Le Sac du Berger, vitrine du savoir-faire en Aveyron

Jean-Pierre Romiguier, aux commandes de l’atelier du Sac du Berger, labellisé depuis 2008 Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV).

Au milieu des bois, dans la vallée de la Sorgues, dans une ancienne bergerie, les ateliers de Jean-Pierre Romiguier tournent à plein régime. Le Sac du Berger emploie des celliers, maroquiniers, bottiers, couturiers… Preuve que le made in Aveyron a de beaux jours devant lui.

Jean-Pierre Romiguier est un enfant du pays né il y a 66 ans à Saint-Maurice-de-Sorgues, à quelques kilomètres de l’atelier qu’il occupe aujourd’hui avec son équipe de 10 personnes. Depuis plus de 40 ans, Jean-Pierre Romiguier coud… Il perpétue la tradition du sac du berger, le vrai, l’authentique. C’est beaucoup plus qu’un objet, « en le portant en bandoulière, comme les bergers, c’est toute la culture du pastoralisme transhumant que vous arborez, » explique Jean-Pierre Romiguier. Depuis 200 ans, ce sac est utilisé par les bergers de l’Aveyron jusqu’aux Cévennes.

TRAVAILLER COMME LES BOURRELIERS D’ANTAN

Le sac est adapté aux besoins du berger, sans fermeture pour plus de solidité. Le gardien de troupeau peut tenir une brebis blessée d’une main et plonger l’autre main dans le sac pour apporter les premiers secours. Il est aussi très apprécié des vignerons, « c’est le sac de l’homme en mouvement, ajoute Jean-Pierre Romiguier, nous en vendons 200 par an. Ils sont expédiés dans le monde entier. Les Japonais en sont très friands. »

Jean-Pierre Romiguier l’assure, ses sacs sont garantis à vie. Régionaliste convaincu, il ne travaille qu’avec des artisans locaux, il choisit ses cuirs à Rodez, Millau, Graulhet. Si le sac du berger marque le début de l’histoire, il a souhaité, au fil des années, développé une gamme de produits dans le même esprit : des petits objets en cuir, des vêtements en laine de brebis de Roquefort. « Nous avons la chance d’avoir la plus forte concentration de brebis de même race sur un territoire, la Lacaune. Sa laine est exceptionnelle », se réjouit Jean-Pierre Romiguier. Dans son réseau, l’atelier du Sac du Berger peut compter sur Éric Carlier de l’entreprise de tissage le Passe-Trame à Mazamet.

La filière maroquinerie du 100 % français semble ainsi avoir retrouvé ses couleurs. Hermès reprend des ateliers en France, Vuitton prévoit de recruter plus de 1 000 personnes d’ici à 2022.

SAVOIR-FAIRE ET SAVOIR S’ADAPTER

700 000 € de chiffre d’affaires… La recette du succès ? C’est savoir se diversifier tout en restant fidèle à son ADN. « Quand on fait une paire de chaussures, ce n’est pas du bricolage, » s’amuse Jean-Pierre Romiguier.

À 5 kilomètres de toute civilisation, l’atelier reçoit plus de 2000 visiteurs par an, des connaisseurs, des amoureux de la belle matière et du made in France. « On parle beaucoup du retour du local, ajoute Jean-Pierre Romiguier, mais nous ne sommes pas à la mode, nous sommes des témoins privilégiés de notre époque. Ça fait plus de 30 ans que nous fabriquons de la même manière. C’est cette carte de l’excellence que nous devons jouer. »

Le fondateur a gardé cette rigueur et ce côté pragmatique acquis à la campagne dans les années 70, c’est une fierté aveyronnaise.

Tandis que Jean-Pierre Romiguier passe doucement les rênes à Élodie Corvet-Biron, la directrice générale, l’entreprise recrute : maroquiniers, couturiers… Des Compagnons du Devoir vont venir se former dans les mois qui viennent. Peu importe la qualification, l’atelier du Sac du Berger, à l’image de ses sacs, a besoin de collaborateurs au caractère bien trempé, amoureux des beaux produits et du travail bien fait.