Le recyclage du PSE en ordre de marche

En Occitanie, les sites de Colomiers et Vendargues du groupe Knauf sont équipés de broyeurs compacteurs en vue du recyclage du PSE.

Présent à Colomiers et Vendargues, le groupe Knauf lance un nouveau service sur l’ensemble du territoire national qui tend à recycler plusieurs centaines de tonnes de polystyrène expansé (PSE) et à accompagner les négociants en matériaux, entreprises du bâtiment, industriels, etc., à s’engager dans une démarche plus vertueuse.

Lutter contre le gaspillage, juguler le fléau de l’enfouissement ou de la mise en décharge du polystyrène expansé, largement utilisé dans le secteur du bâtiment, tel est le cheval de bataille du groupe familial Knauf, acteur majeur du bâtiment et de l’emballage – présent, avec 250 sites de production et sites de ventes, dans plus de 90 pays – qui a généré en 2019, 10 Mds€ de CA. C’est notamment au travers de ses deux filiales françaises, Knauf, spécialiste des solutions pour l’isolation phonique et thermique pour le bâtiment et producteur notamment de plaques de plâtre et de panneaux en polystyrène expansé, dont le site historique est basé à Colomiers depuis 1981, et Knauf Industries, qui conçoit et produit des solutions de packaging, emballage, isolation et protection à base de polystyrène pour industriels, notamment à Vendargues (34) depuis 2015 – que le leader de produits fabriqués à partir de polystyrène expansé (PSE) en France a lancé il y a un an, le service Knauf Circular. Après une phase de pilotage et une cinquantaine de conventions signées auprès notamment de négociants en matériaux dans le sud-est de l’Hexagone, le projet, qui s’est révélé fructueux, passe à la vitesse supérieure et vise l’ensemble du territoire national. À ce titre, près de 2M€ ont été injectés par le groupe afin de parachever les équipements de traitement du PSE de 18 sites industriels répartis sur l’Hexagone qui rentrent dans la boucle vertueuse de la collecte et du recyclage. « Ça fait déjà quelques années que nous recyclons le polystyrène, mais à petite échelle, avec nos clients distributeurs. Nous sommes aujourd’hui dans une phase de développement, avec l’objectif de démultiplier notre action. Nous sommes en capacité de recycler tout ce que le marché peut nous offrir. Nous espérons que tous les acteurs joueront le jeu », souligne Jérôme Astie, président de Knauf Industries Sud-Ouest. Objectif : recycler annuellement plusieurs centaines de tonnes de PSE.

L’usine Knauf de Colomiers, qui emploie 55 salariés, et le site de Vendargues, qui compte 20 collaborateurs, participent ainsi à cette démarche de valorisation du PSE. Des broyeurs compacteurs installés récemment dans ces deux unités du groupe, ont une capacité de recyclage annuelle de 300 tonnes de PSE, soit l’équivalent de 30 000 m2 de matière. À terme, les déchets collectés seront recyclés et valorisés en de nouveaux isolants pour le bâtiment ou des produits de la vie courante (pots de fleur, stylos).

NOUVELLES RÉGLEMENTATIONS ET DÉFIS ENVIRONNEMENTAUX

Les nouvelles réglementations relatives à la gestion des déchets et à l’économie circulaire ont accéléré la démarche déjà initiée par le groupe. En effet, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec), promulguée en février 2020, impose notamment le recyclage ainsi que la réduction de l’emploi du plastique vierge, avec l’objectif ambitieux de tendre vers 100 % de plastiques recyclés d’ici quatre ans. Autre réglementation qui se dessine à l’horizon 2022 : la mise en place d’une Responsabilité Élargie du Producteur ainsi qu’un système de taxes modulées en fonction de la performance environnementale d’un produit. « L’objectif est de prendre de l’avance face à ces réglementations et de répondre aux enjeux économiques et environnementaux. C’est un défi stratégique en termes de positionnement du PSE sur le marché par rapport à son empreinte environnementale dans les années futures », justifie de son côté Bruno Burger, responsable Pôle aménagement intérieur de Knauf.

Outre l’aspect réglementaire qui impose une transition verte et des changements radicaux pour les industriels, le groupe émet d’autres objections face à l’émergence du « plastic bashing ». « Nous avons effectué des analyses de cycle de vie de nos matériaux qui correspondent à des normes européennes passées sous crible de vérificateurs, et relever ainsi leurs points faibles et leurs points forts. Le polystyrène, qui au final ne doit pas rougir de son bilan carbone par rapport à d’autres matériaux jugés plus écologiques, est un matériau facilement recyclable dans nos cycles de fabrication. Malgré des investissements inéluctables et le défi d’organiser l’ensemble de la filière de collecte et de recyclage, le PSE représente une vraie opportunité. Notre ambition est d’intégrer le plus possible de matières issues de chutes de chantiers dans nos produits afin d’en réduire l’impact environnemental », assure Bruno Burger.

Ce qui signifie en parallèle accélérer la R & D, « qui devient un nouvel axe de travail » car des efforts restent à faire pour innover et réduire davantage l’utilisation de la matière vierge. « Le fait de disposer d’un plus grand gisement de PSE recyclé, nous offre plus de challenges à relever et d’opportunités. Par exemple, l’identification de la performance environnementale en cas de réemploi du PSE recyclé dans un produit », pointe-il.

UN SERVICE POUR TOUS LES ACTEURS DU BÂTIMENT

Afin que les chutes de production de chantiers trouvent une seconde vie et soient ainsi réemployées dans la composition de produits Knauf, le groupe opère la collecte sur les sites à travers la signature d’une convention qui comprend le transport, le centre de massification ou le tri, des éléments qui sont généralement des freins au recyclage du fait de leurs coûts exorbitants. Pour assurer la traçabilité, ce service délivre ensuite un bordereau de suivi des déchets.

Depuis le lancement de l’offre Knauf Circular en janvier, les demandes affluent, la division Knauf Sud représentant 30 % des contrats signés. Si le groupe reste discret sur les objectifs visés en termes de quantité de PSE recyclé en région, Jérôme Astie assure cependant que « des conventions sont actuellement signées tous les mois en Occitanie ». Une façon aussi de contribuer à la croissance du groupe.