L’Observatoire Prospectif des métiers et des qualifications dans les Transports et la Logistique constate un vieillissement des effectifs et déplore son manque d’attractivité.
La filière des transports et de la logistique est en croissance dans le Grand Est. En 2017, le nombre d’entreprises a cru de 2,8 % avec 3 212 employeurs et 2 449 établissements sans salarié. La branche compte ainsi 61 002 salariés (+1,6 %) dont 15 925 en Champagne- Ardenne (plus de 7 000 dans la Marne).
Le transport routier de marchandises concentre 53,2 % des effectifs de la filière régionale, devant les prestataires logistiques (14,3 %), le transport routier de voyageurs (11,5 %) et le transport sanitaire (9,7 %)… En toute logique, le métier le plus représenté est celui de conducteur (42 143 salariés), là aussi majoritairement dans les marchandises (30 790), devant le transport de voyageurs (5 866) et le sanitaire (5 488).
Avec 94 % de CDI et 64 % des salariés qui ont plus de quatre ans d’ancienneté dans la branche, le transport sait conserver ses salariés mais l’évolution sur dix ans témoigne d’un net vieillissement des effectifs en raison de la difficulté à attirer des jeunes. « La part des moins de 25 ans a été divisée par deux (de 8 à4%). Il y a un problème d’attractivité des formations et une problématique générationnelle avec la volonté de ne plus découcher et d’avoir des horaires fixes », explique Pierre Sempé, délégué régional de l’OPTL. Avec également des difficultés pour trouver des formateurs et pour financer les formations. L’insertion professionnelle y est pourtant jugée satisfaisante avec 58 % des jeunes en emploi après leur formation et même 38 % des jeunes embauchés en CDI dans leur entreprise.
A contrario, les plus de 50 ans sont désormais 37 % contre 19 % en 2007. Par secteur, la tendance est même plus forte dans le transport de voyageurs avec 7,6 % de 60-64 ans et même 6,3 % de plus de 65 ans. « L’âge moyen est donc de 44,8 ans, +4 ans par rapport à 2008 », ajoute-t-il.
Les enjeux de recrutement pour renouveler les effectifs sont donc importants alors que les perspectives sont bonnes. Globalement en 2018, la filière aurait recruté 1 327 salariés supplémentaires. L’OPTL prévoit ainsi une hausse des effectifs de conducteurs jusqu’en 2020, avec notamment une projection à 33 000 routiers (+ 2000 salariés) dans le Grand Est. « Et ce n’est pas demain que les camions seront autonomes, le métier ne va pas disparaître », assure le Lorrain Laurent Guoli, le président de l’OPTL en région.
Un métier encore très masculin
Sur le plan de la parité, les femmes ne constituent que 17 % des effectifs (9,7 % en conduite). « Le métier est pourtant de moins en moins physique, les véhicules sont plus confortables, il y a des aides pour le chargement… Conduire un camion est même plus facile que de devoir porter un patient dans le sanitaire », indique Pierre Sempé, le délégué régional de l’OPTL. En revanche, les femmes sont plus nombreuses parmi les cadres (9 % contre 5 %). La faible représentation des femmes ne va pas s’améliorer rapidement car leur part dans les effectifs des centres de formation a diminué, passant de 24% en 2006 à 11% en 2017.