L’économie et l’emploi marquent le pas dans le Grand Est

Patrick Tassin, Président du CESER Grand Est et Michel Rudent, Président du GTS Conjoncture, présente la note de conjoncture 2017-2018. Photo: Gérard Delenclos.

Des créations d’entreprises plus significatives que les créations d’emplois, un fléchissement de l’intérim mais une baisse généralisée du chômage, le 10e tableau de bord économique du CESER Grand Est note un coup de frein de la croissance.

Malgré une baisse très importante des carnets de commandes depuis août 2018, les stocks restent stables. La note de conjoncture traduit ce niveau stable par une maîtrise de la part des chefs d’entreprise de la demande et de ses inflexions. Depuis 2013, la région enregistre une hausse de l’utilisation des capacités de production (77,3% en décembre 2018). On est cependant encore loin de la moyenne longue période (2006-2018) et plus loin du niveau (84,7%) d’avant la crise de 2007. Ici encore, la maîtrise des capacités de production absorbe les variations du niveau des carnets de commandes.

HAUSSE DE 14,7% DES CRÉATIONS

La note de conjoncture remarque une bonne évolution, dans les derniers 18 mois des créations d’entreprises. En 2018, les créations sont de l’ordre de 37 850. C’est une progression de 14,7% sur un an, légèrement inférieure à celle du niveau national (16,7%). Le poids des créations du Grand Est dans l’ensemble national est en baisse : 5,4% contre 7% en 2010. L’augmentation des créations est liée à celle des micro-entreprises (+20,7%) et à celle des entreprises individuelles (+9,2%). Le nombre de sociétés créées, par nature plus pérennes et moins conjoncturelles, augmente faiblement (+1,4%).

Les hausses de créations d’entreprises se retrouvent sur les dix départements de la région, avec plus ou moins d’ampleur. Sur les douze derniers mois, au 30 septembre 2018, la palme de la progression des créations revient à l’Aube (28,7%), devant la Meurthe-et-Moselle (27,1%) et la Meuse (22,1%). Cette progression est de 16,2% dans la Marne et de 8,5% en Haute-Marne, la plus faible progression se situe dans les Ardennes (2%). Le Bas-Rhin fournit le quart des créations régionales, deux fois plus que le département de la Marne.

HAUSSE RÉCENTE DES DÉFAILLANCES

Sur un an, le nombre de défaillances d’entreprises (4 000 redressements ou liquidations, soit 7,6% du total national), entre 2017 et 2018, est en baisse de 6%, un résultat meilleur que celui du niveau national (-4%). Cette baisse concerne six départements sur dix. Les quatre départements en hausse sont l’Aube (+18%), la Meuse (+16%), la Marne (+7%) et les Ardennes (+5%).

Cependant, depuis juillet 2018, ces défaillances d’entreprises sont en hausse pour la première fois depuis trois ans. Ces défaillances concernent majoritairement le secteur de l’industrie. Le Bas-Rhin pèse 23% des défaillances régionales. Depuis 2008, les courbes nationale et régionale de l’évolution des défaillances sont quasiment identiques.

L’EMPLOI RÉGIONAL EN STAGNATION

L’emploi dans le Grand Est n’a toujours pas retrouvé son niveau de 2010. Pour la première fois depuis trois ans, il n’a pas progressé au 4e trimestre 2018. Le Grand Est ne comptait en 2017 que deux zones d’emploi sur trente en régression, il en compte 12 en 2018, principalement en périphérie des grandes agglomérations et plus particulièrement à l’ouest de la région. Au total, 7 800 emplois (5,6% de l’ensemble national) ont été créés entre le 3e trimestre 2017 et le 3e trimestre 2018, contre 20 000 entre le 2e trimestre 2017 et le 2e trimestre 2018, soit une baisse de plus de 60%. L’industrie, seul secteur en recul, perd 2 500 emplois en 2018. L’ensemble des secteurs d’activité, hormis la construction, connaît une baisse de l’emploi au 3e trimestre 2018. Pour ce même trimestre, les services perdent 2 000 emplois, alors qu’ils progressent sur un an. Il en est de même pour le commerce (1 000 emplois perdus au 3e trimestre et une très légère hausse sur un an). Après huit années de baisse, la construction poursuit son lent redressement (+0,8% sur un an).

STABILISATION DE L’ INTÉRIM

En hausse depuis 2013 (+30 000 postes), le travail intérimaire marque un certain fléchissement (-1% sur un an). La tendance nationale est de +1%. Seuls les départements de l’Aube (+2%) et du Bas-Rhin (+5%) enregistrent des augmentations perceptibles. En 2018, la région compte 74 600 emplois en intérim, soit 8,9% du total national. Ces emplois se trouvent dans l’industrie (51%), le tertiaire (33%) et la construction (16%). La Marne est le seul département de la région à perdre des emplois intérimaires sur un an (-7%), comme sur le dernier trimestre (-2%).

BAISSE GÉNÉRALE DU CHÔMAGE

Le nombre de demandeurs d’emploi baisse dans toutes les catégories et dans tous les territoires, sur un trimestre (-1,2%) comme sur les 12 derniers mois (-2,1%). Le Grand Est compte à la fin de l’année dernière 456 8000 demandeurs d’emploi de catégories A, B et C, soit 8,1% du total national. Le nombre de chômeurs inscrits à Pôle Emploi baisse depuis cinq ans (-10 000 en 2018, dont 8 500 pour la seule catégorie A). Pour la première fois depuis dix ans, on observe une baisse significative des demandeurs de catégories B et C.

Sur un an, les baisses les plus importantes viennent de la Haute-Marne (-3,4%), de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle (-3%). La plus faible baisse est enregistrée dans la Marne (-0,4%), l’Aube et la Meuse (-1,3%). Le chômage des moins de 25 ans est en baisse de 0,7% dans le Grand Est, alors qu’il augmente de 2,3% en France métropolitaine. Si on assiste à un ralentissement en fin d’année, le chômage de longue durée progresse annuellement de 2,2% dans le Grand Est et de 5% en France métropolitaine.