Le programme Viliaprint se dessine en 3D

Le dernier prototype d’un mur béton en impression 3D a été réalisé dans les locaux de la société XtreeE le 4 avril, à Rungis. La vidéo est disponible sur la chaîne youtube de Plurial Novilia. (Droits réservés)

Plurial Novilia et ses partenaires ont mis au point un procédé de construction de mur béton en impression 3D. Le permis de construire vient d’être déposé et la technologie est en cours de certification, avant de débuter la construction de cinq maisons début 2020.

Les prototypes sont aujourd’hui satisfaisants pour Plurial Novilia : oui, il est bien possible de construire un mur béton en impression 3D. Mais pas avec n’importe quel béton et en travaillant de la même manière. Débuté depuis trois ans, le projet Viliaprint (près d’1,4 M€) se construit progressivement et il vient de franchir deux étapes importantes en dévoilant son architecture et en présentant un mur ondulé réalisé grâce à la fabrication additive.

« Nous avons décidé de nous investir dans cette nouvelle expérimentation et nous avons d’abord commencé par identifier les bons partenaires en France », rappelle Jérôme Florentin, directeur de la maîtrise d’ouvrage qui cite des projets comparables en Russie, Chine et aux États-Unis. Le programme Viliaprint a ainsi été dessiné par l’Agence Coste Architectures, il sera construit grâce à « un béton perfectionné » spécialement conçu par le cimentier Vicat et sera imprimé en 3D par la start-up XtreeE. « Nous travaillons aussi en partenariat avec Demathieu Bard Construction en tant qu’entreprise générale et avec Soprema pour ajouter une dimension développement durable avec des matériaux biosourcés et des toits végétalisés », liste- t-il. Le directeur de la maîtrise d’ouvrage annonce également une collaboration avec le lycée rémois Arago qui pourrait accueillir l’impression 3D des murs et va travailler sur l’utilisation du chanvre en tant que matériau isolant.

BEAUCOUP DE PROGRÈS RÉALISÉS GRÂCE AUX DIFFÉRENTS PROTOTYPES

Près d’un an après sa présentation, les progrès effectués ont été importants. « Nous avons réalisé plusieurs prototypes pour arriver au bon équilibre. Nous avons identifié les modes constructifs et nous savons à présent monter un mur de plus de deux mètres. Cela nous a aussi permis de comprendre qu’il vaut mieux construire le mur sur un site protégé que de le faire directement sur le chantier ». De quoi permettre de déposer le permis de construire le 5 avril et d’entrer dans la phase de certification par le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment), dont l’avis favorable doit permettre de débuter le chantier début 2020. Les travaux dureront dix mois pour une livraison de cinq maisons de plain-pied en location (un T3, 3 T4 et un T5) au sein de l’éco-quartier Réma’Vert, à Reims.

Mais, au-delà des éléments techniques, Viliaprint nécessite une autre méthodologie de construction : « On ne travaille plus de façon séquentielle. Nous avons créé une équipe projet avec nos partenaires pour intégrer les différents aspects ».

PLUS FLEXIBLE ET PLUS RAPIDE

Jérôme Florentin liste plusieurs avantages à cette innovation, à commencer par la possibilité de « libérer l’architecture » en s’éloignant de la standardisation et en permettant de réaliser des formes diverses comme des murs arrondis ou elliptiques sans surcoût. Sur le chantier en lui-même, la fabrication additive permet de « diminuer la pénibilité pour les maçons et d’augmenter la productivité ». L’impression de murs béton en 3D offre en effet un gain de temps majeur (près de quatre fois plus rapide) et elle peut s’effectuer pendant les fondations. La matière utilisée est aussi réduite (division par deux) en « imprimant que ce qui est nécessaire aux besoins structurels ».

En terme de coût, expérimentation oblige, le projet est aujourd’hui 30 % plus cher qu’une construction traditionnelle, mais les progrès sont là aussi encourageants. « Il y a un an, le coût était 2,5 fois plus cher que pour une maison classique. D’ici deux à trois ans, nous devrions être au même prix, avec l’objectif d’être plus compétitif à terme », annonce le directeur. L’impression 3D ne va donc pas devenir le seul mode de constructif du jour au lendemain : « Ce serait possible techniquement mais pas pertinent sur le plan économique, nous pensons qu’elle va devenir un bon complément pour certaines parties d’un projet ». Dans Viliaprint, le béton utilisé pour les murs sera ainsi complété par du bois pour les modules techniques (cuisine, salle de bain) et pour le toit : « L’idée est d’arriver à une construction mixte qui privilégie la bonne matière en fonction des besoins ».

Un projet récompensé et accompagné
Plurial Novilia a aussi remporté différents concours comme celui baptisé « Architecture de la transformation » de l’Union sociale pour l’habitat et de la Caisse des Dépôts qui lui a permis d’être incubé pendant dix mois. En novembre 2018, le bailleur a aussi reçu un Trophée de l’innovation de l’agence régionale Grand E-nov. Sans oublier l’aide du Fonds d’Action Logement qui contribue aussi à soutenir et financer ce projet. Dans sa démarche collaborative, le bailleur liste aussi la Fédération Française du Bâtiment (Marne et Grand Est), l’École des Ponts Paris-Tech, Socotec (inspection des bâtiments), le bureau d’études Sixense Necs et celui spécialisé dans les fluides ETNR comme partenaires techniques.

(Droits réservés)

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