De l’univers du bâtiment à celui de la culture, il n’y a qu’un pas vous diront Christophe Guilbert et Pierre Azaïs, les fondateurs du café-théâtre le Violon dingue. Déterminés, passionnés, ils veulent redonner des couleurs au théâtre vivant et rendre la culture accessible à tous les Montalbanais, grâce au digital.
Vous vous posez sans doute la question, comment deux associés, hommes du bâtiment, aux commandes d’ADG Confort à Moissac, entreprise de plomberie, d’électricité et d’Ingeteg à Castelsarrasin, bureau d’étude thermique, se sont lancés dans le café-théâtre. La réponse coule de source : « il faut savoir saisir les opportunités. Lors d’une soirée avec un client au café-théâtre Défonce de Rire de Clermont-Ferrand, le déclic a été immédiat. C’est exactement le lieu qu’il manquait à Montauban » explique Pierre Azaïs. Entrepreneurs dans l’âme, passionnés de théâtre, ils sont très vite passés de l’idée à l’action en recherchant des locaux dans le centre de Montauban. « Avec du recul, j’avoue que c’était un pari un peu fou, dingue… D’où ce double jeu de mot sur le nom du café-théâtre », sourit-il.
Le duo a construit la salle de spectacle du Violon dingue au rez-de-chaussée du 3, rue d’Élie et aménagé l’appartement du premier étage pour recevoir les artistes. Le théâtre a ouvert les portes le 3 septembre 2020, un investissement estimé à 200 K€. « Des travaux financés en majeure partie sur fonds propres, grâce à nos entreprises, les banques ont été un peu frileuses sur cette opération, il faut le dire… », ajoute Pierre Azaïs.
NE PAS FAIRE LES CHOSES À MOITIÉ
Les premiers retours au théâtre sont très satisfaisants, les spectacles affichent complet. « En 2009, lorsque nous avons créé nos entreprises de chauffage, c’était la crise, tout le monde nous disait, vous êtes fous… Mais, on a réussi. On fait tout pour que ça fonctionne… »
Avec un réel appétit pour la culture, appartenant à une famille de musiciens, les deux associés ont fait le tour de plusieurs théâtres en France pour y prendre des conseils. « Nous nous sommes entourés de bonnes personnes, puisque nous ne sommes pas du métier. » Défonce de Rire à Clermont-Ferrand s’est occupé de la programmation et de la logistique. Allant même plus loin, le Violon dingue a produit une pièce : Surprends-moi chérie écrite par la montalbanaise Élise Ponti. Le théâtre a réuni des comédiens locaux tels que Romain Simancas, un des protégés des Chevaliers du Fiel. Stéphane Bonnet, directeur artistique est venu agrandir le staff il y a quelques mois. « Nous sommes devenus producteurs, c’était notre objectif initial », confie le cofondateur. Un barman et un serveur vont rejoindre l’équipe à la rentrée.
DIGITALISER LA CULTURE POUR LA RENDRE ACCESSIBLE
Une culture accessible financièrement et physiquement… À côté du théâtre, Pierre Azaïs et son épouse Christine ont créé l’association « Les 400 coups », avec pour objectif de promouvoir les arts sous toutes leurs formes.
« Nous voulons amener les résidents des Ephad, des IME (instituts médico-éducatifs) dans notre théâtre et investir dans le numérique. Nous souhaitons filmer également les spectacles en direct et les transmettre grâce aux casques de réalité virtuelle, ce qui permettra aux spectateurs d’interagir avec les comédiens. » Une expérimentation devrait être lancée prochainement avec l’association Les Super Héros et l’hôpital de Montauban.
Le théâtre va aussi acheter des gilets vibrants pour les sourds et malentendants afin de leur permettre d’écouter de la musique.
Pierre Azaïs et Christophe Guilbert tablent sur 400 K€ de chiffre d’affaires, estimant qu’il y a un potentiel énorme à Montauban, sachant que le théâtre peut recevoir 126 spectateurs. « Les comédiens ont beaucoup souffert ces derniers mois, ils ont besoin d’un lieu pour se produire, ce n’est pas du business pur et dur, c’est un écosystème, on crée du lien. »