Depuis 2018, les PME en-dessous de certains seuils n’ont plus l’obligation de publier un rapport de gestion. Pour Claude Saunal, associé Absoluce, toutes les entreprises ont pourtant intérêt à prendre le temps de rédiger ce document destiné à éclairer les comptes annuels avec le point de vue du ou des dirigeants.
Tous les ans, les entreprises établissent leurs comptes annuels. Le rapport de gestion est un document rédigé par le dirigeant, qui permet de commenter la situation financière de l’entreprise.
DES DOCUMENTS COMPTABLES RÉSERVÉS AUX « SACHANTS »
Les comptes annuels, établis à l’issue de chaque exercice comptable, qui comprennent le bilan, le compte de résultat et l’annexe, ne sont encore, pour beaucoup de personnes, qu’un amas de chiffres difficilement compréhensibles. Même les chefs d’entreprise de TPE ne sont pas tous capables d’expliquer clairement ce qui se cache derrière les lignes comptables de leur bilan.
LES CINQ BONNES RAISONS POUR ÉTABLIR UN RAPPORT DE GESTION
C’est dommage, car les comptes annuels sont le reflet de la situation économique de l’entreprise. Le rapport de gestion permet au dirigeant de les commenter. Voici les cinq bonnes raisons qui doivent l’inciter à prendre le temps de se pencher sur son élaboration :
• Le rapport de gestion permet de fournir des informations claires sur les chiffres. En faisant ressortir les chiffres clés, tels que le montant des ventes, des achats, le bénéfice ou la perte, la comparaison avec l’année précédente, le lecteur a tout de suite une idée précise de la situation de l’entreprise.
• Il permet au dirigeant d’apporter des éclairages complémentaires et des explications sur la situation de son entreprise. Il peut ainsi expliquer pourquoi la situation s’est améliorée, ou, à l’inverse, dégradée au cours de l’année passée.
• Il lui permet de rectifier ce que pourraient laisser penser les chiffres. Si, par exemple, la baisse de chiffre d’affaires est due à un arrêt maladie prolongé du meilleur commercial, ceci n’apparaîtra pas dans les chiffres. En l’expliquant, le lecteur comprendra que cela ne remet pas en cause la tendance de l’entreprise à la croissance, mais ne fait que la freiner. Autre exemple : une créance client de 50 K€ qui a été réglée huit jours après la clôture du bilan démontre, dans les faits, la réelle solvabilité de l’entreprise.
• Pour les TPE qui ne formalisent pas toujours leur stratégie, c’est l’occasion pour le dirigeant de se poser, d’analyser les constats de la situation passée, et de réfléchir aux objectifs de l’année à venir, de vérifier qu’il a les moyens de les atteindre, en capacités d’investissement, de recrutement ou autres.
• Ce document est essentiel pour les partenaires de l’entreprise qui consultent les comptes sans que le dirigeant le sache : un client ou un fournisseur potentiel, notamment, peut légitimement s’informer auprès du greffe sur la santé de l’entreprise avec laquelle il envisage de tisser des liens d’affaire. Les informations du rapport de gestion sont alors essentielles pour qu’il puisse se faire une opinion juste de la situation de son futur partenaire.
LA PREUVE D’UNE GESTION TRANSPARENTE
Depuis la loi du 10 août 2018 pour un État « au service d’une société de confiance », non seulement les EURL et les SASU sont dispensées d’établir un rapport de gestion, mais également les petites entreprises répondant à la définition européenne. Elles sont dispensées si elles ne dépassent pas deux des trois seuils suivants : total du bilan de 4 M€, chiffre d’affaires de 8 M€ et effectif moyen de 50 salariés. En revanche pour les assurances, les établissements financiers, les mutuelles, etc., cette obligation de publier un rapport de gestion est maintenue.