laquelle devrait donner de bonnes indications sur les perspectives de croissance et le moral des chefs d’entreprise pour les mois à venir. Pour Pascal Robert, chef de cabinet, chargé de mission à l’économie au sein de la Banque de France, il faut cependant s’attendre à « une grande prudence des dirigeants quant à leur estimation de l’évolution de leur chiffre d’affaires, de la rentabilité, des investissements et de l’emploi. »

La BF se modernise

La Banque de France est engagée dans un plan de modernisation dénommé Ambitions 2020 qui vise à améliorer à la fois l’efficience de l’institution, « c’est-à-dire coûter moins cher à la collectivité », reconnaît Stéphane Latouche, directeur régional de la Banque de France d’Occitanie, en même temps que la qualité des services délivrés, via notamment la digitalisation, ainsi que les conditions de travail. Ce plan se traduit par de lourds investissements notamment dans le domaine numérique, l’ambition étant de développer de nouveaux services sous forme dématérialisée. Une plateforme internet devrait ainsi voir le jour en fin d’année pour permettre aux personnes surendettées de saisir la commission de surendettement en ligne. En parallèle, de lourds investissements sont programmés dans le domaine immobilier notamment à Toulouse puisque la succursale devrait subir deux ans de travaux. Sept des 13 succursales de la région devraient quitter leurs locaux historiques (qui seront vendus) pour s’installer dans des locaux plus adaptés de « type agence bancaire », notamment celles de Cahors, Montauban, Auch, Tarbes, Foix, Mende et Carcassonne. Ce plan de modernisation prévoit en outre une nouvelle organisation du travail. «Nous créons des centres d’affaires, détaille Stéphane Latouche, deux pour le surendettement (l’un à Toulouse, l’autre à Montpellier, et cinq pour les entreprises, à Perpignan, Montpellier, Nîmes, Albi et Toulouse. »