Alors qu’il s’apprête à recevoir un PSG plus galactique que jamais, le président du Stade de Reims, Jean-Pierre Caillot, fait le point sur le début de saison de son club et sur ses ambitions post-Covid.
Pour les clubs de football professionnels, la saison 2020-2021 est sans doute celle dont les souvenirs nourriront peu de satisfactions, excepte pour les Lillois, sacrés champions de France au nez et à la barbe du Paris Saint-Germain. Crise sanitaire, absence de public dans les stades, crise des droits TV avec la défaillance de Mediapro, transferts en berne… la saison passée a été celle de tous les dangers et les clubs ont dû rivaliser d’imagination pour limiter la casse.
À ce jeu-là, le Stade de Reims, habitué à assurer une gestion rigoureuse, s’en est plutôt bien sorti. « Nous avions tablé sur un budget à 70 millions d’euros l’année dernière », rappelle le président Jean-Pierre Caillot. La particularité du football étant que le budget est connu uniquement à la fin de la saison, les droits TV étant payés en fin d’exercice selon le classement des équipes, tout comme les bonus éventuels sur les ventes des années précédentes. « Sur l’année 2020- 2021, nous avons eu un manque à gagner de 30 millions d’euros, entre les droits télé et l’absence de billetterie et d’hospitalités. Heureusement pour le club, nous avons développé un autre poste très dynamique depuis plusieurs années : le trading (vente de joueurs, NDLR). Grâce aux ventes de Disasi (à Monaco) et de Kamara (à Nice) en 2020, nous avons fini l’année avec un bilan équilibré ». Un exploit au regard de la situation globale du football et du bilan déficitaire (de plusieurs dizaines de millions parfois) de certains autres clubs.
UN BUDGET ÉQUILIBRÉ
Pour en arriver à un tel résultat, le président concède avoir connu « quelques nuits blanches » et a aussi réussi à négocier des économies conséquentes en interne. « Nous sommes le seul club en France à avoir obtenu 20% de baisse salariale de la part de nos collaborateurs », rappelle-t-il. Le Stade de Reims aborde donc cette saison avec davantage de certitudes. Changement de coach et arrivée d’Oscar Garcia (au riche vécu en tant que joueur, entraineur et formateur), choix de la jeunesse avec notamment la confiance accordée aux jeunes du club et le retour de plusieurs joueurs prêtés (Kebbal, Ekitike) et poursuite du recrutement à l’international… le club affirme son empreinte du côté du sportif.
La question des droits TV a de son côté été réglée (la Ligue a trouvé un accord avec un nouvel opérateur, Amazon) et les stades accueillent de nouveau les spectateurs. « On sait ce que nous allons toucher en matière de droits TV, même si ça sera beaucoup moins que prévu. Nous sommes revenus à une enveloppe proche du cycle précédant Mediapro. Pour boucler notre budget, il nous fallait réaliser entre 12 et 15 millions d’euros de vente de joueurs. C’est d’ores et déjà réalisé (avec la vente de Boulaye Dia à Villareal et le versement de plusieurs bonus sur des ventes antérieures, NDLR) ».
En effet, chaque année, le club peut aussi compter sur des bonus, qu’il a pris l’habitude d’inscrire dans les contrats des joueurs qu’il vend. Des montants qui sont fixés sur les transferts suivants ou sur les résultats des clubs acquéreurs. Ainsi, quand son ancien gardien, Edouard Mendy, désormais à Chelsea, remporte la Ligue des Champions en mai 2021 avec son club anglais, le Stade de Reims perçoit 420 000 euros de bonus.
« Cette année, nous tablons sur un budget estimé aux alentours de 60 millions d’euros, Académie incluse », souligne Jean-Pierre Caillot, qui rappelle que son club a déjà réglé 70% de ses transferts et que pour 2021-2022, 92% de ceux-ci sont déjà payés. Un côté vertueux dans ses règlements qui lui permet surtout de rassurer les vendeurs et de pouvoir ainsi obtenir des résultats plus rapidement dans les négociations de transferts dans les dernières heures des différents mercatos.
Président du collège des présidents de Ligue 1, le dirigeant rémois a été au cœur des négociations des droits télé qui a débouché sur le choix d’Amazon en juin dernier. Un contrat à 800 millions d’euros quand les droits des championnats voisins européens dépassent allègrement le milliard d’euros. « Nous avons des sommes qui sont notoirement basses », regrette le président qui, après la mésaventure Mediapro (l’opérateur sino-espagnol s’était subitement désengagé de son contrat en décembre 2020 après quelques mois seulement) n’a cette fois « aucun doute sur la solvabilité d’Amazon ». Il va surtout commencer à préparer le futur appel d’offres pour « valoriser au juste prix notre championnat ». Une Ligue 1 qui pourrait connaître un regain de notoriété à l’international avec l’arrivée de la star argentine Lionel Messi à Paris…
LE PARI DU PSG
Et justement, à quelques jours de recevoir le Paris Saint-Germain (dimanche 29 août), le président Caillot s’avoue satisfait de recevoir l’armada parisienne et peut-être d’avoir le plaisir de voir Lionel Messi fouler la pelouse du stade Auguste Delaune. « C’est une évolution de ma pensée. Il y a quelques années je déplorais que le PSG cassait le suspens en écrasant le championnat. Mais les faits m’ont donné tort avec la victoire d’une équipe comme Lille lors du dernier championnat. Il faut que nous ayons des locomotives dans notre économie qui a souffert du fait à la fois que les gens ont perdu l’habitude d’aller au stade et aussi des performances de nos équipes nationales ».
Conscient de l’écart qui sépare les deux effectifs, le Rémois l’avoue : « sur un match, le rêve est possible », se souvenant sans doute de la victoire 1-0 de ses joueurs sur le PSG de Zlatan Ibrahimovic, entraîné par Carlo Ancelotti et qui avait été l’occasion pour David Beckham de jouer pour la première fois en Ligue 1 à Delaune. « Nous allons battre notre record de billetterie en terme de chiffre d’affaires », assure Jean-Pierre Caillot dont les équipes ont été assaillies de demandes pour ce match qui se jouera évidemment à guichets fermés, avec plus de 21 000 personnes. « Ce genre d’affiche crédibilise mon discours selon lequel avoir un club de foot en Ligue 1 c’est une chance pour Reims et pour toute la région ». Si l’amateur de football qu’il est s’avoue ravi d’une telle rencontre, l’organisateur de spectacle reste attentif et soucieux que tout se déroule au mieux avec une telle affluence, inédite depuis près de deux ans. En tant que président, il s’inquiétera quant à lui davantage du score entre les deux équipes.
Au-delà de ce match de prestige, le dirigeant rémois affiche des objectifs nets et précis pour cette saison. «L’objectif numéro 1, même s’il n’est peut-être pas glamour, c’est que notre ville continue à avoir ses deux clubs, masculin et féminin, en Ligue 1. Notre volonté est de nous positionner dans ce que l’on considère comme étant la vraie place que peut occuper le Stade de Reims, avec ce qu’il peut drainer économiquement et en terme de public, à savoir entre la huitième et la quatorzième place. Mais comme nous sommes des compétiteurs, nous espérons toujours faire mieux. Et cela a été le cas sur deux de nos trois dernières saisons en Ligue 1 ».