Le nouveau virage de la Tech : la diversité

Freepik

Défi du nouveau programme French Tech Tremplin : soutenir 10 à 18 porteurs de projets issus de la « diversité ». Les candidatures se clôturent le 15 septembre prochain.

Quel est le point commun entre côtoyer les grands du cinéma français et chapeauter la French Tech Toulouse ? L’opiniâtreté. Sandrine Jullien-Rouquié, créatrice de Ludilabel, une PME en croissance, et seule femme à la tête d’une des 13 capitales French Tech, a à cœur de superviser le nouveau programme baptisé French Tech Tremplin, dans la Ville rose avec le credo : fédérer l’écosystème, rendre les start-up visibles à l’international et en faire des scale-up. « L’objectif n’est pas seulement de brandir un fanion et d’atteindre les statistiques espérées par ce programme mais de pérenniser les nouvelles créations et de reconduire voir d’amplifier ce projet dans les années à venir ». Un regard positif sur cette décision nationale qui a emboîté le pas d’un premier dispositif manquant d’envergure, nommé French Tech Diversité, expérimenté en Ile- de-France et soutenant 35 start-up.

Tablant sur un budget global de 15 M€ pour deux ans, la French Tech a revu sa copie pour rompre l’homogénéité, démystifier l’écosystème et donner une chance aux éventuels talents qui ne rentraient pas dans les cases. Et c’est une première en France.

Alors que la gente masculine représente 90 % des startuppers, et que 71 % d’entre eux proviennent d’une grande école de commerce ou d’ingénieur, contre seulement 1 % d’autodidactes, ce nouveau programme ouvre la voie de l’entrepreneuriat aux habitants des quartiers prioritaires, aux bénéficiaires de minima sociaux, aux étudiants boursiers, aux réfugiés et aux porteurs de projets recommandés par un accélérateur partenaire de la French Tech. « La diversité est indispensable dans le milieu des entreprises. Si on met de côté une partie de la population qui est aussi consommatrice, on risque de priver le marché d’idées innovantes qui pourraient devenir de véritables business. L’intelligence collective est primordiale », explique la présidente qui se définit comme le porte-voix des 220 starturppers toulousains qui ont bien accueilli cette initiative. Cette dernière s’ajoute à celles déjà menées par le gouvernement qui tente de donner un nouveau visage à la Tech et promeut l’inclusion et la diversité avec notamment le déploiement de la Grande école du numérique.

La French Tech, qui entame sa cinquième année d’existence, devrait donc faire du bruit en misant sur l’accompagnement de 10 à 18 porteurs de projets dans chacune de ses capitales, lesquels bénéficieront d’un programme bien ficelé. « La première phase de six mois prévoit 17 K€ de subventions pour aider l’entrepreneur à lancer son idée, avec le soutien d’un mentor, des rencontres avec des investisseurs, l’intégration à une promotion et des ateliers pour développer des compétences. La deuxième phase qui prévoit un an d’incubation, permet d’obtenir une enveloppe de 30 K€ pour développer la start-up et profiter d’un suivi sur mesure. C’est inédit », détaille-t-elle. Les collectivités et les associations ont ainsi pour mission délicate de sourcer les porteurs de projets potentiels avant mi-septembre. « Ce qui va nous donner un peu de fil à retordre, c’est le recrutement des mentors car il faut que le binôme fonctionne et que l’un s’acculture à l’environnement de l’autre. D’ailleurs, deux semaines d’immersion sont prévues au sein de l’entreprise du mentor. »

L’abolition des barrières que rencontrent infailliblement les porteurs de projets issus de la « diversité » mais aussi les femmes, comme les difficultés d’accès au financement, un réseautage insuffisant, l’absence de référents et le phénomène d’autocensure, devrait donner une nouvelle impulsion à l’écosystème français, fort d’un tissu de plus de 10000 start-up; qui pourraient s’élever à plus de 13 000 d’ici 2022. Au total, les pépites françaises ont levé 2,7 Mds€ au premier semestre 2019, ce qui rapproche la France du statut de « Scale-up Nation ». Pour l’heure, d’autres chantiers sont en cours comme la parité – un défi que compte bien relever l’entité toulousaine –, la création de réunions métiers en fin d’année et d’un annuaire national en 2020.