Le réseau des buralistes en pleine mutation

La signature de la convention à Toulouse a réuni Sophie Lejeune, secrétaire générale de la Confédération des Buralistes, Gérard Vidal, président de la fédération Midi-Pyrénées et de la Chambre syndicale de Haute-Garonne, Michel Lacroix, président de la commission commerce et services à la personne de la CCI Toulouse Haute-Garonne et Philippe Coy, président national de la Confédération des Buralistes. (Droits réservés)

Les buralistes se sont engagés dans un plan de transformation à grande échelle dont l’objectif est de passer du débitant de tabac à une nouvelle forme de commerce de proximité répondant aux multiples besoins locaux. À Toulouse, une convention vient d’être signée entre la CCI et la Confédération pour faciliter cette transition.

Avec la baisse des ventes de tabac et la désertification des centres-villes, le nombre de buralistes chute depuis plusieurs années dans l’Hexagone. Ils étaient près de 33 000 en 2002 contre 24 300 à fin mars 2019. Avec la hausse annoncée du prix du paquet de tabac à 10 € pour 2020, les buralistes craignent une nouvelle baisse des effectifs. Pour endiguer le mouvement, la profession cherche de nouveaux débouchés. C’est l’enjeu du Protocole d’accord sur la transformation du réseau des buralistes signé par Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes Publics et Philippe Coy, président de la Confédération des Buralistes en février 2018 pour la période 2018-2021. En application de ce plan d’action, une convention de partenariat a été signée le 12 février 2019 entre les réseaux des bureaux de tabac et celui des CCI visant à accompagner la transition du métier réglementé de vendeur de tabac et de jeux de hasard à celui de commerçant de proximité aux services diversifiés qu’il s’agisse de l’alimentaire ou de nouveaux services comme l’ouverture de compte bancaire, le retrait de colis ou la vente de billets de train. Son objectif est de permettre aux buralistes de réaliser, avec l’appui des experts des chambres de commerce et d’industrie, un audit global de leur activité.

Le 8 juillet à Toulouse Michel Lacroix, président de la commission commerce et services à la personne de la CCI Toulouse Haute-Garonne, représentant son président Philippe Robardey, et Philippe Coy, président national de la Confédération des Buralistes ont signé la déclinaison locale de cette convention de partenariat.

Elle engage la CCI de Toulouse et la chambre syndicale des buralistes notamment à collaborer en vue de faciliter l’accompagnement de buralistes dans la transformation de leurs métiers et particulièrement concernant les modalités pratiques de réalisation des audits obligatoires par les CCI. Les audits sont la première étape du projet du buraliste. Ils permettent de dresser la feuille de route de ce projet, pour lequel le buraliste sollicite l’aide à la transformation auprès des Douanes.

En effet, un fonds de transformation doté de 20M€ par an sur la période (soit 80 M€ sur quatre ans) a été mis en place sous forme d’aide : jusqu’à 30 % du montant du projet plafonné à 33 000 € HT par point de vente (jusqu’à 40 % dans certains cas). Pour en bénéficier, un audit préalable au dépôt de la demande d’aide est obligatoire. Cet audit est pris en charge à hauteur de 50 % si le buraliste ne donne pas suite, et 100 % si le projet est mené à son terme. L’audit est mené par la CCI de Toulouse. Il comprend trois étapes : un audit du point de vente, un audit de la zone de chalandise et la rédaction du rapport d’audit.

Services numériques, bancaires, billets de train…
Les buralistes cherchent à répondre aux nouveaux besoins de proximité des Français


À l’occasion d’un événement organisé par la chambre syndicale des buralistes de Meurthe-et-Moselle, le président de la Confédération des Buralistes Philippe Coy a donné une interview à notre confrère des Tablettes Lorraines. Extrait.

Votre confédération vient d’organiser fin juin à Pont-à-Mousson en Lorraine le premier salon entièrement centré sur la cigarette électronique, le signe d’une nécessaire diversification de votre secteur d’activité ?
C’est plus qu’une diversification aujourd’hui que les buralistes doivent engager, c’est une totale transformation. La vente de tabac demeure notre ADN mais force est de constater que le marché est plus que tendu aujourd’hui. Demain il sera tout simplement impossible de survivre en se basant uniquement sur la vente de ce produit. La recherche de nouveaux concepts, de nouveaux services est tout simplement vitale. Les buralistes se doivent de (re) devenir de véritables commerçants de proximité.

Pour se faire votre profession a lancé il y a un an et demi un vaste plan de transformation et d’accompagnement pour y parvenir, où en êtes-vous ?
Il est certain que tous nos adhérents ne sont pas dans la même dynamique. La grande majorité a compris la nécessité et surtout l’urgence d’écrire une nouvelle page. Aujourd’hui, 90 % de nos membres proposent par exemple des produits autour de la cigarette électronique à des degrés divers mais tout le monde s’y est mis. L’an passé, l’État a créé un fonds de transformation doté de 20 M€ par an sur quatre ans pour accompagner les buralistes dans leur changement nécessaire. Notre confédération accompagne pas à pas ses membres qui se doivent aujourd’hui d’engager cette démarche pour continuer à développer leur commerce.

Vous avez signé récemment plusieurs partenariats, notamment avec l’Association des maires de France ou encore avec la SNCF pour proposer de nouveaux services. Qu’attendez-vous de ces partenariats ?
Il s’agit de construire un nouveau modèle de commerce pour les buralistes répondant aux nouveaux besoins de proximité des Français. Le partenariat avec l’Association des maires de France permettra de renforcer et de maintenir des services de proximité. L’objectif est de proposer aux communes différents services (numérique, services bancaires, etc.) que nous pouvons apporter, notamment en zones rurales et périurbaines. C’est une façon de lutter contre cette fameuse fracture territoriale. Notre statut de buralistes nous confère un rôle de préposé à l’administration. Nous entendons (re)devenir le relais des administrations dans les territoires. C’est la même logique avec la SNCF où nous pouvons proposer la vente de billets dans les zones où la SNCF ne possède plus de guichets. L’ajout de ces différents services publics permet aux buralistes de se garantir un flux de clientèle.

Propos recueillis par Emmanuel Varrier – Les Tablettes Lorraines pour RésohebdoEco