Pascal PirouelleLe plaisir de la transmission

Pascal Pirouelle

Après 22 ans de service au sein du 17e régiment du génie parachutiste de Montauban, ce spécialiste de la formation-prévention-sécurité au travail a réussi son retour dans la vie civile. Associé depuis 2016, il vient de créer son entreprise, Occitanie prévention.

Travailler dans le civil après deux décennies dans l’armée, ce n’est pas évident pour un militaire de carrière qui n’a connu quasiment que la vie du régiment. Mais Pascal Pirouelle a trouvé cela « tout naturel », d’autant qu’il exerce la même activité que lorsqu’il portait l’uniforme, la formation aux premiers secours et à la sécurité au travail. « Même si gérer une entreprise est un challenge, je n’ai pas rencontré de problèmes. » Sa toute jeune société, Occitanie prévention, basée à Montauban et lancée cet été, « marche trop bien » : sa structuration administrative n’est pas tout à fait finalisée parce que les contrats s’enchaînent à un rythme effréné. Un écueil qu’aimeraient bien rencontrer bon nombre de jeunes entrepreneurs.

Pascal Pirouelle, né en 1974 à Melun, n’avait pourtant pas la fibre de patron. Il ne savait même pas trop quoi faire, BEP et CAP électrotechnique en poche à 18 ans. « J’ai fait une scolarité moyenne, je n’avais pas le permis, je n’avais pas grand-chose en main et l’entrée dans la vie active n’a pas été évidente. Pour booster ce démarrage d’activité, je suis entré dans un bureau de recrutement de l’armée, j’ai vu ce que faisaient les paras et je me suis engagé au 17e régiment du génie parachutiste de Montauban. Je me suis dit “Génial ! Je vais partir dans le Sud, voyager et découvrir des choses”. »

Les débuts sont délicats. La vie militaire et son corollaire, la discipline, forment un style de vie très particulier. « Cela a été un électrochoc. J’étais un peu introverti, timide, mais cette école de la vie m’a permis de me révéler, de me dépasser. » L’idée pour le futur gérant d’Occitanie prévention, c’est d’acquérir des compétences. Et il va être servi. Le génie parachutiste assure des missions de soutien aux populations, depuis les activités de police jusqu’au rétablissement des infrastructures endommagées par la guerre. Le jeune homme originaire de la Seine-et-Marne se retrouve Casque bleu en Bosnie au milieu des années 1990. Il contribue notamment à remettre en état le réseau de gaz de Sarajevo.

Pendant une dizaine d’années, Pascal Pirouelle multiplie les fonctions : sapeur parachutiste, auxiliaire médical ou encore conducteur de véhicules de 22 tonnes. En 2005, on lui propose de devenir formateur aux premiers secours. « Cela a été une révélation. Le stage était assuré par des personnes qui n’étaient pas militaires. J’ai découvert le sens de la communication. Par la suite, j’ai beaucoup apprécié transmettre à l’aide d’outils pédagogiques. » Pascal Pirouelle a trouvé sa voie, il va l’exploiter à fond et multiplier les qualifications. En 2008, on lui confie les clés de la cellule secourisme du régiment en plus d’autres casquettes. « J’étais aussi sous-officier traitant et responsable d’un magasin de matériel nucléaire, biologique, chimique et incendie. »

Au début des années 2010, il progresse dans son domaine de prédilection et passe le brevet national des instructeurs de secourisme. Il devient formateur de formateurs, ce qui lui permet de sélectionner et préparer sa propre équipe pédagogique. Il siège au sein de jurys d’examens et rencontre des acteurs associatifs du civil, comme des membres de l’Association montalbanaise de sauvetage secourisme (AMSS) dont il deviendra le vice-président. En 2012, il prend les fonctions de conseiller incendie du régiment. « Cela m’a fait goûter à la prévention. Je me suis retrouvé à gérer la réglementation et l’implantation des dispositifs. Cela m’a amené vers la formation de sauveteur secouriste du travail (SST). »

En 2014, l’année de ses 40 ans, un poste lui passe sous le nez : celui de civil de la défense, une fonction de chargé de prévention au sein de l’armée mais avec un statut différent. Cela ne l’affecte pas trop mais plusieurs éléments vont le pousser peu à peu vers la retraite militaire. « J’aurais pu rester, mais je commençais à penser que c’était le bon moment pour profiter de mes acquis et me lancer dans la deuxième partie de carrière. Et puis des connaissances tout juste sorties de l’armée m’ont proposé de créer une structure avec elles. »

En 2016, c’est le grand saut. Pascal Pirouelle revient dans la vie civile, tout en s’engageant comme réserviste, et s’associe avec trois personnes au sein d’Humanimal, une société dont les membres œuvrent dans des secteurs sensiblement différents : premiers secours pour les entreprises et… pour les animaux. Ce n’est pas forcément l’idéal, notamment côté communication, mais c’est une transition en douceur pour le jeune retraité. Avec ses contacts dans le monde associatif et le carnet d’adresses établi pendant les formations qu’il a suivies, Pascal Pirouelle trouve rapidement des contrats. Cet été, trois ans après le début de cette nouvelle aventure, il décide de se séparer de ses cogérants pour monter sa propre société, Occitanie prévention, dont l’objet est de faire de la formation aux premiers secours et aux gestes et postures. « Le secourisme est bien entré dans les mœurs, mais les bonnes postures à adopter pour ne pas se faire mal notamment dans le BTP ne sont pas encore devenues un élément inclus naturellement dans la formation des entreprises. »

Six mois après le début de son activité, tous les voyants sont au vert : le jeune chef d’entreprise s’éclate dans son travail, lui qui adore la transmission des savoirs. Occitanie prévention tourne très bien, comme en témoigne son emploi du temps de ministre. Et de nouveaux projets prennent forme. « J’aimerais devenir formateur de formateurs en SST et former des référents formateurs dans les entreprises. » Le jeune homme de 20 ans, un peu paumé, qui cherchait au début des années 1990 à acquérir de nouvelles compétences en s’engageant dans l’armée, a réussi son pari. Il se retrouve à 45 ans avec un éventail pédagogique impressionnant et de grosses responsabilités.

Parcours

1974 Naissance à Melun (Seine-et-Marne)
1992 BEP et CAP électrotechnique en poche, premiers contacts difficiles avec le monde du travail
1994 À la recherche de nouvelles compétences, il s'engage dans l'armée au sein du 17e régiment du génie parachutiste de Montauban
2005 Après avoir exercé de nombreuses missions comme sapeur parachutiste, auxiliaire médical et enginiste, il devient formateur aux premiers secours
2008 Responsable de la cellule secourisme du régiment
2011 Valide le brevet national des instructeurs de secourisme (formateur de formateurs)
2012 Conseiller incendie du 17e RGP
2013 Devient formateur de sauveteur secouriste du travail
2016 Quitte l'armée et s'associe avec trois connaissances au sein d'Humanimal, où il fait de la formation, prévention et sécurité au travail
Été 2019 Lance Occitanie prévention