Le secteur de l’immobilier n’a pas connu la crise

Me Thierry Bellet, président de la Chambre interdépartementale des notaires de la Cour d’appel de Reims.

S’il est bien un secteur d’activités qui a traversé l’an dernier la crise sanitaire sans trop d’encombre, c’est l’immobilier, comme l’a révélé le Forum immobilier de la Chambre interdépartementale des notaires de la Cour d’appel de Reims.

Me Thierry Bellet, président de la Chambre interdépartementale des notaires (Aube, Ardennes, Marne) n’a pas boudé son plaisir en présentant les statistiques immobilières de l’année écoulée. Et pour cause : elles montrent le dynamisme du marché dans une période qui était, par ailleurs, économiquement perturbée. Fondé sur les chiffres du fichier Perval, cette base de données propre à la profession qui permet d’établir région par région – quartier par quartier, même – des statistiques sur la valeur des biens immobiliers, lesdites statistiques font toutes apparaître une hausse des ventes des biens immobiliers allant de +3 à +8% (avec des pics jusqu’à 12 et 16 % par endroits).

Le volume de transactions 2020 apparaît donc comme relativement élevé (en dépit des périodes de confinements qui l’ont ralenti), et fait suite à une année 2019 qui était déjà exceptionnelles en termes de nombre de ventes.

DES ACQUÉREURS VENUS DE LA RÉGION PARISIENNE

Si les transactions se sont brutalement arrêtées en mars 2020, pour cause de 1er confinement, un phénomène de « rattrapage » s’est nettement fait jour dès le déconfinement. Les nouveaux acheteurs, souvent venus de la région parisienne, en quête d’un habitat plus confortable (maison de campagne, ou de ville avec jardin) tout en étant proche de la capitale et bien desservi, ont fait grimper les prix en raison d’un pouvoir d’achat supérieur aux acquéreurs locaux. Dans les trois départements, les principales villes (Charleville-Mézières, Troyes et sa périphérie, Reims, Epernay et Châlons-en-Champagne) tirent essentiellement le marché.

Dans les Ardennes, les Belges ont réinvesti dans le nord du département dès la fin du confinement. Dans l’Aube, une forte demande a été enregistrée sur le Pays d’Othe (proximité de la région parisienne). Dans la Marne, on note que 20 % des acquéreurs sont « extérieurs » au département et qu’au-delà de la recherche de résidences secondaires, une nouvelle forme de clientèle est en quête de biens destinés à l’oenotourisme (avec un attrait pour « la terre »).

PROGRESSION ENCORE ATTENDUE EN 2021

La tendance, qui s’est poursuivie sur le tout début de l’année 2021, est-elle appelée à durer plus avant ? Me Bellet assurait que la divination ne faisait pas partie des compétences de notaires. Ce qui peut surtout s’observer, c’est que la demande, aujourd’hui supérieure à l’offre, tend à épuiser les réserves de biens anciens. Ceci explique d’ailleurs la « fluidité » du marché, avec des transactions qui s’effectuent rapidement. En outre, il se dit que les taux d’intérêt, actuellement très bas, pourraient connaître une certaine croissance. Toutefois, les notaires des trois départements s’attendent encore à une progression en hausse des ventes de biens immobiliers pour l’année 2021.

ÉVOLUTION SUR UN AN DU PRIX DE VENTE MÉDIAN

• Des maisons anciennes dans :

– le Grand Est : 160 000 € / +3,2%
– les Ardennes : 108 000 € / +8%
– l’Aube : 131 000 € / +4,8%
– la Marne : 173 000 € / +2,9%

• Des appartements anciens dans

– le Grand Est : 1 900 €/m2 /+5,2%
– les Ardennes : 980 €/m2 / +3,8%
– l’Aube : 1 280 €/m2 /+ 5,1%
– la Marne : 1 990 €/m2 / +7,7%