L’économie haut-garonnaise durablement affectée

La Chambre de commerce et d’industrie de Toulouse publie une nouvelle enquête de conjoncture.

Après une année 2019 bien orientée, puisque le rythme de progression des chiffres d’affaires l’an dernier a atteint +4,2 % (pour mémoire il était de +2,4 % en 2018), 2020 s’annonçait également sous de bons auspices, les chefs d’entreprise tablant sur une croissance de +2,6 % des chiffres d’affaires et une poursuite des embauches sur un rythme supérieur à celui de 2019 (+3,8 %). « Accélération de l’activité », « demande bien orientée », « marges renforcées », « meilleure situation de trésorerie »… les chefs d’entreprise, interrogés par les services de la Chambre de commerce et d’industrie de Toulouse pour sa traditionnelle enquête de conjoncture annuelle, semblaient avoir les cartes bien en main et un avenir sinon radieux, du moins à peu près serein devant eux.

Hélas, depuis janvier, date à laquelle cette enquête a été menée, les projections de chiffres d’affaires et projets de recrutements ont volé en éclats. Le confinement décrété depuis le 16 mars dernier a mis à l’arrêt une bonne partie de l’économie française et la Haute-Garonne n’est évidemment pas épargnée.

De fait, trois mois et demi plus tard, après quatre semaines de confinement, « les trois quarts des entreprises accusent une baisse du chiffre d’affaires », indique la CCI de Toulouse au terme d’une nouvelle enquête menée du 26 mars au 6 avril auprès de 950 entreprises du départ ment. Qui plus est, le phénomène s’amplifie à l’horizon du deuxième trimestre, puisque « près de 90 % des entreprises seront impactées au terme du premier semestre », pronostique-t-elle.

Semaine après semaine, les baisses d’activité se creusent, « les entreprises accusant des pertes immédiates en moyenne de près de 60 % de leurs chiffres d’affaires sur l’ensemble de la période ».

Parmi les entreprises les plus touchées, un quart des structures déclarent des pertes supérieures à 75 % de leur chiffre d’affaires. Une sur 10 annonce avoir perdu l’intégralité de ses revenus. Plus globalement, selon la CCI de Toulouse, 56 % des entreprises voient potentiellement leur chiffre d’affaires divisé par deux voire plus.

À de rares exceptions près, tous les secteurs d’activité sont concernés par cette crise, certains comme les transports, les services aux particuliers ou l’hôtellerie-restauration anticipant au deuxième trimestre des pertes d’activité jusqu’à respectivement 71 %, 68 % et 66 %. La CCI de Toulouse se dit plus particulièrement inquiète pour les plus petites structures « pour lesquelles les pertes de chiffres d’affaires sont à la fois immédiates et en moyenne plus importantes. »

Nouveau sujet de préoccupation : les grandes entreprises, qui durant le premier trimestre ont été relativement épargnées, sont désormais elles aussi impactées et prévoient un recul de leur activité sur le semestre. Ce d’autant que les carnets de commandes sont jugés nettement insuffisants dans de nombreux secteurs, y compris dans les industries agroalimentaires.

Corollaire de ces baisses d’activité, des répercussions sur l’emploi sont à craindre. L’enquête de la CCI de Toulouse révèle que 31 % des entreprises haut-garonnaises pourraient réduire leurs effectifs salariés. Pour autant, près des deux tiers (63 %) des entreprises pensent solliciter l’aide de l’État dans le trimestre à venir en recourant notamment au chômage partiel. C’est, selon la CCI de Toulouse, de bon augure. Elle y voit en effet « un signal favorable pour envisager l’après-confinement et être en mesure de rebondir au plus vite dès le retour à une activité normale. »

Alors que 46 % des entreprises interrogées signalent des difficultés de trésorerie au premier trimestre (contre 20 % habituellement), un chiffre qui grimpe à 72 % des entreprises au deuxième trimestre, plus d’un dirigeant sur deux (54 %) est inquiet quant à l’avenir de son entreprise, un taux qui plafonne à 15 % en temps normal…