Cet ancien membre de l’équipe de France de judo a, tout comme Rabelais, fait sien le proverbe latin mens sana in corpore sano : « un esprit sain dans un corps sain ». Jugez plutôt : il est à la fois docteur en sociologie, agrégé d’EPS, maître de conférences et vice-président de l’université de Franche-Comté, délégué à l’olympisme Génération 2024… Une liste loin d’être exhaustive.
La Charte olympique résume les valeurs de l’olympisme dans son préambule : « L’olympisme est une philosophie de vie, exaltant et combinant en un ensemble équilibré les qualités du corps, de la volonté et de l’esprit. Alliant le sport à la culture et à l’éducation, l’olympisme se veut créateur d’un style de vie fondé sur la joie dans l’effort, la valeur éducative du bon exemple, la responsabilité sociale et le respect des principes éthiques fondamentaux universels. ». S’il y a un homme qui, par son parcours, incarne pleinement ces quelques phrases, c’est bien Éric Monnin et ce bien avant sa récente nomination comme vice-président de l’université de Franche-Comté, délégué à l’olympisme 2024. « Chercher l’harmonie entre le corps et l’esprit a toujours été une volonté familiale forte. Issu d’un milieu ouvrier, mes parents ont très tôt voulu m’ouvrir au champ des possibles », témoigne le Bisontin.
L’AUTRE MÉDAILLE OLYMPIQUE
Ses années d’études se mêlent ainsi à la pratique des arts et du sport. Il s’essaie au dessin aux Beaux-Arts de Besançon, joue de la trompette et apprend le solfège au Conservatoire à rayonnement régional (CRR) du Grand Besançon, dont il sortira doublement diplômé en 1989 et 1991 en formation musicale et en trompette. Inscrit sur la liste ministérielle des athlètes de haut niveau, catégorie espoir national, dès 1985, Éric Monnin rejoint l’équipe de France junior de Judo de 1986 à1988, aux côtés de David Douillet et intègre l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep) à Paris. « À cette époque je n’avais pas encore 20 ans et je vivais une époque formidable. Le matin c’était les cours, l’après-midi je jouais en équipe de France et le soir ma trompette résonnait au théâtre sur Casse Noisette, le ballet-féerie de Piotr Ilitch Tchaïkovski ». Sous la bannière tricolore, il côtoie des grands nom de l’olympisme comme les judokas français Angelo Parisi et Thierry Rey. Un retour de flamme olympique qui le ramène à son voyage estival de 1984 en Grèce. « C’était
ma première rencontre avec cette cité historique berceau des Jeux Olympiques antiques. Mes déambulations dans Delphes et Olympie ont fortement résonné en moi, tant émotionnellement qu’intellectuellement. Mon parcours, la philosophie de vie familiale : tout prenait sens autour des valeurs olympiques ». Désireux d’agir pour promouvoir l’olympisme, soit l’idée d’une pratique sportive alliant culture et éducation, le jeune Éric entre en faculté de Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) et obtient son Capeps éducation physique et sportive en 1993. Alors qu’il est professeur d’EPS au collège Georges Politzer en Zone d’éducation prioritaire (ZEP) à Créteil, il fait la rencontre d’Otto Schantz. L’homme très impliqué au niveau des Jeux Olympiques, lui parle de l’Académie internationale olympique (AIO), basée sur l’ancien site d’Olympie en Grèce, qui, en tant que centre multi-culturel interdisciplinaire, a pour but d’étudier, d’enrichir et de promouvoir l’olympisme. En 1994, il obtient un poste de troisième cycle en philosophie antique, sport et humanisme à l’AIO et devient le seul Français, sur une vingtaine d’enseignants, à rejoindre cette prestigieuse institution. Sur place, il donnera de nombreuses conférences sur l’apport des JO dans la société. Suite à l’obtention de son doctorat en sociologie – intitulé L’olympisme : pratiques et représentations en milieu scolaire – et de l’agrégation, Éric Monnin est recruté en 2011 en tant que maître de conférences à l’université de Franche-Comté (UFC). Sa passion pour l’olympisme le conduit à organiser à plusieurs reprises des Semaines olympiques et paralympiques (SOP) en milieu scolaire et universitaire qui rassemblent à chaque fois un très grand nombre d’élèves. « Pierre de Coubertin estimait que le sport pouvait contribuer au développement harmonieux et équilibré du corps, du caractère et de l’esprit. À ce titre, l’association du sport à la culture est vivement encouragée par le Comité international olympique (CIO), notamment par les SOP qui permettent d’aller plus loin dans la pratique et la représentation de l’olympisme. Elles mobilisent la communauté éducative autour des valeurs citoyennes et sportives et permettent l’utilisation du sport comme outil pédagogique », défend Éric Monnin. Sa qualité d’historien du mouvement olympique l’amène à suivre les préparations des Jeux olympiques notamment en Australie, en Grèce, en Chine et en Corée du Sud. Il participe en tant que conférencier, en 2010 à Pékin, aux travaux de l’Union mondiale des villes olympiques (UMVO).
Un activisme qui, en 2012, se voit récompensé par le CIO. L’instance olympique lui décerne la médaille Pierre de Coubertin. Celle-ci lui est officiellement remise en août 2013, à Lausanne, par le président du CIO, Jacques Rogge. C’est actuellement le seul Français à détenir cette médaille qui vient récompenser l’ensemble de son travail destiné à la jeunesse (semaines olympiques, participation au camp de la jeunesse aux Jeux Olympiques en Australie et en Grèce notamment). C’est également sa qualité d’auteur de nombreux ouvrages sur l’olympisme et sa connaissance de la Corée du Sud, qui le conduit à être reçu, fin 2018, par le président Emmanuel Macron à l’occasion d’un dîner d’État en l’honneur de la visite du président coréen Moon Jae-In. Ambassadeur de la francophonie à Pyeongchang lors des derniers JO d’hiver, notre spécialiste avait écrit De Chamonix à PyeongChang. Un siècle d ’ olympisme en hiver, un livre préfacé par le président du CIO, Thomas Bach, et par le président d’honneur du CIO, Jacques Rogge, qui fut traduit en coréen et en russe. Éric Monnin participe également à l’étude d’opportunité sur une candidature olympique et paralympique de Paris 2024 puis au travaux de la candidature Paris 2024, sur la dimension éducation et intègre le comité scientifique du think tank Sport et Citoyenneté. Son travail à l’université de Franche-Comté apporte une résonance nationale et internationale à l’établissement bisontin qui cultive de longue date une appétence marquée pour l’olympisme. En octobre 2018, il est nommé vice-président de l’UFC, délégué à l’olympisme – génération 2024 : une première en France. Début décembre, on le retrouve à Tokyo pour promouvoir de possibles interactions entre les universités japonaises et françaises. Le 4 février 2019, à l’occasion du lancement de la SOP, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et le ministère des Sports ont décerné le label Génération 2024 à l’université de Franche-Comté pour son engage- ment en matière de promotion du sport et des valeurs olympiques. L’UFC fait ainsi partie des 24 premières universités labellisées Génération 2024 : une belle reconnaissance. « Nous avons su montrer notre fort particularisme. Le comité Paris 2024, nous a demandé un retour sur la manifestation. Il se montre intéressé par nos initiatives innovantes . L’UFC fait figure de laboratoire olympique au sens pratique du terme. Pour l’avenir nous ambitionnons de devenir le centre ressource français de l’olympisme ».