Le toulousain AB7 ouvre son capital

Christophe Chelle, président d’AB7 Group, qui emploie 230 collaborateurs.

Le groupe familial lève 6M€ auprès d’Irdi Soridec Gestion et de Grand Sud Ouest Capital pour développer nouvelle gamme de médicaments antiparasitaires.

Le Covid-19 n’aura pas eu l’effet d’une tornade sur le groupe AB7, qui bien au contraire a maintenu la majorité de son activité. Le confinement aura même été propice à un nouveau tournant dans la vie du groupe familial, spécialiste de la chimie qui, fort de 35 M€ de chiffre d’affaires en 2019 dont 45% à l’export dans près de 35 pays, a ouvert son capital à Irdi Soridec Gestion et Grand Sud Ouest Capital, filiale des cinq Caisses régionales de Crédit Agricole du Sud-Ouest. « À l’issue de plusieurs années de croissance soutenue grâce notamment à des fonds propres, et d’un palier franchi en 2019 avec une augmentation de 70% de nos ventes, nous souhaitions consolider notre act vité. J’ai présenté à l’automne dernier un plan d’affaires à la société de gestion Irdi Soridec Gestion. La levée de fonds, à laquelle s’est associée Grand Sud Ouest Capital, a été finalisée pendant le confinement à hauteur 6 M€. C’est un tournant dans notre groupe familial fondé par mon père en 1971, même si son ouverture à un investisseur n’est pas une première », explique Christophe Chelle, président d’AB7 Group depuis 2011.

Les deux partenaires financiers vont ainsi permettre à l’entreprise de déployer son plan de croissance pour les prochaines années, avec entre autres, le développement d’une nouvelle gamme de médicaments antiparasitaires à l’horizon 2023. La R&D reste un de ses piliers de croissance majeurs qui représente près de 7% de son CA en 2019. « L’objectif est d’élaborer de nouvelles formules axées sur l’efficacité et la réduction de la toxicité pour l’environnement et les sujets ».

Installée en banlieue toulousaine depuis un demi-siècle, l’entreprise a connu une vraie succes story. Elle a d’abord, sous le nom de Setric, développé un produit de traitement des fosses septiques avant d’orienter son activité vers la recherche en biotechnologie et le développement de fermenteurs industriels. La création d’une société au Portugal, spécialisée dans le domaine de l’animalerie et des aquariums, accroit sa notoriété et propulse sa croissance notamment sur le marché français. L’entreprise s’engouffre alors dans l’aventure des médicaments vétérinaires pour les animaux de compagnie avec le rachat d’autorisation de produits et lance AB7 santé, activité devenue phare aujourd’hui. En 2001, la société change de braquet avec l’arrivée de la deuxième génération, suivie de la création d’une unité en Floride, dix ans plus tard, gérée par Philippe Chelle. Depuis les années 90, le groupe poursuit sa croissance sur deux activités, dont le développement de produits d’entretien (maison, jardin, piscine) commercialisés auprès des réseaux de bricolage en France avec sa gamme Ecogène – un marché qui représente un tiers de son chiffre d’affaires – et la santé humaine et animale au sein d’AB7 Santé qui ne cesse de croître depuis deux ans en Europe et aux États-Unis.

Le chiffre d’affaires d’AB7 Group a d’ailleurs bondi en un an passant de 21,5 M€ en 2018 à 36,5 M€ en 2019. L’entreprise a, en effet, remporté un marché mondial auprès d’un laboratoire vétérinaire figurant parmi les cinq leaders internationaux pour la fabrication d’une gamme de produits vétérinaires destinés au marché américain et européen. En parallèle, le groupe a débuté la commercialisation d’un collier antiparasitaire en polymères actifs, en collaboration avec un laboratoire espagnol, issu d’un pro- gramme de recherche collaboratif européen. « Après cinq ans de R&D, nous avons lancé le produit en Europe l’an dernier. Pour le marché américain, soumis à des règlementations différentes, une seconde version est sortie plus rapidement. Tandis que nous possédons le savoir-faire de fabrication, le laboratoire espagnol a planché sur le dossier d’autorisation de mise sur le marché », souligne le dirigeant. Le groupe a ainsi triplé ses ventes de produits vétérinaires aux États-Unis en 2019, frôlant 10 M$. « Le fait de collaborer avec des laboratoires sur les deux continents ouvrent des opportunités. La recherche représente 7 % de notre pôle santé ».

Ainsi pour soutenir son développement, le groupe envisage de doubler la surface du laboratoire de production vétérinaire à 6 000 m d’ici un an avec l’achat d’un terrain appartenant au Sicoval pour un coût de 3 M€ et investira 2,5 M€ dans de nouveaux équipements. Il a également a lancé, l’an dernier, une phase de restructuration interne. « Nous avons revu notre copie concernant l’activité opérationnelle, les RH et le service de qualité et créer un comité de direction, détaille le président. Nous avons également embauché une quarantaine de collaborateurs supplémentaires en France et une trentaine aux Etats-Unis, soit désormais 230 salariés, dont la majorité est basée au siège à Deyme ». Pour l’heure, malgré la crise sanitaire, le groupe maintient sa bonne santé financière, même si l’activité historique a subi une perte d’activité, et prévoit un chiffre d’affaires identique à 2019. Il produit par ailleurs 5 000 litres de gel hydroalcoolique par semaine et ne compte pas s’arrêter là.