Lilian VachonLe virus de la maladie

Passionné de culture et de patrimoine, mais surtout de sport, celui qui se serait bien vu journaliste sportif a finalement, dès ses premières semaines à Sciences Po, préféré embrasser une carrière dans la sécurité sociale.

Enfant de la côte (de Nuits), ses fonctions de cadre dirigeant de la sécurité sociale l’ont mené à faire le tour de la France. Après quatre années passées aux portes de la Côte-d’Or, à la direction de la Caisse primaire d’assurance maladie du Doubs, il vient de revenir dans son département d’origine en devenant directeur de la Cpam de Côte-d’Or.

C’est un véritable retour aux sources pour Lilian Vachon. Ce cadre dirigeant de la sécurité sociale revient dans sa Côte-d’Or natale après l’avoir quittée il y a plus de vingt ans pour intégrer l’École nationale supérieure de la sécurité sociale à Saint-Etienne, ville de cœur pour celui qui est né le jour des poteaux carrés où les Stéphanois se sont inclinés face au Bayern Munich à Glasgow en finale de la Coupe d’Europe.

À l’image de l’histoire de Victor Hugo à Besançon, Lilian Vachon est né à Chenôve mais n’y passera que trois jours sans jamais y retourner. Enfant de la côte, il a grandi sur la Route des grands crus, de Gevrey-Chambertin à Nuits-Saint-Georges, en passant par Fixin, avant de passer son adolescence à Beaune. « Du lycée Clos Maire où j’ai rencontré beaucoup de professeurs et noué des amitiés fortes et solides dont certaines perdurent encore aujourd’hui, je suis ensuite parti à Lyon pour faire mes études de sciences politiques, tout en revenant chaque été travailler pour l’office de tourisme », détaille notre homme. Ces quelques saisons estivales lui permettront d’enrichir ses connaissances de ce patrimoine culturel qu’il juge « d’une richesse rare ». « L’histoire de la Bourgogne regorge de points forts… Bien sûr, tout ce qui tourne autour du vin. N’oublions pas que ce sont les moines cisterciens qui sont à l’origine du vin de Bourgogne. Sans oublier la grandeur historique des Ducs de Bourgogne qui auront marqué le territoire. Le tout jalonné de personnalités locales reconnues comme Bossuet ou encore Buffon. » Ce dernier ne se cache pas, encore aujourd’hui, de s’émerveiller lorsqu’au détour d’un couloir en à la rencontre du maire de Dijon François Rebsamen il tombe sur les gisants : « Je trouve ça juste pleins d’émotions. C’est 700 ans d’histoire, tous ces pleurants magnifiques… ces personnalités ont, en tout cas au Moyen-âge, façonné la région dans laquelle nous nous trouvons et ont quelque part participé à la grandeur qu’on lui confère aujourd’hui partout dans le monde».

DU JOURNALISME AU SERVICE PUBLIC

L’actuel directeur de la Cpam de Côte-d’Or ne cache pas avoir intégré Sciences Po Lyon dans l’optique de travailler dans le journalisme, à l’origine. De piges en piges à l’antenne beaunoise du quotidien Le Bien Public, Lilian Vachon s’est spécialisé dans ce qui le passionnait, le sport. « Je suis finalement très rapidement tombé en admiration pour le service public que j’ai découvert dans ses particularités et ses spécificités, les enjeux qu’il représentait et l’importance qu’il constitue dans le pacte républicain français », confie-t-il. À partir de ce moment-là, le jeune étudiant issue d’une famille d’enseignants a totalement revu ses ambitions pour s’orienter sur les filières des services publics, avec l’objectif de pouvoir passer certains concours, notamment sociaux. C’est finalement l’année de la première victoire des Bleus à la Coupe du monde qu’il réussit le concours d’entrée à l’École nationale supérieure de la sécurité sociale, le menant, après ses deux années de service militaire, à Saint-Etienne pour apprendre tous les rouages de ce que sont les métiers d’agent de direction dans le monde très vaste de la sécurité sociale, allant des Caf aux Urssaf, en passant pas les Carsat, les MSA ou encore les Cpam. « À l’issue de cette formation, j’ai commencé dans le recouvrement à la sous-direction de l’Urssaf de l’Oise, à Beauvais en Picardie… Une première expérience professionnelle extrêmement riche dans ce territoire au tout début du Nord, aujourd’hui d’ailleurs dans les Hauts-de-France, où je me suis installé avec mon épouse et où nous avons eu nos deux premiers enfants, témoigne-t-il. Le plus étonnant, dans cette Picardie, c’est qu’on y tisse des liens affectifs très importants sans pour autant avoir besoin d’y être enraciné ».

L’ASSURANCE MALADIE PAR HASARD

C’est finalement en 2005 que Lilian Vachet rejoint l’Assurance maladie en intégrant la Caisse primaire d’assurance maladie (Cpam) de l’Ain, à Bourg-en-Bresse où naîtra son troisième enfant. « J’ai pour habitude de dire que je suis arrivé totalement par hasard dans l’Assurance maladie mais j’y suis resté par conviction, explique-t-il. On a tout un tas de possibilités d’évolutions professionnelles dans différents régimes et dans différentes branches. La maladie ne m’attirait pas plus que ça, à l’époque. J’y suis arrivé parce que la configuration familiale et géographique s’y prêtait bien ». S’en suit la valse des mutations. Après sept années comme directeur adjoint de la Cpam de l’Ain, il obtient son premier poste de directeur de plein exercice en Normandie, à Alençon, à la Cpam de l’Orne, avant de revenir en Bourgogne Franche-Comté au bout de quatre ans, à Besançon, à la Cpam du Doubs, où il restera cinq ans. « J’ai beaucoup aimé l’Orne, un petit territoire de la Normandie où on compte à peu près autant de pommiers que d’habitants, 300.000… Cette région est marquée par une histoire très forte ! Que ce soit durant la période médiévale avec Guillaume le Conquérant ou plus proche de nous, la seconde guerre mondiale et la bataille de Normandie… Souvent dans les organismes de sécurité sociale, on hisse les drapeaux français au moment des fêtes et commémorations nationales. J’étais encore en Normandie au moment du 70e anniversaire du débarquement et nous avions dressé les drapeaux de l’ensemble des pays libérateurs sur nos façades », se souvient-il. Alors référent fraude pour la région Normandie, il devient à son arrivée à Besançon référent pour le risque professionnel. Nommé depuis directeur de la Cpam de Côte-d’Or, il a rejoint Dijon depuis le 1er mai. « Je pense que j’avais fait un cycle assez complet dans le Doubs qu’il convenait de relancer dans un autre contexte qui me paraissait qualitativement très intéressant. Et cela me permettait aussi de revenir dans ma région d’origine qui, à ma mi-carrière professionnelle et pour quelques années, me semblait plutôt intéressant. » La sortie de crise sera son cheval de bataille pour les prochains mois. Optimiste de nature et au regard des indicateurs sanitaires qu’il côtoit tous les jours, Lilian Vachon confie faire aujourd’hui « le pari d’une sortie de crise pour l’automne avec un vrai retour à la réalité début 2022 ». « L’objectif principal et qui je pense préoccupe beaucoup de chefs d’entre- prise et la totalité des directeurs d’organisme, confie-t-il, est de déterminer comment écrire le monde professionnel de demain ». Le nouveau directeur de la Cpam de Côte-d’Or mise d’ailleurs beaucoup sur la reconsistution d’un collectif de travail « pour continuer à faire nos missions dans de bonnes conditions, dans ce nouveau monde marqué par la dématérialisation et une digitalisation importante de nos modes de fonctionnement et de nos relations professionnelles ».

Parcours

1976 Naissance, le 12 mai à Chenôve.
1990 Il arrive à Beaune et travaille les étés pour l’Office du tourisme.
1994 Lilian Vachon intègre Sciences Po Lyon.
2000 Entre à l’École nationale supérieure de la sécurité sociale à Saint-Etienne.
2005 Après une première expérience dans le recouvrement à l’Urssaf de l’Oise, Lilian Vachon intègre l’Assurance maladie à Bourg-en-Bresse (Ain).
2021 Directeur de la Cpam de l’Orne, puis du Doubs, il prend la direction de la Cpam de Côte-d’Or au 1er mai.