Validé en 2015, le projet du nouveau CHU avance à grands pas avec la livraison d’un premier bâtiment prévue pour fin 2023, dédié majoritairement à l’activité chirurgicale et correspondant à la première phase de travaux. Mais si les contours du projet étaient bien définis lors de cette validation, ils ont largement évolué à la lumière de la crise sanitaire.
Plus qu’un remodelage architectural, c’est un tout nouvel outil avec un parcours patient repensé, des espaces plus fonctionnels et du matériel modernisé qui entrera pour partie en fonction dès la fin 2023. Ce projet pharaonique du nouveau CHU comprenant au total trois phases distinctes nécessite un investissement total de 410 millions d’euros. L’objectif du nouveau CHU est bien de remodeler totalement l’organisation, dans le but de renforcer le travail en équipe, de créer de nouvelles synergies et d’accroître l’attractivité du Centre Hospitalier Universitaire auprès des jeunes professionnels.
TROIS PHASES
Dans le détail, la phase 1 est centrée sur la construction d’un premier bâtiment de 58 000 m2 dédié à l’activité chirurgicale et regroupant l’ensemble des composantes du plateau technique (bloc opératoire, imagerie et soins critiques : réanimation et soins intensifs), d’une capacité totale de 472 lits et places (avec un taux de 90% de chambres individuelles) et pour un montant de 224 millions d’euros. À ce sujet, la directrice de l’hôpital, Dominique de Wilde, indique : « Dans le projet initial, comme pour tous les hôpitaux de France, on nous demandait de réduire de 25% le nombre de lits dans notre établissement, soit l’équivalent de 200 lits en moins. » À la lumière de la crise sanitaire, ces objectifs ministériels sont « intenables ». « Aujourd’hui, avec le nouveau projet, on a réduit de 100 lits, mais on ne peut pas aller au-delà, sinon nous ne sommes plus un hôpital », insiste pour sa part le professeur Philippe Rieu, Président de la commission médicale de l’établissement.
La deuxième phase consiste, après la destruction de l’aile de chirurgie de Maison Blanche, à édifier un second bâtiment dédié aux activités médicales, d’une capacité de 334 lits et qui devrait voir le jour en 2026. Ce dernier est au centre de toutes les attentions, puisque, au contraire du projet de départ, la direction de l’hôpital souhaite également y introduire un service de chirurgie et de réanimation. « Nous avons demandé une augmentation du nombre de place de réanimation. Si nous les obtenons, cette augmentation de places s’accompagnera de recrutements supplémentaires de personnels », indique la directrice générale. Cette demande a été formulée auprès de l’ARS et du ministère de la Santé et après la constitution du Conseil national de l’investissement en santé. L’établissement attend une réponse « d’ici deux à trois mois ». Car avec la crise pandémique, de nouveaux besoins sont apparus : « Nous ne pouvons pas avoir qu’un seul site de blocs chirurgicaux, car si nous n’en avions eu qu’un, avec le Covid, nous ne pourrions plus opérer », soulève le Professeur Rieu. « Nous avons fait la demande de passer à 17 blocs plus 6. C’est une demande qui est toujours en cours. »
ADAPTATION ET MODULARITÉ
D’ailleurs les adaptations ne concernent pas uniquement le médical, mais aussi l’agencement des espaces. « La pandémie a modifié notre conception des hospitalisations en hôpital de jour, en intégrant la notion des gestes barrières et de la fluidité du parcours patient. Il faut en conséquence, que l’on revoit les choses avec plus d’espace », poursuit le Président de la commission médicale de l’établissement.
« Il faut regarder l’évolution démographique de la région dans l’avenir, c’est notamment là-dessus qu’est construite notre demande d’évolution capacitaire », insiste ainsi Dominique de Wilde. « Il faut savoir que nous avons un tiers de capacité de réanimation en moins que l’Alsace », note le Professeur Rieu.
Le projet prévoit ainsi l’adaptabilité dans le temps de l’outil hospitalier grâce au regroupement d’activités historiquement implantées sur plusieurs sites et au caractère modulable des nouvelles unités. « Nous allons avoir une organisation repensée avec un plateau technique, un hôpital de jour, un plateau de consultation. Les services seront regroupés par pôle, afin d’éviter au patient de changer d’endroits pour un même acte et de permettre aux professionnels impliqués, de communiquer plus facilement entre eux. »
Répondant au constat qu’un certain nombre de professionnels se détournent de l’hôpital public pour se diriger vers le privé, la Directrice rétorque : « Nous avons déjà attiré de nouveaux spécialistes ! » « Ce qui attire aujourd’hui, c’est une équipe, un projet, l’innovation, plus qu’une nouvelle table d’opération », souligne pour sa part le Professeur Rieu.
Cette synergie appelée des vœux du corps médical, devra aussi s’appliquer avec la médecine de ville, la baisse du nombre de lits impliquant un plus grand recours à l’ambulatoire. « C’est sûr que cela devra favoriser et renforcer les échanges avec la médecine de ville. L’augmentation de l’ambulatoire entraîne aussi une augmentation des consultations post-opératoires. »
Quant à la collaboration avec le privé, elle est, pour l’équipe à la tête du CHU, indispensable.
« Aujourd’hui, au vu des besoins de la population sur le territoire, il est nécessaire qu’il y ait le CHU et les cliniques privées. D’ailleurs, nous travaillons en collaboration avec elles.Il y avait déjà une collaboration médicale, à laquelle s’est ajoutée une collaboration institutionnelle », relève le Professeur Rieu.
Le projet s’inspire par ailleurs de ce qui se fait au niveau international, notamment de l’hôpital Karolinska en Suède, inauguré en 2018 à Solna, au nord de Stockholm. La phase 3 consistera ainsi en la destruction de l’hôpital Robert Debré et de l’aile de médecine de Maison Blanche, qui sera remplacée par des parkings et des espaces paysagers, à l’horizon, 2029.